Playlist Sound Protest de juillet – Transat.

image article Playlist Sound Protest de juillet – Transat.C’est les vacances paraît-il, ce bon vieux marronnier, cette pseudo-période entre « chassé-croisé » et « rentrée des classes », étourdie par la tension et le rabâchage médiatico-médical que l’on subit chaque matin. Le temps de quelques jours, quelques semaines pour certains, le droit au repos est accordé. On peut alors mettre en suspend, s’arracher, repousser cette insoutenable immédiateté qui définit notre quotidien et le monde actuel pour essayer de (re)devenir maître d’un royaume intérieur dont les fondations, murs et tourelles, ne paraissent que trop décaties.
On vous espère cette période agréable, amicale, franche, loin des embouteillages, des horaires inflexibles, des bruits d’aspirateur, des listes de courses et des transports en commun. De notre côté, nous nous loverons au creux d’un transat, la voûte plantaire affleurant le liquide turquoise et chloré, la vue cachée par un soleil de plomb et par la fumée déjà dense des grillades, les albums favoris en bande sonore mais aussi et surtout la réalité estompée, assommée à l’aide des meilleurs spiritueux et autres liquoreux.
Pourtant, nous le savons d’avance, ces « vacances » ne feront pas ressortir le meilleur de nous, notre quintessence, mais bien la part la plus cynique, la plus mensongère, celle qui fait semblant de s’adapter, de jouer le jeu. Nous sommes incapables de ne pas penser, de (re)trouver l’accalmie dans la tempête, face à cette masse incohérente d’opinions divergentes et de contresens. Excédés par ces amas de corps et de bouées crevées, masques usagées, mégots écrasés, de beignets à la pomme mi-croqués mi-abandonnés, festins des guêpes, banquet de charognes… Dans ce marais fétide, où les lois de toutes choses sont éternellement renversées, les murailles croulent, les eaux stagnantes, les tours flottent, les vaisseaux reposent immobiles, les malades se promènent, les médecins sont alités, les bains sont glacés, les maisons brûlantes, les vivants meurent de soif, les morts nagent, les voleurs veillent, le pouvoir dort…
Du fond de ce transat estival, nous essayerons peut-être de prendre du repos, mais le coeur souffrira de cet esprit trop agité, de ses pensées trop vives et noires, de ce regard braiseux. Nous resterons en veille, observant avec un détachement amusé, un rictus agaçant, la décadence de ce cirque grouillant et pitoyable que certains osent encore nommer l’Empire des Hommes. Enfin, c’est les vacances…

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