Chronique : SUFFOCATION – …Of The Dark Light ( Nuclear Blast ) Atmosphère globale : 97% CO2

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Lorsqu’un groupe devient vétéran dans son style, il est bien souvent contraint, afin tenir le rang et de prouver à son public qu’ils est encore digne de considération, de faire de chacune des ses sorties, un évènement.  Alors quand on parle d’un groupe comme SUFFOCATION qui, bien au de-là du statut de vétéran, est une véritable légende, de par son influence considérable sur le death metal mais aussi de par son influence sur toute une partie de la jeunesse deathcore, chaque sortie se veut alors un pèlerinage pour ses fans et bien souvent un procès pour ses pairs. Mais les New-Yorkais, à ma grande joie, ne sont jamais rentrés dans ces considérations stylistiques, dans ces procès-débats que l’on semble vouloir lui imputer ou dans cette déification abusive. Bien au contraire, le groupe, humble et passionné, affiche un « jenfoutisme » du plus bel effet, continuant tranquillement sa route coûte que coûte. Après un mitigé « Pinnacle of Bedlam » en 2013, le groupe réapparaît aujourd’hui avec «… Of the Dark Light ».

Beaucoup de choses se sont produites dans la vie de SUFFOCATION depuis « Pinnacle Of Bedlam » : le batteur Dave Culross a quitté le groupe. Le guitariste Guy Marchais, qui était la depuis la re-formation du groupe en 2002, a également quitté l’aventure laissant Frank Mullen ( chant ) et Terrance Hobbs ( guitare ) seuls maîtres à bord. Par ailleurs, le chanteur Frank Mullen même si toujours derrière le micro en studio, s’est vu contraint de ne plus prendre part à la majorité des tournées du groupe, en raison de son emploi. Une triste nouvelle pour les fans mais qui n’est que le triste reflet de notre époque, où des groupes, aussi grands soient-ils, peinent à joindre les deux bouts. Nous vivons dans un monde où, malheureusement, il n’est pas possible pour un groupe de vivre de sa musique ou même d’assurer les tournées qui s’offrent à lui. Alors quand on parle de death metal, qui est une musique de passionnés, on finit par voir des groupes comme SUFFOCATION contraint de faire appel à un autre chanteur pour ses tournées… Quand vous entendez les critiques de certains fans qui gémissent et se plaignent de tout ça, sans tenir compte une seconde du travail qui s’inscrit derrière chaque note, on a quand même bien envie de dire que ces gars là ont bien du courage… Bref, le groupe a donc choisi Kevin Muller, l’excellent chanteur de THE MERCILESS CONCEPT pour assurer les shows, mais il participe tout de même à l’album en assurant les backings de Mullen.

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Voilà pour le cadre mais qu’en est-il de la musique ?

Une nano-seconde d’introduction et l’on est immédiatement frappé au visage par ce que l’on appelle du Brutal Death et c’est précisément ce qui va nous labourer les tympans pendant les 35 prochaines minutes. On ressent une harmonie très bien et apportants une nouvelle unité à SUFFOCATION, une bouffée d’air frais et indéniablement plus de mordant que sur « Pinnacle Of Bedlam ». Est-ce que l’injection de sang neuf et le recentrage des priorités ne serait pas la promesse d’une nouvelle cohésion  et d’un avenir radieux pour SUFFOCATION ?? Les nouveaux membres, Eric Morotti ( batterie ) et Charlie Errigo ( guitare ), ont parfaitement réussi leur intégration dans le groupe. La connexion entre le bassiste Derek Boyer et Eric Morotti fonctionne parfaitement et rend la section rythmique impeccable, permettant ainsi au groupe de trouver un nouvel appui, plus solide.

En gros, la clinique SUFFOCATION s’est refait une beauté et ça fait mal, très mal. Il n’y a rien à jeter, du tube « Clarity Through Deprivation » en passant par le tourbillon faucheur de « The Warmth Within the Dark », toute la technique suffocante est là. On « vibre » sur l’accrocheuse « Your Last Breaths » ou « The Violation » et sur les arrangements de guitare « jazzy » d’ « …Of the Dark Light ». On tremble sur les oppressants et rapides « Some Things Should Be Left Alone » et « Caught Between Two Worlds ». Les titres sont bien pensés, facilement mémorisables avec des petites astuces, des « mélodies » subtiles, chaque chanson possède quelque chose d’unique. Les riffs recherchent la complexité tout en restant rapide et brutaux.  La voix est toujours le véritable point fort, guttural mais déchiffrable. Mullen se place bien en avant dans le mix, soulignant, hachant, hachurant la musique avec cette voix brute et monocorde, un fil rouge, reconnaissable entre mille.

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Pour les initiés, l’album sera donc facile à entendre et à comprendre. Enregistré, une fois de plus, par Joe Cincotta et mixé par Zeuss, la qualité du son est excellente, prouvant que le Death peut avoir une très bonne qualité sonore, propre tout en restant brutale. Un son qui se veut agressif et accrocheur mais clair et lisible, d’une précision chirurgicale, permettant de comprendre et d’absorber parfaitement l’oeuvre.

Et l’effet produit sur les sens me direz-vous ?? Un véritable cataclysme… En effet, peu importe l’élément, peu importe l’endroit, que ce soit sous les mers, sur la terre ou dans les airs, on ne fait que suffoquer, on ne peut que suffoquer, submergé par tant de puissance, de technique et de maîtrise et cela fait plus d’un quart de siècle que cela dure. On a beau chercher un moyen de respirer, SUFFOCATION étouffe et ressort victorieux grâce à cette incroyable capacité à se placer là où technique et brutalité se chevauchent, un maelstrom chaotique ou la cacophonie des riffs et des rythmes créent une force violente et dévastatrice.

 

 

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