NEGURĂ BUNGET – Zi ( Prophecy Production ) note : Carpates/Transylvanie

cover

 

NEGURĂ BUNGET comme son nom l’indique est un groupe roumain, transylvain même qui, à la base, évolue dans un style proche du black metal voire plutôt du pagan. Alors tout de suite on va me dire : les Carpates, les grands espaces, les châteaux, les forêts épaisses trop souvent associées à Vlad Tepes « L’Empaleur » plus connu sous le nom de Comte Dracula

Je dis non !! Ici on s’attache aux vraies traditions, aux habitants, au peuple et non pas aux légendes hollywoodiennes… Et pour se faire, sort cette semaine, le huitième album de nos amis roumains, sobrement intitulé « Zi ». Il est la deuxième partie d’une trilogie visuelle et musicale sur les terres de Transylvanie qui a démarré avec l’album « Tău » sorti en 2015. Avec « Zi », NEGURĂ BUNGET souhaite inspecter le coeur des traditions et les différents rituels en lien avec la communauté transylvaine. Il cherche à y exprimer musicalement le mysticisme ancestral de sa région, l’harmonie qu’il y avait jadis entre l’homme et son milieu. Les thèmes abordés dans les chansons varient donc entre les cultes et rites pré-chrétiens qui ont habité cette région intra-carpatique depuis des siècles et des réflexions philosophiques sur la nature, le cosmos et l’univers. On retrouve donc les principales préoccupations populaires comme les cérémonies funéraires, le travail de la terre, les rites de passages de l’enfance à l’âge adulte etc…

Niveau musique, les sonorités sont sobres, rustiques, profondément organiques et vivantes. Les paroles sont tantôt hurlées, tantôt chuchotées et élaborées en roumain évidemment. La batterie et les guitares sont définitivement en retrait laissant une place non moins imposante/importante aux instruments traditionnels « de tout bord » (cornemuses, flûtes etc…). Le black metal et le metal d’une manière générale se font de plus en plus discrets, de plus en plus distraits. Jugeant bon de suivre son instinct, NEGURĂ BUNGET se détache ainsi nettement de la musique dite « contemporaine » afin de laisser parler ses racines.

Par exemple le titre « Tul-ni-că-rînd », qui ouvre l’album, se base globalement sur les cérémonies funéraires locales, où il y a un lien complexe entre le monde des vivants et celui des morts. On le ressent comme « une sorte de rite chamanique », comme si les musiciens, à travers le « tulnic » (un instrument traditionnel entre le cor et le didjeridoo qui sert normalement comme outil de signalisation mais également dans les cérémonies funéraires) cherchait à envoyer un message aux différentes dimensions, qu’elles soient spirituelles, naturelles ou terrestres.

La meute roumaine essaye ainsi de recréer le silence des grands espaces, mais aussi la force destructrice et la colère des éléments, une atmosphère unique, « forestière » et mystique. Au fur et à mesure de ses productions, NEGURĂ BUNGET réussit de mieux en mieux à nous livrer une œuvre réfléchie, intimiste et personnelle. Avec « Zi », il s’enfonce encore plus loin dans l’inconnu et le mystère, où la mort n’est pas la fin, mais tout juste une transition vers une autre dimension.

Partager