( Chronique ) : POGO CAR CRASH CONTROL – Déprime Hostile ( Panenka Music ) note : Branlée.

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J’ai pu lire : « La promesse de POGO CAR CRASH CONTROL tient toute entière dans le nom même du groupe ». Et effectivement, nos quatre jeunes Français n’ont l’air d’avoir qu’une seule et unique intention : tout éclater et si possible, foncer à grande vitesse droit dans un mur. Promesse que l’on espère voir tenue alors que nos Franciliens s’apprêtent à sortir leur premier album… Sobrement baptisé « Déprime Hostile », il est sensé jeter ce pavé d’intention dans la flaque boueuse qu’est le rock, afin d’en éclabousser le plus grand nombre.

Pour mieux vous préserver, pour garder tout l’effet de surprise, toute la mécanique particulière et la générosité dont le groupe sait faire preuve, je vais donc essayer de rester évasif, de ne pas trop en dire, de ne pas trop décortiquer l’essence, ni de trop démonter le moteur P3C. Au programme de votre séance du jour : un style rapide et toujours aussi difficile à définir, entre grunge chaotique, punk cathartique et hardcore noisy-algorithmique. Le tout est bien sûr passé à la machine à laver de type P3C, non homologuée par Euro NCAP ( Une référence pour les passionnés d’essai de choc automobile ).

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D’emblée, on vous plâtre la gueule, on vous fout les mains dans le cambouis, comme désabusé, déprimé, hostile. La face noircie au suif, un son dégueulasse comme le carburateur encrassé de la bagnole qui vous servira à remporter la Coupe de France de Fol’car ( Mini budget, Maxi plaisir ). De THIÉFAINE à THE DILLINGER ESCAPE PLAN en passant par NIRVANA, on a ici un condensé de son brut et bruyant, d’urgence qui groove et de rock saturé cassant. Des bulldozers gavés à la protéine hardcore d’«Hypothèse Mort» ou «Déprime Hostile» aux gifles mélo-dramatico-torturées et rocailleuses de «Rancunier» ou de «Comment lui en vouloir» , en passant par les pseudo-respirations popisantes de «Balade grunge» et « Je perds mon temps » , tout est fait pour foutre LA boule au ventre, LA poussée d’adrénaline,  l’implacable instinct de survie, le choc psycho-chimique qui précède l’accident.

Pour appuyer encore cette intensité, des textes sont « beuglés » en français, parfois naïfs, presque puérils, dans un sens purs et toujours spontanés, innés et crachés sans vergogne. Ainsi, le groupe cultive sa singularité sans attache. Ses influences, même si essentielles, ne définissent que les contours d’une entité qui reste volatile, impalpable. Anti-Shakespeare et pro-Molière dans les textes, antioxydant voire décapant dans les (mé)faits, POGO CAR CRASH CONTROL tente de démontrer, avec toute sa jeunesse et sa fougue, que les effets de mode sont éprouvés et que tout se doit d’être vécu, pied au plancher, aussi furtif qu’intense.

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Un premier album qui sonne donc un peu comme une mise en abyme entropique; ou comment du désordre se crée le bordel duquel naîtra le foutoir, et ainsi de suite… Autrement dit : dans ce crash test « Déprime Hostile », l’enfant viendra perpétuellement percuter le pare-brise avec violence car, consciemment ou inconsciemment, à aucun moment P3C n’a souhaité, voulu ou conçu l’idée, de lui clipper une ceinture. Pourquoi me direz-vous ?! Pour l’adrénaline, pour le ressenti, coûte que coûte…

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