Le gang d’Oakland sort son 11ème album, et paraît toujours venir d’une autre planète. Il y a eu un avant et un après dans la scène metal. Avec leur identité totalement à part, ils ont forgé un son tels des démiurges à nul autre pareil. Avec ‘Fires Within Fires’, nous entraîneront-ils vers de nouvelles contrées ? On s’est posé à deux devant une bière pour écouter et en discuter – cela a donné deux avis que l’on vous soumet.
NEUROSIS ‘Fires Within Fires’ – [8/10] Julius
NEUROSIS fait ce qu’il a toujours fait et ce qu’il fait le mieux : jouer « une sorte de hardcore metal au ralenti » et mettre ses tripes à l’intérieur. Néanmoins avec « Fires Within Fires », le quintette renoue plus ou moins avec son passé, se faisant plus spontané et plus concis. Avec un riffing par moment pachydermique et basique mais puissant et énergique, NEUROSIS transmet cette émotion brute, viscérale, cette tension qui reste sa marque de fabrique depuis maintenant trente ans.
On retrouve donc un son âpre, les voix rugueuses et hargneuses du duo Von Till / Kelly, les guitares grasses, une batterie dure et organique, des motifs répétés inlassablement, métal mantrique, une sensation d’engourdissement, d’étouffement, le goût de la terre dans la bouche, le sable qui craque sous les dents, de la sensation, du cru, une mise en abîme de la douleur.
« Fires Within Fires », c’est une clef pour cinq portes, cinq titres et pléthore d’émotions. Du feu destructeur au feu cathartique et salvateur, des ambiances folks caverneuses ( « Reach » ) aux explosions sonores plus metal ( « Fire Is The End Lesson » ), cette lave sonore dégouline et pénètre l’auditeur ; lentement mais sûrement, elle rampe, se meut dans chaque recoins de votre cœur et de votre esprit détruisant lentement la joie et l’allégresse, ne laissant derrière elle que l’espérance et la rage
NEUROSIS ‘Fires Within Fires’ -Tempête sous un crâne – [8/10] Sly
La musique de Neurosis se mérite– elle ne s’écoute pas distraitement en s’acquittant d’une autre tâche. Une musique exigeante donc, non seulement pour l’auditeur mais aussi pour ses créateurs. Depuis ‘Time of Grace’ on sert des dents pour que les mythiques Neurosis ne nous servent pas du chien mouillé, et ce onzième album ‘Fires Within Fires’ ressemble bien plus à un chien féroce qui montre sa hargne. Lourd comme jamais, le son concocté par Steve Albini enveloppe un ‘A Shadow memory’ avec la rage donnée par un chien-loup. Leurs morceaux démarrent en douceur puis s’insinuent en vous. Leurs pulsatives rythmiques se collent sous la peau – on est poursuivi par de grinçantes mélodies composant des paysages musicaux lunaires et mystiques. Avec un peu de ténacité, leur navire charpenté de riffs à la lourdeur sans pareil vous entraînera vers une expérience unique. Un chant déchiré qui atteint des sommets de mélancolies sur des titres comme ‘ Reach’ et ‘Fire is the end lesson’. Ceux qui auront pénétré les arcanes des albums ‘Through Silver In Blood’ et ‘Times of Grace’ l’auront compris, ceux qui peu ou prou ont inventé le post metal avec leur 30 ans de carrière retrouvent ici une énergie nourrie de roches et de metal !
