[ Chronique ] EARTH – Full Upon Her Burning Lips ( Sargent House )

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Lors de ses divers voyages autour de l’astre solaire, EARTH a toujours fait preuve d’assiduité dans son engagement envers un minimalisme monolithique et invariable. Que ce soit au fond des crevasses sismiques du drone ou au sommet des montagnes poussiéreuses et arides du stoner méditatif, l’austérité et la retenue sont restées les principales constantes de l’œuvre sonore du groupe de Seattle. Cette vision a d’ailleurs été développée tout au long de sa carrière par le guitariste et leader Dylan Carlson et, même si il l’a modulée au gré de ses inspirations, elle se retrouve et se retrouvera toujours en filigrane dans chacune de ses sorties. À ce titre, « Full Upon Her Burning Lips » continue donc de suivre cette voie, totalement EARTH.

Sur ce nouvel album, Carlson s’est chargé de la guitare et de la basse, Adrienne Davies de la batterie et des percussions, et c’est tout. Toutes les autres couches d’instrumentation, les divers contributeurs et collaborateurs qui ont pu être utilisés auparavant ont été écartés pour se recentrer uniquement sur cette dynamique et de cette synergie duale où chaque note, chaque frappe suit une vision commune et semble porter le poids du Monde.

Dès le début de l’album on se voit plongé, puis pris au piège dans une mélasse familière de riffs précis et répétitifs, de rythmes lourds et visqueux. L’ensemble se meut lentement mais sûrement, vivant et aéré, dans une apparente simplicité, dépouillé de tout artifice. Le duo, complètement en phase et à l’aise dans son art, semble avoir trouvé le point de contact idéal entre rock instrumental brut et expérimentation transcendantale.

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Tout y est naturel, tout coule dans la même direction, sans accroc, et pourtant on croirait presque entendre une impro’ ou un jam’. Carlson y sillonne des paysage arides tandis que Davies rythme les mélodies avec des percussions fines et félines. Ensemble, il créent de véritables mantras, des psaumes soniques hypnotiques et apaisants, ils nous amènent aux panoramas construits par les riffs psychotropiques et les nécessaires respirations. Sans cadre ou trajectoire réelle, « Full Upon Her Burning Lips » semble vivant. EARTH y développe librement ses sonorités instinctives, se laissant guider par la musique elle-même, errant et rêvassant dans ses grands espaces.

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Et en effet, quiconque arrivera à suivre EARTH au cours de ce voyage, mental ou physique, se prélassera, se bercera des bourdonnements, des mélodies et des réverbérations sans faille proposées par Carlson et Davies.

Sa grâce, son souffle, sa respiration lente et son envergure vertigineuse, en font ainsi une pièce sonore unique aussi époustouflante que les paysages dénudés, épiques et désertiques qu’il évoque. Le cliché éculé de l’album invitant au voyage renaît alors qu’un besoin d’évasion s’empare de l’auditeur, une envie de grands espaces désertiques et un sentiment de plénitude. Dans la constante évolution du groupe, « Full Upon Her Burning Lips » apparait donc un nouveau pallier, pur et sans filtre, presque relaxant. Une nouvelle étape dans l’exploration sonore sans fin que mène EARTH depuis trente ans.

 

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