[ Report ] HYPNO5E + MANTRA @ Nantes, le 08/02/20

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Me voilà donc revenu aux abords du fleuve royal, là où les fruits tropicaux débarquaient après une périlleuse et ultime traversée… Bref j’arrête tout de suite de faire mon Frank Ferrand car si je suis au Ferrailleur, à Nantes ce soir, c’est bien pour un voyage, mais pour un voyage sonore et intérieur puisque je vais avoir le plaisir d’assister au concert d’HYPNO5E. Cependant, ne commençons pas la maison par le toit, car avant d’accueillir comme il se doit les Montpelliérains, j’ai eu le droit de revoir les locaux de la soirée, mes chers MANTRA.

Forts d’un nouvel album inspiré et au concept intéressant ( dont on a selon moi pas assez parlé ), le quatuor a déployé tout son art ce soir. Backdrop psychédélique, grosse qualité sonore, et toujours une scénographie très théâtrale grâce à la présence du chorégraphe, danseur et performeur Melvin Coppalle. L’artiste, spécialisé en butô, danse expressionniste et les danses traditionnelles d’Asie, apporte une dimension visuel et mystique à la musique du groupe, tournoyant tel un serpent autour du chanteur, jouant de concert avec lui dans une sorte de duel physique et psychique.

La foule est d’ailleurs relativement compacte et observe avec délectation la performance du quatuor… Le chant est parfait, habité et puissant, quelle prestance ! Les musiciens sont quant à eux plus discrets, plus en retrait mais tout aussi impliqués et efficaces dans la reconstitution de l’univers sonore du groupe. Bref je suis comme absorbé par le groove des morceaux, par la force évocatrice des différents mouvements, je suis conquis. Déjà forte en émotion, cette première partie n’égalera cependant pas la suite de cette soirée placée sous le signe du contraste, entre ombre et lumière… 

 

J’avais quitté HYPNO5E au même endroit, il y a bientôt deux ans, pour la présentation de leur film « Alba, Les Ombres Errantes » et de l’album acoustique l’accompagnant. Cette fois-ci, c’est bien pour un album 100% métallique que le groupe nous revient. Une même salle pour deux ambiances même si HYPNO5E reste toujours une expérience musicale, visuelle et sensorielle. J’attendais donc avec une impatience non dissimulée de voir les titres de « A Distant ( Dark ) Source » prendre vie sur scène…

Alors que le sample d’Albert Camus introduisant « On The Dry Lake » résonne, le quatuor entre en scène, les guitares se délient, et le voyage commence pour l’auditoire. Le son est parfait, tout sonne de manière homogène. Sans artifice et avec classe, les musiciens interprètent leurs oeuvres, ultra-carrés, sans vraiment de pause mais avec de belles respirations. Tantôt assombri et lunaire, tantôt brut et solaire, le groupe fait monter la pression crescendo, sinusoïdal, assénant une foultitude d’émotion à un public qui se laisse porter et déguste chaque mouvement.

La force de ces contrastes et de ces émotions est encore amplifiée grâce au récent développement d’un arsenal visuel ( lumières et écrans diffusant des textures et des paysages ) qui même si il reste relativement minimaliste contribue encore un peu plus à imprégner les coeurs, les corps et les esprits d’un public abasourdi, ébahi, complètement hypnotisé.

Les morceaux s’étalent, s’allongent, s’égrènent autour du dernier album dans une salle de plus en plus vaporeuse et moite, mais à aucun moment on ne sombre dans l’ennui. Les instants de grâce laissent place au déferlement de violence et vice-versa, le tout joué dans une totale maîtrise technique.

On replonge avec nostalgie dans « Shores Of The Abstract Lines » lorsque le groupe nous offre « East Shore: In Our Deaf Land » et son magnifique poème d’Yves Bonnefoy. Vient également une partie du superbe « Tio » joué au piano, douce émanation d’Alba et de la Sierra Bolivienne. Enfin, surgit l’explosion sensorielle avec le tube « Acid Mist Tomorrow » issu de l’album du même nom.

HYPNO5E aura joué 1h30 et huit morceaux, mais aura séduit le public dès les premières secondes. Une fois les instruments reposés et les lumières rallumées, on est pris dans un tourbillon d’applaudissements, reflet d’une volonté de rester piégé dans ces rêveries hypnotiques. Ce soir, le Ferrailleur a vacillé, a vibré et rentré en résonance face à une des plus grosse claque esthétique du metal français. Merci.

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