BETHLEHEM – Bethlehem ( Prophecy Productions ) note : 7/10

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Voilà déjà 25 ans que BETHLEHEM pollue les eaux noires du metal teuton à grand renfort de riffs crasseux, de malveillance et « d’appel au suicide ». Pour fêter ça dignement, le groupe revient avec un album sobrement intitulé « Bethlehem » et un nouveau line up qui va nettement contribuer à « rafraichir » sa musique et ses compositions.

Le groupe officie toujours dans un style dark/black/gothique à tendance « dépressif ». On peut le dire la musique de BETHLEHEM ne « transpire » pas la joie et ce n’est pas ce nouvel opus qui va changer la donne. En une dizaine de titres le groupe va exprimer toute sa noirceur et creuser au plus profond de lui-même pour en ressortir toutes ses peurs et ses élans morbides. Le résultat est ultra-maîtrisé et, du haut de ses 25 ans d’expérience, BETHLEHEM va réussir à surprendre en livrant un album complet, varié et passionnant.

Faisant la part belle aux atmosphères « désespérées » et dérangeantes mais toujours travaillées et propres, chaque titre se veut assez différent, proposant toujours un nouvel axe, un autre angle d’attaque que le groupe choisit de nous faire emprunter. Il se montre tantôt dark, tantôt doom ou rock gothique voire post-rock mais avec toujours la même finalité : vous emmenez au fond d’un trou de six pieds. De passages calmes type piano/guitares en mélodies métal cathartico-morbides, la variété des rythmiques et l’aternance des passages plus calmes avec les envolées dark/black fait que l’album se savoure d’un bout à l’autre sans l’ennui parfois inhérent au style dit « dépressif ».

Mais la plus belle surprise de cet album reste néanmoins le chant d’Onielar (DARK NOCTURN SLAUGHTERCULT), nouvelle recrue féminine. Sa tessiture riche et dense, sa variété claire ou criée, sa mélancolie marque clairement des points et confère une âme bien différente à ce que BETHLEHEM a su faire auparavant. La performance est intense et totalement habitée. De « Gängel Gängel Gand » ballade gothico-expérimentale aux géniales « ‘Kalt’Ritt In Leicht Faltiger Leere », « Kynokephale Freuden Im Sumpflben » ou encore « l’hymne » de fin « Kein Mampf Mit Kutzenzangen », la chanteuse « s’amuse », se « joue » de nous. Ses longues tirades dramatiques et son phrasé tragique entre douleur et haine achèveront de vous transposer dans le monde lugubre et sans espoir de « Bethlehem ».

Pour conclure, je dirais que cet album se lit comme un nuancier de noir et plonge l’auditeur dans une œuvre pénétrante et hypnotique comme si l’on essayait de mettre Pierre Soulages en musique. Ne cherchez d’ailleurs pas l’essence de cet album sous le sapin, mais plutôt entre quatre planches. Il ne prendra du sens que s’il s’écoute seul, le soir de Noël, la corde au cou, un tabouret chancelant sous des jambes cotonneuses.

 

 

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