[ Chronique ] …AND OCEANS – Cosmic World Mother ( Season Of Mist )

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« La Finlande est le pays qui compte le plus de groupe de metal par habitant ». Ça, c’est la « légende » que tout bon fan de musique lourde connaît. Il y a toujours une part de réel dans une légende et force est de constater que ces paysages glacés, d’Helsinki à Tampere, sont devenus une sorte de terre promise pour la musique amplifiée,  rassemblant sûrement la plus grande diversité et la plus grande variété de groupes dont de très nombreux sont désormais devenus des références en Europe et dans le monde. De CHILDREN OF BODOM en passant par MOONSORROW, SONATA ARCTICA, KORPIKLAANI, NIGHTWISH et même LORDI ( qui s’était octroyé une victoire à l’Eurovision ), on peut dire que le metal est plus que bien représenté, il est même ancré dans culture populaire suomi. De notre côté, nous ne pouvons donc pas y échapper : une belle partie des entités que nous suivons ou que nous chroniquons sont également originaire de la région. Il y a quelques semaines nous vous parlions déjà d’ORANSSI PAZUZU ( cf. notre chronique ), hier de ENSIFERUM et aujourd’hui c’est pour un groupe qui sort son premier album depuis dix-sept longues années : …AND OCEANS.

Je me rappelle de …AND OCEANS comme un combo particulier, vendu au départ comme un simple groupe de black metal issu de la frange symphonique popularisé à la fin des années 90 par les CRADLE OF FILTH et autres DIMMU BORGIR. Pourtant, il est dans mes souvenirs ( en tout cas ) bien plus. Il est un groupe qui pratique certes un metal noir mais avec toutes sortes d’expérimentations, que ce soit dans les ambiances, dans l’utilisation des effets et des nappes synthétiques comme dans ses concepts lyriques et dans sa manière personnelle d’aborder le genre. C’est d’ailleurs peut-être ça qui m’avait fait tiquer et apprécier le groupe à l’époque : cette volonté de se démarquer de la meute.

Toujours est il que je garde d’excellents souvenirs de mes écoutes de « The Symmetry Of I, The Circle Of O » ou de « A.M.G.O.D. », dont je me rappelle encore les envolées épiques et les incartades industrielles. J’avoue par contre être passé totalement à côté de « Cypher », leur dernier album et encore plus de l’entité HAVOC UNIT, ce changement de nom et mutation artistique opérés en 2005… C’est donc avec un esprit profondément rétrograde et un certain degré d’attente voire d’excitation que j’ai attendu puis écouté ce « Cosmic World Mother ».

L’album ne s’encombre pas d’introduction, va droit au but avec un black metal symphonique dense et complexe, difficile à cerner au départ. La production est résolument moderne, puissante mais fait perdre en authenticité. J’ai du mal à retrouver la patte …AND OCEANS et c’est bien dommage après dix-sept ans d’attente. Déjà, la première chose qui ne va pas c’est l’arrivée d’un nouveau chanteur en la personne de Mathias Lillmåns de FINNTROLL qui tranche complètement avec ce que faisait le créatif Kena Strömsholm, le chanteur initial du groupe. Lillmåns a une voix puissante, rauque mais qui ne colle pas avec l’univers et qui rend l’ensemble trop linéaire selon moi.

Pour le reste, la composition est très bonne, l’album est loin d’être mauvais, il est intense, technique et épique. Il est tout ce que l’on attend d’un bon album de black sympho’ mais il ne cristallise pas l’attention comme il le faisait auparavant, n’offrant qu’une copie moderne et un peu terne de ce qui s’est fait dans les années 90 en black symphonique mais sans cette touche si particulière, sans ce grain de folie que j’aimais chez les Finlandais.

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Tant est si bien que je suis un peu perdu, je ne sais si je dois aimer, être dans la retenue, tout envoyer balader, m’agacer, ou être indulgent et peut-être attendre la suite. Heureusement, la deuxième moitié de l’album ( à partir du morceau éponyme ) semble plus clémente envers mes attentes. Moins dans le matraquage obscur et compact, on retrouve un …AND OCEANS tout aussi touffu mais avec des respirations, des élans plus électroniques, des nappes épico-héroïques et des changements de rythme. C’est assez déroutant cette impression d’avoir presque deux albums distincts, deux compositions différentes, l’une terne et recyclée, l’autre plus enlevée et inspirée, plus onirique.

Ce changement de ton confère une aura bizarre à l’album, un peu comme si au gré de sa composition, le groupe s’était (r)éveillé, s’était ré-accordé, avait redécouvert ce qu’il était, ce qu’il avait été et ce qu’il pouvait encore être. C’est en tout cas ce que j’ai eu l’impression de comprendre, de ressentir dans des titres comme « One of Light, One of Soil », « The Flickering Lights » ou « Cosmic World Mother ».  

Au lieu de conserver son originalité et de la coupler à son expérience, le groupe a choisi, au départ, d’opérer un retour en arrière mais de nous offrir un album extrêmement classique si ce n’est convenu. Puis dans un second temps, nous avons eu quelques éclairages distincts et de belles épopées qui me laisse tout de même un goût amer et inachevé. J’espère sincèrement que le groupe retrouvera son feu sacré et que les quelques braises rallumées en fin d’album permettront à ce …AND OCEANS nouvelle mouture de revenir plus fort et plus créatif, dans quelques temps.

 

 

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Un commentaire

  1. Hail,
    Pas d’accord avec cette chronique, pour moi cet album est actuellement le meilleur, en Black, de cette année, intense et très bien travaillé, la structure des morceaux est complexe et le son est excellent, on distingue tous les instruments et chaque riff est audible.
    Le visuel est magnifique et magique, l’ambiance générale de l’album est vraiment installée dès le premier morceau, pas de fioritures ni de morceaux bouche-trou.
    Le jeu du batteur est énorme (l’expérience dans Gloria Morti!), le chant est maléfique et assez varié mais toujours extrême et bien placé, la touche des premiers….And oceans est présente avec des nappes de synthés ni excessives ni oubliées, bref une RÉUSSITE TOTALE et s’il faut le côter, je mets un grand 90/100!

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