[ Chronique ] ABORTED – TerrorVision ( Century Media Records )

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ABORTED, les maîtres ès death metal option gore viennent tout juste de lâcher « TerrorVision », leur dixième album studio. Et comme on dit par chez nous : « c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe ». C’est donc sans sourciller et sans crainte aucune que j’ai appuyé sur le bouton play, connaissant parfaitement les vieilles recettes que le groupe utilise depuis près de 23 ans maintenant.

Car même si après deux décennies, sans faiblir, le groupe a affiné sa formule et fait évoluer son menu au fil des saisons, des line-ups et des inspirations, on ne peut être trop surpris de la musique du groupe et de ses concepts. Un album d’ABORTED agit plus comme un marqueur, un témoin de ce qui se faisait, se fait et se fera de mieux en terme de brutal death européen. Soyez donc assuré de toujours y retrouver les beats rapides de Ken Bedene, les riffs lourds de Mendel Bij de Leij et Ian Jekelis, la basse intense de Stefano Franceschini et les grognements du chef d’orchestre Sven de Caluwe.

À l’image de « Retrogore », le dernier album du groupe, qui était déjà une affirmation extrêmement forte de la domination du groupe, « TerrorVision » poursuit parfaitement ce chemin. Il contribue encore un peu plus à changer le potage excrémentiel brûlant des débuts en un velouté sanglant, bouillonnant et gargouillant, agrémenté de lames de rasoirs acérées et servi dans une ambiance tamisée. En gros, le groupe cherche à proposer quelque chose de plus en plus travaillé, de plus en plus sophistiqué ( si l’on peut parler de sophistication en brutal-death ) mais surtout quelque chose de définitivement plus sombre.

« TerrorVision » c’est donc 45 minutes d’un brutal death metal plein de caractère et de haute qualité, parfaitement équilibré entre riffing sophistiqué, vélocité et brutalité lourde. Une fois plus le gang belge a pensé à tout et à tout le monde. Aussi intense qu’explosif ou écrasant, ils n’ont pourtant pas oublié certains aspects mélodiques et atmosphériques qui faisaient la force de leurs derniers albums ( et c’est tant mieux ).

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Le son semble plus net et concentré que jamais avec des guitares facilement déchiffrables, on discerne très bien les mélodies accrocheuses trempées dans les brouhahas rythmiques. La voix de Sven, elle aussi, fait des merveilles. Rugissant et tonitruant, le lion belge, toujours aussi impressionnant, tient sa performance.

Au milieu des tubes en devenir que sont « Squalor Opera » ou « Deep Red », on trouve une variation sur le thème death-gore avec des apports d’éléments de sous-genres, comme sur les très sombres « Vespertine Decay » et « Exquisite Covinous Drama », voire des rappels au death plus old-school comme sur « Farewell To The Flesh » ou sur le plus thrashy « A Whore D’Oeuvre Macabre ». De même les différents vocalistes invités contribuent largement à cette non-linéarité musicale : de la puissance d’un Seth Siro Antoniou ( SEPTIC FLESH ) sur « TerrorVision », à Julien Truchan de BENIGHTED sur « The Final Absolution » et Sebastian Grihm de CYTOTOXIN sur « A Whore D’oeuvre Macabre ». Tout semble avoir été pensé, pesé et réfléchi pour faire un maximum de dégât, pour agresser tout en insinuant un sentiment de malaise. Et c’est peut-être d’ailleurs dans cette variété et ses ambiances que tout se joue.

Avec un concept selon lequel les médias sont une entité « maléfique », un monstre mythique manipulant les masses, ABORTED s’essaye au thème pseudo-politique mais magnifié, gorifié, mouliné pour son spectateur friand des choses terribles et sanguinolentes qui se passent derrière les portes closes et au creux de l’intestin grêle. Sur « TerrorVision », ABORTED se montre donc toujours aussi fort, ne dérogeant pas à la règle et faisant ce qu’on attend de lui et de son expertise. Avec subtilité et vice, il continue d’ajouter de la matière et des éléments assombris, noircis au charbon, dans sa musique déjà bien complexe, mais sans pour autant s’y perdre et perdre son auditoire. C’est ce qu’on appelle l’expérience…

 

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