En cette veille de Noël, on prend le temps de revenir sur l’une des plus grosses dates de cette fin d’année : Ghost au Zenith de Toulouse! En effet, c’est le 16 novembre dernier que les suédois anti-christiques les plus en vogue de la planète metal mélo ont entamé une tournée européenne d’un peu plus d’un mois qui s’est ainsi achevée en terre toulousaine. On vous livre nos impressions, et si vous y étiez, on attend les vôtres !
Formés en 2006 et véritablement lancés avec leur premier album en 2010 (Opus Eponymous, paru chez Rise Above Records et Metal Blade Records, ndlr) , le groupe suédois est incontestablement déjà iconique. Une ascension fulgurante liée à une multitude de facteurs au premier rang desquels on place bien évidemment leur talent de composition. Mais bien que proéminent, ce n’est pas le seul. Ghost a su attirer intelligemment la lumière pour tirer son épingle du jeu. Dès le début de sa carrière, le groupe a eu la chance de se faire connaître par le biais d’importants rendez-vous européens (Hellfest, Download Festival) et américains (Maryland Death Fest). Ajoutez à cela l’appui de figures de renom (Phil Anselmo, James hetfield…), il n’en fallait pas moins pour paver la route de leur succès. Et quel chemin parcouru! La dernière fois que nous les avions vus, c’était en février 2016 dans la salle du Rocher de Palmer à Bordeaux. Nous avions fait à cette époque un regard croisé sur les dates de Bordeaux et de Rennes. Ce soir, c’est à Toulouse que Ghost fait une halte dans le cadre de sa tournée avec ALL THEM WITCHES et TRIBULATION. Et pas n’importe où puisque c’est cette fois le Zénith lui-même qui les accueille. Seulement trois dates françaises sont au programme avec Strasbourg et Nantes. Sans surprise, chacune de ces dates est organisée dans un Zénith. Je crois que la possibilité de revoir Ghost dans une plus petite salle est aujourd’hui malheureusement très largement amenuisée…
Il est aux alentours de 21h, et l’immense théâtre se dévoile sur fond de musique liturgique catholique. Un fond de scène magistral nous donne l’impression de pénétrer au sein d’une cathédrale très particulière. Les vitraux mettent en valeur des illustrations au travers desquels on comprend que le démon a pris possession des lieux. De grands escaliers imitant le marbre mènent à mi-hauteur à deux plateaux, respectivement dédiés à la batterie et aux claviers des premiers Ghouls (nom donné aux musiciens de la formation, ndlr). Ils sont nombreux pour cette performance live puisqu’on compte le batteur, deux guitaristes, un bassiste, deux claviéristes (de la gente féminine), et un dernier perfomer qui alternera entre guitare, chant et danse endiablée. Tous sont vêtus de noir, parés d’une belle redingote à queue de pie, le visage entièrement dissimulé par un masque de démon argenté. Tous s’effacent derrière le maître des lieux… Et c’est d’ailleurs à son tour de s’emparer de la scène : le Cardinal Copia (aussi désormais connu sous le nom de Tobias Forge) fait son entrée avec la classe et l’élégance qu’on lui connaît. C’est sur Ashes que le show de quasiment 2h fait son ouverture.
Ghost a amplifié toutes les composantes de son show : tout est plus visuel, plus grand, plus beau, plus orchestré. Lorsqu’on vient voir Ghost, on ne vient pas à un simple concert mais à un véritable spectacle. Et comme tout spectacle digne de ce nom, tout est millimétré : à chaque moment son placement de scène, chaque discours est préparé et déjà positionné, chaque geste est déjà pensé. A regret ou non, il n’y a aucune place à l’improvisation. Et il n’y a rien d’étonnant à cela lorsqu’on connaît la manière de fonctionner du groupe. N’oublions pas que Ghost gravite autour d’un seul homme : Tobias. C’est lui et lui seul qui fait tourner cet univers, et même s’il prend soin de les mettre à l’honneur, chaque musicien n’est là que pour interpréter les décisions et la volonté du Maître de maison (ce qui a d’ailleurs donné lieu à un litige avec l’ensemble des anciens musiciens du groupe, et Tobias a remporté son procès fin 2018, entérinant par la même qu’il s’agissait bien d’un projet solo, ndlr). Aussi ce show savamment dosé et orchestré est à l’image du groupe lui-même.
Le résultat n’en demeure pas moins somptueux. Nous aurons droit à des pluies de confettis, et des effets pyrotechniques, de nombreux changements de tenues pour le Cardinal Copia, des effets de lumière d’exception, une qualité de son, et plus généralement, de production, de très haute volée… A n’en pas douter, Tobias a tenu à ce que chaque show soit grandiose. Tout ceci s’accompagne d’un nombre incalculable de singles : Rats, Mary on a Cross, Spirit, Faith pour ne citer qu’eux… A noter l’intervention dantesque de Papa Nihil, le « nouveau » saxophoniste du groupe (arrivé début 2018), sur ce titre instrumental absolument génial qu’est Miasma (tiré de l’album Prequelle). Un Pape avec des ray-ban qui fait un solo de saxophone, il faut avouer qu’on ne voit pas ça tous les jours. D’ailleurs l’humour ce soir est aussi au rendez-vous, distillé ça et là (citons par exemple le duel de guitare entre les deux Ghouls, ou lorsque Tobias nous demande si nos fessiers ont vibré sur certains titres). Cet humour décalé au regard du contexte sombre et satanique est d’autant plus drôle. Le public ne boude pas son plaisir et chante à tue-tête chaque hymne, chaque refrain, chaque air si entêtant… Il règne une ambiance joviale, chaque personne est très réceptive et participe de plein cœur à cette communion. C’est certainement sur le titre « He is » que le public réagira le plus. Ce titre est l’étincelle qui enflamme définitivement le Zénith de Toulouse. Sur chacun des titres qui va suivre, la fosse va amplifier son énergie. S’en suivant les énormes « Mummy Dust », le dernier single « Kiss the Go Goat », ou encore les incontournables « Danse Macabre » et « Square Hammer ».
C’est la fin de ce spectacle unique. Le public reste pour offrir une ovation à Ghost. Là encore, les adieux sont orchestrés très précisément. Le rideau ne tombera, le son ne cessera, les lumières ne s’éteindront et le dernier au revoir ne se fera qu’au moment précis ou Tobias sera, seul, en haut des marches de son enceinte, dominant et contemplant une dernière fois son succès indéniable. Magnifique fin de tournée au Zénith de Toulouse. A très vite avec le prochain album, qui nous fera découvrir cette fois la succession du Cardinal Copia : j’ai nommé Papa Emeritus IV…
Setlist:
Ashes
Rats
Absolution
Faith
Mary on a Cross
Devil Church
Cirice
Miasma
Ghuleh/Zombie Queen
Helvetesfönster
Spirit
From the Pinnacle to the Pit
Ritual
Satan Prayer
Year Zero
He Is
Mummy Dust
Kiss the Go-Goat
Dance Macabre
Square Hammer
Remerciements : Regarts Asso
Toutes les photos de la soirée sont en ligne ici