DARK FUNERAL – Where Shadows Forever Reign ( Century Media Records ) note: black metal/10

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Pour les néophytes, DARK FUNERAL est plus ou moins considéré comme une « légende » de la scène black suédoise, directement issu de la seconde vague des années 90 ( tout comme MARDUK et consorts ) et connu pour pratiquer un black metal dur, pur et sans concession et avec tout le folklore, c’est à dire corpse paint, clous de neuf pouces, églises qui crament, paroles en latin, Jésus tout nu empalé sur une croix et tout le toutim, on frôle parfois la caricature mais le groupe est à priori sincère dans sa démarche et son style a toujours su faire mouche…

« Where Shadows Forever Reign » marque donc le retour aux affaires des suédois après sept longues années de silence et un changement de chanteur (départ du chanteur historique Emperor Magus Caligula et arrivée de Heljarmadr). Alors que vaut ce DARK FUNERAL version 2016 ?? À l’heure du black metal à toutes les sauces que ce soit trve, orthodoxe ou mélangé à du sludge, doom ou encore du hardcore, que vaut encore un groupe phare du black métal et qu’ont-ils à apporter au style ??

À l’écoute de cette nouvelle galette, on note déjà que le son a évolué, Lord Arhiman (guitare/composition) nous y propose une musique technique, énergique, mais également plus mélodieuse et plus épique. Bien évidemment on ne change pas la donne concernant les thèmes abordés qui traitent toujours de satanisme et d’anti-christianisme …

« Where Shadows Forever Reign », c’est donc neuf hymnes dévastateurs et guerriers avec des mélodies dans la plus pure tradition scandinave, dissonantes et mélancoliques mais assez claires pour rester en tête. Le style y est très travaillé et ponctué de nombreux changements de rythmes, les suédois réussissant à alterner parfaitement la rage black rapide et furieuse ( « Unchain My Soul » ) avec des passages plus lents, aérés et héroïques ( « As I Ascend », « Temple of Ahriman » ). Les vocaux écorchés et intenses du petit nouveau Heljarmadr collent idéalement avec le riffing made in Arhiman, son arrivée apporte un regain de fougue et une nouvelle jeunesse aux compositions comme sur « Nail Them To The Cross » avec un chant oscillant entre black et death ou encore le titre éponyme qui clôture l’album dans une ambiance obcure et belliqueuse.

De même la production de Daniel Bergstrand (MESHUGGAH, IN FLAMES, SOILWORK) sonne beaucoup plus moderne, ce qui rend les compositions plus « fines » et plus puissantes à la fois, remettant au goût du jour des sonorités black souvent malmenées par des productions volontairement « bruyantes ». Exit donc le son « cave et 4 pistes emprunté à l’école de musique locale », DARK FUNERAL ne glorifie plus un album sous-produit et composé par des gamins pré-pubères à tendance morbide. Bien au contraire, le groupe « a grandi », s’est professionnalisé et s’affranchit encore un peu plus de cette « mode » pour proposer son « trve » black metal… Personnellement j’apprécie ce son mais je pense que c’est précisément ce modernisme dans la production qui risque de « faire jaser »

Avec ce sixième album DARK FUNERAL montre qu’il est toujours une pointure du style et que « son » black metal ne déroge pas, il a juste décidé de se tourner vers une production plus moderne. Sa musique en reste par ailleurs des plus « classique », agressive et mélodique, elle garde les codes du black metal traditionnel et en est un témoin de qualité, incontournable et exquis…un peu comme la tarte à la rhubarbe de mamie, le poulet-frites du dimanche ou le bœuf en brioche de papout’.

Pour rappel DARK FUNERAL jouera au Hellfest 2016, le samedi 18 juin à 1h sur la Temple

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