THE DILLINGER ESCAPE PLAN – Dissociation ( Party Smasher Inc. ) note : Légende/10

cover

«  – COUPABLE, je plaide coupable Maître Rhadamanthe ! Coupable d’être tombé amoureux de la folie, il y a de cela 17 ans. Cette folie incarnée par THE DILLINGER ESCAPE PLAN et qui ne m’a jamais quitté. Cependant aujourd’hui, elle a décidé de s’en aller en laissant derrière elle cette Dissociation, son testament ».

THE DILLINGER ESCAPE fait et fera toujours parti de mes points d’ancrage. Je m’explique : ses albums ont clairement contribués à forger mon oreille et ma passion pour la musique en général et pour les groupes « inclassables » en particulier. Car inclassable c’est bien ce qu’ils sont et ce, tant par leur style, que par leur liberté totale d’action musicale. Adepte d’une savante alchimie de métal, punk-hardcore, free jazz, pop, trip hop le tout joué de manière ultra-technique et couplée à une attitude totalement punk / DIY (ceux qui les ont déjà vu en live ne peuvent que comprendre), le groupe a pris pour habitude de n’en faire clairement qu’à sa tête, au mépris de toute considération commerciale. Aujourd’hui pourtant, DILLINGER annonce, avec cet album, sa fin ou tout du moins sa dissolution, et je peux vous le dire sans sourcilier voire sans même écouter un titre : « Ces gars là ne vont pas partir comme ça ! Ils vont claquer la porte avec autant de puissance et de folie que lorsqu’ils sont venus la défoncer 17 ans plus tôt… ».

Dès les premières notes, on sent que THE D.E.P. va tout simplement faire « la démontre », une synthèse de ce qu’ils savent faire de mieux, un math-core « décousu », surprenant et frénétique, un condensé de leur carrière et de leur talent en 50 minutes… Toujours agressif (certes) mais truffé de surprises et de petits clins d’œil… Parfait !

Du marasme sonore d’un « Limerent Death » ou d’un « Honeysuckle », qui n’est pas sans rappeler le décollage d’un airbus, jusqu’aux incursions jazzy-crooner de « Low Feel Blvd «  , THE D.E.P. ne s’attache à aucune limite, un peu comme si MR. BUNGLE, Trent Reznor, Jello Biaffra & Justin Timberlake se mettait à composer ensemble, pour le meilleur évidemment. Des riffs logarithmiques aux soli arithmétiques et totalement hallucinés, la paralysie neuronale se produit. On bouge comme on peut, mais on bouge sur ces sons qui feraient headbanguer des hémiplégiques et dont seul Môssieur Weinman a le secret. Toujours de mise, les refrains accrocheurs viennent torpiller ce chaos musical, et Greg Puciato, chanteur émérite et auréolé d’un effet Général Patton, d’assurer une fois de plus sa partie avec brio si ce n’est génie.

Et au milieu vint la « Fugue », ou cette fuite électro-breakcore, comme un glissement de plus dans ce trouble dissociatif de l’identité qu’est la musique de DILLINGER. Tout comme le morceau éponyme clôturant l’album avec ce chant doux et ses cordes sensibles (violoncelles) qui explosent en electronica multi-sensorielle. Comme un dernier verre pour la route, la dernière pour se dire au revoir, classieuse et tout en finesse. La musique de ce « Dissociation », ce testament, a selon moi toutes les qualités pour transposer THE DILLINGER ESCAPE PLAN du statut d’outsider au statut de légende du métal et du rock en général.

Après 17 ans de bons et loyaux services dans le milieu métallique, et au moins autant de temps passé à escamoter son évasion, DILLINGER a réussi son coup avec brio, s’échapper une fois pour toute, et on espère qu’il ne sera pas repris. On gardera ainsi en tête ces shows complètement allumés, cette créativité et cette énergie sans borne qui ont fait sa force durant toute sa carrière. Chapeau l’artiste et Merci pour tout les amis !

 

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