Album Review : “Fear Inoculum” Tool n’a jamais rien fait comme les autres, et ne le fera jamais

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TOOL a franchi une barrière, une frontière que peu de groupes ont franchi. Car « Fear Inoculum » prouve encore une fois que Tool n’a jamais rien fait comme les autres, et ne le fera jamais. Avec des titres de plus de 10 minutes, vous n’écoutez pas quelques choses faits pour entrer dans un quelconque moule. Ici, les musiciens vous invitent de nouveau à un voyage comme chacun de leurs quatre albums précédents, mais encore plus long, et peut-être plus complexe que jamais. Tool a basculé vers son côté le plus progressif, et transcendantal, a oublié les gros riffs metal ( à l’exception de « 7empest »). Les titres « explosent » rarement avant 6 minutes d’écoute, alors que tout autre artiste essaie de vous en mettre plein la vue en 4 minutes, Tool développe sur chaque morceau une ambiance inédite où chaque notes tissent une toile esthétique, une matrice où tout finit par s’entremêler. A vous d’accepter l’invitation au voyage ou non, de vous y abandonner, dans ces motifs répétitifs, moins véhéments que par le passé et aux teintes nouvelles. Il est clair que Tool a perdu en immédiateté, avec la quasi absence de titres condensés en énergie comme « Ænema » ou « Stinkfist » survolés par la revigorante voix de Maynard. Ils n’ont pas voulu se répéter, tomber dans la pâle imitation, et certes, certains seront hermétiques à cette proposition, donc trouveront que sommairement Tool fait du Tool (mais comment peut-il en être autrement ?). Car malgré l’absence de cris rock de Maynard, notre excentrique chanteur  reste l’un des chanteurs les plus émotionnels du monde. Un titre comme « Descending » démontre un talent intact, et tout l’envoûtement dont il est capable, offrant une vue sur son large spectre vocale, sa puissance inégalée et l’ambiance cinématographique qui se dégage surtout en fin de morceau est d’une réelle beauté. « Fear Inoculum » nous réserve donc dans son ensemble sa part de surprise, même si les aficionados du groupe retrouveront certains motifs déjà utilisés par le passé. Il faut se rappeler que leur musique créée il y a 20 ans est désormais si indubitablement essentielle aujourd’hui au rock et au metal moderne, qu’il nous faudra consacrer le temps nécessaire pour appréhender cette œuvre. Qui pourra se targuer aujourd’hui de ne pas avoir été dérouté par des titres de « Lateralus » ou de ne pas avoir tardé à saisir toute la richesse de « 10 000 days » ? Car lors des premières écoutes de ces deux derniers albums, malgré leurs pépites, la sensation qui perdurait était qu’ils avaient dû mal à tenir la dragée haute face aux révolutionnaire « Ænima » et « Undertow ». Puis on se rappelle que ces albums ont mis des années à être digérés, à devenir intemporels comme les autres chefs-d’oeuvre de leur discographie, et qu’il nous a fallu toutes ces années pour que ce processus d’intégration se fasse en nous. De manière quasi religieuse aujourd’hui nous les vénérons comme un secret partagé exclusivement entre des millions de fans à travers le monde ayant saisi la quintessence de ce groupe, l’essence qui les rend absolument unique. L’album s’achève sur un morceau exceptionnel qui a dû demander tant d’années pour être perfectionné par le guitariste Adam Jones : « 7empest », un futur hymne de stade, qui prouve que le guitariste est bien le génie absolu qu’on le soupçonne d’être. Le titre a le mordant manquant aux autres morceaux, avec un solo extraordinaire de plusieurs minutes et un finish de toute beauté, qui ira se fixer solidement sur votre cortex à côté des autres tubes du groupe. TOOL est encore rentré dans l’ histoire de la musique à plus d’un titre, à l’exemple de  « Fear Inoculum » son titre éponyme le morceau le plus long classé dans le Top 100 aux États-Unis ; c’est dire l’attente suscitée, et ce n’est pas cet album qui le fera jeter aux oubliettes.

Tracklist de la version CD :

01. Fear Inoculum

02. Pneuma

03. Invincible

04. Descending

05. Culling Voices

06. Chocolate Chip Trip

07. 7empest

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