C’est l’été ! L’heure des grands départs en vacances, oasis sucrée-salée et rafraîchissante après des mois d’inquiétude ou de stupéfaction, instants pénibles dont on ne pensait pas voir le bout. C’est l’été ! Le retour du soleil, des glaces, de l’odeur du monoï et de l’herbe fraîchement tondue, des bambins qui courent sur la plage et de leurs parents qui crient après, des blés jaunis par les ultra-violets, du bitume collant sous les tongs, des apéritifs anisés et des shorts de bain qui sentent le feu de bois, des voitures chargées et des attentes au péage, des putains de chassés-croisés…
On a tellement vite envie d’oublier cette année qu’on est tenté de se jeter à corps perdu dans cette saison, voulant à tout prix en profiter. Et pourtant n’oublions pas que les prés carrés ne verront personne danser cette année, que leurs graminées ne seront pas défrichées, transformées en tourbillons gazeux de poussières et de vibration sonore, animés par les mouvements humanoïdes et les sourires inconnus… N’oublions donc pas d’emmener avec nous, notre musique, qu’elle ne sente pas seule et délaissée, qu’elle continue de nous accompagner comme elle l’a fait dans les moments difficiles.
Elle aussi a le droit de se sentir en été, libérée. Elle veut sûrement être le chocolat dégoulinant se cachant tant bien que mal sous la chantilly pulpeuse de la gaufre, l’insupportable grain de sable niché dans le choco’, l’éclaboussure chlorée qui vient humidifier la serviette, l’interminable trajet qui mène à la crique, la petite goutte qui coule sur le menton lorsque l’on croque dans une pêche fraîche… Alors ne l’oublions pas, même si c’est l’été !
