CODE ORANGE – Forever ( Roadrunner ) note : 9/10

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Au départ, on nous vend la musique de CODE ORANGE comme du metalcore mais nos jeunes américains ont bien du mal à se cantonner au style dans lequel on cherche à les confiner. Et c’est justement cette volonté d’être hors-cadre et de dépasser les règles qui fait de CODE ORANGE un groupe si particulier, cette capacité unique à s’approprier un style et un son, et de proposer sa version du metalcore créatif et extrême, sombre et sans concession.

Pour ce faire, CODE ORANGE essaye de ne jamais faire deux fois la même chose, et c’est là que cela devient excitant pour l’auditeur car les américains n’hésitent pas à mixer les genres et franchir des barrières, son metalcore peut-être à la fois hardcore-beatdown, sludge, shoegaze, indus’ou tout simplement rock. « I Am King » sorti en 2014 avait déjà montré la forte personnalité du groupe et l’avait bien vite propulsé « outsider » sur une scène metal qui peine parfois à se renouveller. « Forever » va dans ce sens, cette volonté d’évolution constante couplée à un gros travail sur les ambiances,les sonorités électroniques et oppressantes. Le tout se retrouve englobé par cette sombre énergie en perpétuel mouvement obligeant l’auditeur à rester en état d’alerte permanent. À commencer par l’esthétique même de l’album, là où « I Am King » était vert, plein d’espoir, de désespoir ou en tout cas d’envie, « Forever » est lui d’un rouge brûlant laissant présager la furie et la rage qui anime le groupe

Le titre « Forever » qui ouvre l’album vient confirmer ce feu, cette colère. Il s’attaque d’emblée à l’auditeur, frontal et brut tout comme les deux autres qui vont suivre, “Kill The Creator” et “Real”. Le combo montre ainsi toute sa puissance. Cette violence combinée aux sonorités et ambiances électro-indus’ omniprésentes donne la sensation qu’on a voulu composer la bande originale du plus brutal des slashers. La voix au timbre très guttural et mécanique de Jami Morgan renforce ce sentiment d’oppression. Tout comme la batterie qu’il martyrise également, il utilise sa voix comme un outil rythmique tonnant et grondant par dessus la cacophonie métallique. Les choses deviennent encore plus intéressantes lorsque l’on tombe sur “Bleeding in the Blur” et “Ugly”, titres-ovni, plus rock, sublimés par la voix féminine de Reba Meyer ( guitare/chant ) et montrant ainsi l’amour du groupe pour le shoegaze des 90’s voire le grunge. On essaye clairement d’emmener l’auditeur ailleurs, sur des sentiers non-métalliques cette fois-ci.

Chacune de ses évolutions se veut comme un cheminement naturel et artistique, le passage vers un autre plan encore plus « dramatique » mais tout en restant dynamique et excitant, ce sentiment d’urgence très hardcore en soi. Ce même sentiment se retrouve aussi dans la production, assurée par Kurt Ballou (CONVERGE), il en résulte un son recherché et original, qui monte encore d’un cran dans l’agression. Les guitares en particulier sonnent plus heavy et couplées aux sonorités industrielles, elles se mélangent parfaitement pour créer cette ambiance oppressante et froide que l’on retrouve tout au long de l’album. CODE ORANGE réussit ici le tour de passe-passe de réarranger à sa sauce différents styles alternatifs typiques des 90’s, le shoegaze, l’indus’, le metalcore en une seule oeuvre cohérente. Il est un pas en avant dans la carrière de « la jeunesse enragée de Pittsburgh ». Intelligent, créatif et structuré, c’est un album qui donne exactement ce que l’on attend mais qui en même temps ne cesse de surprendre. Le quatuor a parfaitement su capturer l’essence de cette couleur rouge et tout ce qu’elle représente, la rage, la violence, l’agression, voilà comment peut se définir « Forever ».

CODE ORANGE n’a pas encore réalisé l’album parfait mais il s’en approche dangereusement grâce à son habileté à évoluer constamment, créer une musique fascinante et terriblement personnelle. Ce nouvel album devient ainsi une pièce maîtresse de sa carrière. Il est par ailleurs une très belle introduction à l’année 2017, pleine de fraîcheur et de créativité et même si il est surement trop tôt pour parler de « Best Of », je sais que je peux déjà marquer « Forever » en rouge dans mon carnet.

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