[ Chronique ] REVENGE – Strike.Smother.Dehumanize ( Season Of Mist )

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Que dire d’un groupe comme REVENGE ? Hormis qu’il est un témoin ou un fleuron de son style, un indéboulonnable monolithe, ultra-traditionnel d’un black-death violent, sauvage et cru. La définition presque parfaite du terme « raw » en fait. En tout cas, cela fait quand même deux décennies et maintenant six albums que les Canadiens peignent le monde en noir et blanc, sans nuances, saccageant fièrement passé, présent et avenir, avec cette volonté impitoyable de ruiner tout ce qui se trouve sur leur chemin. Et on peut dire que cela leur réussit plutôt bien puisque leur public reste tout aussi fervent et dévoué que le sont leurs détracteurs. REVENGE de par son élitisme musical a donc ce don de polariser : l’initié tombera quasiment en adoration, là où les autres considèreront tout cela comme une vulgaire mascarade, voire un racket. Comme toutes les pratiques dites extrêmes, on en est passionné ou on en est écoeuré mais on est, par la force des choses, obligé d’y réagir.

Finalement, j’ai donc jeté une oreille au combien attentive sur ce nouvel opus baptisé « Strike.Smother.Dehumanize ». « À ma grande surprise », ce n’est pas l’album de la maturité, ce n’est d’ailleurs pas non plus l’album du changement puisqu’il reprend exactement là où s’était terminé « Behold.Total.Rejection » en 2015, c’est à dire dans une infâme bouillie saturée rapidement avalée puis rendue. On va la faire rapide : si vous n’aimiez pas avant, vous n’aimerez toujours pas maintenant, alors passez votre chemin.

L’approche sauvage, le manque de variation, les aboiements et la production brute, la débauche d’énergie, tout est là pour faire un nouvel album qui se décline en trois mots à la signification hautement haineuse. Mais quoiqu’il en soit, je ne peux pas dire que ce côté indéfectible et jusqu’au-boutiste, « art total », ne m’attire pas. Cette intensité constante, ces morceaux matraqués sans relâche, sans aucune mélodie, sans atmosphère, finissent par me mettre mal à l’aise ( et c’est sûrement là le but ultime ). Il y a vraiment un côté inhumain derrière REVENGE et c’est peut-être cela qui m’intrigue.

De plus, je trouve qu’il y a, sur ce dernier album, un gros effort sur la production. Attention ! Le son reste franchement « dégueulasse », vivi-sectionné au possible, mais on a un meilleur équilibre des différents éléments, un bon mix en somme et le tout en ressort grandi, audible, surtout si l’on vise une écoute intensive et assidue. L’urgence, l’intensité, le chaos et le dégoût de la race humaine transpirent de chaque foutu riffs, de chaque solos dissonants, de chaque grognements vicelards. Le reste n’est que douleur et carnage perpétuel. Côté composition, on sent plus que jamais les influences grindcore notamment sur les morceaux les plus courts. Mais c’est surtout sur de très bons mid-tempos qui viennent presque aérer l’oeuvre que mon attention s’est focalisée. Ces passages ne font que rendre encore plus percutants les assauts frénétiques dont le groupe a l’habitude.

Après, que vous dire de plus ? Que REVENGE fait du REVENGE ? Que le groupe propose un abus auditif en règle, un truc brut et indigeste que vous allez sûrement détester ? « Strike.Smother.Dehumanize » est tout ça en effet et il est aussi simplement la continuité quasi-parfaite puisque je-m’en-foutiste d’un groupe extrême, nihiliste et inaccessible ( parfois même au plus ouverts et aux plus téméraires ). Pour la démarche, je dis : respect.

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