REPORT : SÓLSTAFIR + MYRKUR + ÁRSTÍÐIR @ L’Antipode, Rennes, 21/11/17

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Comme le disait Albert Camus : « Au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été. »  Pour ma part, c’est plutôt la chaleur de l’Antipode, complet en ce mardi soir, qui m’a fortement aidé à trouver cet invincible été. Bon, en effet, techniquement on est pas en hiver mais il fallait bien commencer par quelque chose et puis un peu de culture ne fait jamais de mal comme dirait l’autre… Mais passons ! Donc comme je le disais, l’Antipode était blindée en ce mardi soir de Novembre pour la venue « des troupes nordiques ». D’un côté nous avions les Islandais de SÓLSTAFIR et leurs charmants compagnons de route d’ÁRSTÍÐIR et d’un autre côté, la beauté sculpturale de la Danoise MYRKUR.

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C’est pile à l’heure qu’ÁRSTÍÐIR monte sur scène pour nous jouer sa folk acoustique très personnelle. Là où d’autres groupes auraient joué la carte de la puissance, le trio (deux guitares acoustiques, un clavier) va plutôt essayer de poser l’ambiance, de nous agripper et de nous attirer au plus profond de sa forêt intérieure. Un set-lever de rideau in-habituellement intimiste et cependant admirablement bien mené, tout en douceur avec des hymnes nordiques resplendissants et des mélodies douces, cinématographiques, presque issues d’un autre temps. L’interaction vocale et les harmonies entre le trio se font tout en délicatesse. On ose à peine se parler dans le public et même lorsqu’un des membres s’adresse à la foule, c’est avec beaucoup de douceur et d’apaisement. Ce qui m’a surpris au début mais m’a donné envie de m’intéresser un peu plus aux sonorités et à l’histoire de ce trio, malheureusement à peine pris dans le mouvement lent et feutré de la musique que le show est déjà fini et le groupe repartit à ses occupations ( un des guitaristes étant à priori technicien pour SÓLSTAFIR et le claviériste jouant également pour ses derniers ). En tout cas, ÁRSTÍÐIR est un beau et bon choix d’ouverture, facilitant l’immersion dans le « Grand Nord ».

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Avec ses deux albums aussi acclamés que décriés, le moins que l’on puisse dire c’est qu’Amalie Bruun, la chanteuse, auteure, compositrice et interprète derrière le pseudonyme MYRKUR ne laisse pas indifférent. Dès lors, on sait que tout le monde attend un peu de voir ce que cette jeune valkyrie a dans les tripes et ce qu’elle va nous montrer une fois sur scène. Au final on est pas déçu, loin de là, car MYRKUR arrive parfaitement à retranscrire le son hybride qui caractérise ces albums, ce mélange de voix ambiantes et d’instrumentations folkloriques, ces éclaboussures gothiques et ces guitares saturées black/post-black. Tout est juste et sonne beaucoup plus puissant, beaucoup plus intense que sur album. Brunn, les cheveux au vent, hypnotise son auditoire en véritable prêtresse Wicca, belle et sombre mais tellement éloigné du stéréotype black. Pour en finir avec ce faux débat, je dirai juste que MYRKUR est ce qu’elle est, une artiste accomplie et à part entière, à prendre ou à laisser. Elle fait donc la part belle à « Mareridt » son dernier méfait en nous proposant les sublimes « Ulvinde » et « Elleskundt » mais aussi la puissante et sinistre « Måneblôt ».

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D’un geste, elle est capable de chasser tout les nuages de l’Antipode, d’un autre elle balaye la salle et fait gronder le tonnerre black, en somme elle envoûte. Sa voix sonne plus pénétrante, plus éthérée que jamais, les cris crus vous déchirent les tympans et le tout est couplé à une théâtralité tantôt langoureuse, tantôt flamboyante.  Son groupe vêtu de noir et encapuchonné reste en retrait nous faisant bien comprendre qu’ils ne sont que des franc-tireurs et que c’est bien Mme. Brunn qui est aux commandes. Elle choisit également de ne faire que très peu d’interruption entre les titres afin de mieux garder tout son mystère et toute l’intensité de sa musique, entre mélancolie, émotion et contemplation. Ce souffle glacial mais pas glaçant réussira à vraiment captiver l’assistance durant tout le show. Une très belle mise en bouche pour la suite…

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22h20 et enfin l’arrivée des cowboys islandais… Alors oui, SÓLSTAFIR n’est peut-être pas le plus grand groupe de rock ou de métal du monde, mais il a quelque chose de spécial à mes yeux et apparement aux yeux de la communauté métal aussi, comme une forme de respect, de sincérité et de passion. Le public les accueille donc de manière plutôt chaleureuse, sans non plus susciter l’engouement d’un MAIDEN ou d’un METALLICA ( personne ne slammera ce soir, mais ce n’est clairement pas le propos du quatuor islandais ). Le groupe ouvre le set avec « Silfur-Refur » issu de son dernier album, « Berdreyminn », et on sent, on sait tout de suite qu’il a, avec celui-ci, encore progressé vers un autre niveau, vers un ensemble encore plus tentaculaire et prenant.

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Le groupe va nous faire voyager, va nous mener à la passerelle « d’ici à la-bas » et, avec sa musique, nous permettre de se soustraire à la réalité le temps d’un spectacle. Arrêter de penser, de réfléchir, juste vivre et ressentir, c’est un peu la politique de SÓLSTAFIR et de son leader charismatique, Aðalbjörn Tryggvason ( à vos souhaits ! ). Un leader qui titube, danse, chante, les yeux fermés comme si il n’y avait personne autour de lui… À côté ces collègues suivent le mouvement sans trop se faire de soucis, seul notre ami bassiste et sa coupe de cheveux digne d’Obélix semble en découdre sérieusement avec son instrument, envoyant groove sur groove.

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SÓLSTAFIR pioche et nage impétueusement dans sa discographie, dans ce courant certes sinueux mais toujours fluide et cathartique. Tout est là et tout est impeccable : le banjo d’ « Ótta », l’arrière goût 70’s d’« Isafold », la puissance mélodique de « Náttmal » ou « Lágnaetti ». Avec « Hula », on (res)sent cette voix, imposante et si particulière, dégouliner dans la salle avec puissance et passion, tandis que l’épopée « Fjara », émouvante à mesure qu’elle progresse, d’un chuchotement au tumulte plaintif, secoue l’assemblée. Enfin M. Tryggvason prend la parole pour introduire la plus heavy « Blafjall » ( qui traite de la dépression, chose qui tient à coeur au chanteur de nous faire partager ), avant de finir sur les volcans et un hommage à la Femme avec la classique « Goddess Of Ages ». En deux heures, SÓLSTAFIR a (re)conquis son public grâce à une panoplie de titres criants, hurlants la beauté et la solitude des paysages islandais, à couper le souffle. Il commence peut-être à faire froid dehors, mais cette nuit là, je pense que tout le monde est reparti le coeur et l’esprit réchauffé… Bravo et merci !

 

 

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