Chronique : ORIGIN – Unparalleled Universe ( Agonia Records ) note : 8/10

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Il y a bien une chose sur laquelle tout le monde s’accorde, c’est l’énorme compétence technique du guitariste Paul Ryan et de l’équipage virtuose d’ORIGIN. Depuis sa création, le groupe n’a eu de cesse de repousser les limites de la technique et de la vitesse, le faisant passer du statut de groupe de death « lambda » à légende du death technique et ce pour le plus grand bonheur de ses fans qui ont toujours soutenu et apprécié cette précision technique et cette rapidité d’exécution. Inlassable et jamais à court d’idée après déjà 20 ans de carrière, le groupe revient donc aujourd’hui sur les planches avec une soif de conquête universelle (ré-)affirmée et un nouvel opus. Intitulé « Unparalleled Universe », cette galette est la promesse d’une coexistence parfaite, d’une symbiose, entre technique, distorsion de l’âme et lourdeur me(n)tal(e).

En effet, nos ( désormais ) vétérans du death ont toujours réussi à surprendre et garder intacte la flamme, ne faisant pas uniquement dans la démonstration comme la plupart de ses collègues. Les quatre musiciens travaillant réellement comme une entité, les instruments ne se heurtant pas, la performance de chaque membre se voulant foncièrement égale car aucun ne prend le pas sur les autres. Dans ORIGIN tout est raisonné et bien à sa place, le groupe avance ensemble, en rangs serrés et hermétiques, avec un seul but : tout détruire sur son passage. Mais alors, me direz-vous, qu’en est-il de ce « Unparalleled Universe » ?

Et bien d’emblée, on peut dire qu’en terme de sonorité, peu de choses ont changé dans le camp ORIGIN depuis « Antithesis » ( 2008 ). On retrouve bien les explosions sonores, la basse rapide et groovy, les avalanches de notes et les torrents de batteries, les passages plus lourds et accrocheurs vite rattrapés par l’« hyper-technique supersonique ». En d’autres termes : ORIGIN ne fait que reformuler, en mieux, son « chaos clinique » et sophistiqué. À aucun moment on ne peut penser que Paul Ryan va se planter ou que le batteur John Longstreth pourrait être en retard ou même se perdre dans le temps ne serait-ce qu’un millième de seconde, NON ! ORIGIN c’est des machines, c’est techniquement « inhumain », des « Terminators » du brutal death proposant une démolition chirurgicalement contrôlée de l’audition et de l’auditoire.

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Et on s’en rend compte dès le premier riff d’« Infinitesimal to the Infinite », on plonge dans un chaos dense et une richesse auditive presque inaccessible, un assaut total des sens. Le son signature d’ORIGIN est d’une brutalité difficilement égalable, agressif mais sans bavures, propre  à l’extrême, presque trop. « Accident and Error » est une claque hypersonique avec une ligne de basse de dingue et les vocaux d’un Jason Keyser, terrible et terrifiant, venant hacher voire hachurer la fluidité sonore en arrière-plan. « Cascading Failures, Diminishing Returns » est, quant à elle, un summum d’éclat technique et de diversité structurelle. Alors que « Mithridatic » se veut plus groovy, plus « mid-tempo » mais tout aussi complexe, là où « Truthslayer » est plus « simple » et frontale mais d’une violence sans relâche. « Invariance Under Transformation » vient enfoncer le clou et vous écraser sous le poids de ses riffs de guitare rampants, de sa ligne de basse rapide et soutenue par des battements « méphistophéliques ».

On ressent ici une grande expérience, une forte maturité dans les rangs d’ORIGIN, nous rappelant au passage que ses influences vont du death traditionnel au grind, en passant par un peu de black metal, du slam et de tout un tas de choses, ratissant, labourant le death de CRYPTOPSY à DECAPITATED ou HATE ETERNAL, le groupe est dans la maîtrise totale de son art.  On enchaîne alors sur « Burden of Prescience » qui  tabasse dans tout les sens et ouvre la voie à « Uneqivocal » plus « concrète », intéressante par sa longueur ( 10 minutes ) et sa dé-construction rythmique, une conclusion progressive étonnamment épique et triomphante qui renoue avec un aspect plus humain d’ORIGIN. Après trente minutes de martelage intensif, elle vient terminer l’album en assomant l’auditoire, entre punition, destructrion et salvation.

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Puis vient la petite surprise avec en bonus la reprise de « Revolucion » de BRUJERIA clairement influencée par « l’anti-trumpisme » des membres du groupe et introduite par l’hymne américain joué à la guitare, une sorte d’hommage/clin d’oeil au guitar-hero Jimi Hendrix, anecdotique mais plaisant.

Au final, on ne peut considérer « Unparalleled Universe »  comme un album de brutal death technique traditionnel avec ses cent notes par seconde et ses changements de rythmes en cascade. À l’écoute, on sent bien que cela va plus loin que la simple démonstration, « Unparalleled Universe » est clairement le résultat d’une grande persévérance, d’expérience, de recherche et d’écriture intelligente.  Quasiment inégalé en termes de brutalité et de technicité, ORIGIN a su (re)créé une petite merveille moderne et éclatante, une incarnation de précision et d’intégrité, une explosion de structures. Si vous pensiez avoir compris le death technique, cet album est venu pour changer vos perceptions.

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