Fin de semaine pluvieuse dans le Nord, pas de quoi se motiver pour le week end … Mais malgré ma double personnalité qui abrite un Sebastien Folin bougon (et vive la météo indépendante !), La Malterie annonce une soirée joviale : Chateau Brutal, duo rock ascendant pitre, dont les inspirations vont des crooners bluesy au rock garage, en passant par les blagues de Toto… C’est dire si on a hâte ! D’autant que dehors il fait plutôt frisquet et que l’heure annoncée était 20h30, pas 33 ! (Ok, je chipote, mais j’ai le droit.)
Une batterie, des amplis usés, trois guitares et des pédales : il ne manque apparemment rien. Romain Lesaffre (alias Chateau Brutal) installe un ventilateur (La Malterie, c’est chaleureux, d’autant que les spectateurs n’arrêtent pas d’entrer), et précise avec un geste éloquent au niveau du séant : “ça va suinter entre les …”. Le décor est planté !
Les deux comparses (Chateau Brutal et Cusmar, le guitariste barbu) s’installent alors, et le set peut commencer. C’est avec une grande concentration et une inspiration manifeste qu’ils exécutent avec brio une version atmosphérique de ”Au clair de la lune”, cette chanson enfantine dont la mélodie est attribuée à Jean-Baptiste Lully, mais dont la version originelle est bourrée de sous-entendus qui en font un hymne libertin (j’en profite pour attirer votre attention sur la contrepéterie suivante : “il courre il courre, le furet”, et ensuite fin de la digression). Fin de l’intro quand Chateau Brutal à la batterie annonce : “Je vous préviens, on va être très cons ce soir”. Et on dit “tant mieux” !
Ils l’avouent de bonne grâce, ce n’est pas le sérieux qui les étouffe, et ils préfèrent mettre leur énergie au service du show plutôt que de se concentrer à jouer de manière virtuose. Ça claque dans tous les sens, le riff est lourd et gras, et à la batterie, on profite autant des rythmiques purement rock que des mimiques de l’interprète.
C’est tout en gesticulations et grimaces, des voix tantôt groovy, de fausset (“Hey t’as entendu ma voix de tapette ?” dixit Cusmar) ou du cri. Aller à un concert de Chateau Brutal, c’est s’attendre à du rock et des blagues. Jamais calmes, jamais sérieux, toujours dans l’auto-dérision et l’interaction avec le public : on dirait qu’ils ont invité une grande bande de potes à venir les écouter répéter. Pour preuve : ils seront rejoints sur scène à plusieurs reprises, d’abord par “Moustache” à la batterie (“qui va faire l’Eurovision” dixit Chateau Brutal) et qui dans le pur style du groupe demande à Cusmar : “Donc si j’ai bien compris, je foire l’intro et après tu commences ?”, puis par Manu de HOZ pour le morceau “Chaise” et par Enzo de MEM pour “Skillshot”. En guise d’intermèdes, le duo Team Wild partage également la scène, et notamment reprendra le morceau “My Dick” (dans la bouche d’une petite blonde, ça sonne plutôt bien, bizarrement), avec une belle énergie, et ce sera l’occasion pour moi de découvrir un grain de voix rock très intéressant (bien que je n’ai pas trouvé la reprise de “The winner takes it all” d’Abba très convaincante : mais pour reprendre les mots de la chanteuse, “c’est chouette de voir un pogo sur du Abba”).
Pour les curieux (et parce que ça fait sérieux), la set-list de la soirée : Intro / Great drop D / Golden shower / One leg / Elastic (feat Moustache) / John Peter / Fountain woman / I think your Music sucks / Wipe Out / / mini set de Team Wild // My Dick / Cum supplier / R21 / Christmas tree / iI heard it trough the grapevine / Chaise (feat Manu de H.O.Z.) / Meet my meat / Skillshot (feat Enzo de MEM) // Team Wild, « The winner Takes it all », Abba cover / Rappel : encore Golden shower.
Même si Chateau Brutal “the band”, c’est découvrir une ambiance de fou furieux, il n’empêche qu’on y va aussi pour la musique. Des chansons “déconne” à souhait, une batterie qui joue fort avec un Chateau Brutal (le monsieur) survitaminé, et Cusmar au micro capable d’évoquer Elvis sur des paroles dignes d’une antithèse de “Love me tender”. Voyez-plutôt : “I want your ass under my christmas tree (x2), and you know my balls are full of snow”. Il ne restera plus qu’à fourrer la dinde, et amis de la poésie, bonsoir. Le duo fonctionne au regard, il suffit d’un “on y va chéri” pour démarrer, et puisque sur scène ils s’éclatent, ça se transmet.
Petit florilège en vrac, vu et entendu :
Chateau Brutal : C’est un petit garçon qui dit à sa mère : « Je sais enfin dire mon prénom à l’envers ». Sa mère répond : « C’est très bien Bob ».
Cusmar : « Un morceau qu’on a écrit en répèt’, il y a cinq ans. »
Chateau Brutal : « Ta gueule et joue ! » (à Amélie D. Nordzee de Team Wild, pendant le mini-set)
Et en image :
Bilan de la soirée : des intros d’une finesse extrême (« Est-ce qu’il y a des femmes fontaines dans la salle ? J’en vois trois là bas. Allez faites pas les timides ! »), des blagues, mais aussi un bon gros son rock dans une ambiance surchauffée. Si le groupe Chateau Brutal passe dans vos contrées, c’est le bon moment pour se bouger et prendre une grosse dose de son gras.