Les années passent et le Hellfest continue d’évoluer, de marquer, d’amplifier et d’imposer. 2013 a marqué la huitième édition du festival qui a rassemblé pas moins de 103 000 festivaliers (dont 41 000 le samedi), soit une légère baisse comparé à l’édition précédente qui en a compté 102 000. Malgré cette légère faiblesse, ce fut une nouvelle fois une magnifique édition. Nous vous proposons de revenir sur ce moment le temps d’un bref compte-rendu, un œil sur quelques points, un rapide retour en enfer…
Un regard sur la programmation et sur nos coups de cœur
Il semble évident de commencer par le cœur du sujet : les groupes. C’est un secret pour personne, le Hellfest fonde sa renommée sur sa diversité. Que vous soyez allé ou non au Hellfest, vous avez tous vu passer au moins une fois l’affiche sous vos yeux, inutile donc d’y revenir. A ce propos, Ben Barbaud a avoué durant la conférence de presse être rassuré que le public soit fidèle malgré une affiche moins importante le dimanche. Et oui, Iron Maiden ayant opté (au grand damne des organisateurs) pour le Sonisphère et Rammstein pour les Vieilles Charrues, il a été difficile de corriger le tir pour cette dernière journée. Mais relativisons, cette absence de véritable poids lourd n’a pas été extrêmement préjudiciable vue la fréquentation.
Commençons par le commencement, le vendredi. Comme chaque année, les groupes français ont ouvert le bal (au moins en ce qui concerne la scène Temple, la Valley et la Warzone). Dommage, car ce n’est évidemment pas le meilleur horaire pour que le public se masse à son paroxysme… Mais pour 7 Weeks, ce fut tout de même un joli carton. Présents pour défendre leur nouvel album Carnivora, le public leur était déjà acquis puisque l’ambiance était déjà bien présente avant même que les premières notes ne raisonnent. Un très bon moment et très bon départ de festival. D’ailleurs les bons moments n’ont pas manqué durant cette journée. Les américains de Between The Buried and Me n’ont eu, eux aussi, aucun mal à capter l’attention d’un public hypnotisé par tant de virtuosité. Il n’y a pas à dire, ils sont la preuve incarné du regain d’intérêt qui existe pour le metal progressif. D’ailleurs, nombreux sont les festivaliers qui, sans être amateurs du genre, ont tout de même souhaité assisté à ce show. Allier la puissance du death metal à la complexité du progressif est très certainement l’une des recettes les plus en vogue, surtout lorsque c’est aussi bien fait. Quelle claque ! L’après-midi aura aussi été marqué par les riffs entêtant de Hellyeah qui aura mis le feu avec un set dynamique et enjoué. En parlant de bonne ambiance, Twisted Sisters a fait un retour triomphal là ou, trois ans plus tôt, ils avaient réussi à imprégner leurs refrains dans la mémoire de chacun. Pour enfoncer le clou, ils ont repris les titres majeurs du mythique Stay Hungry et compléter par d’autres singles plus ou moins récents. Nous avons eu droit à trois rappels du titre phare « We’re not gonna take it », rien que ça ! En parlant de retour au Hellfest, At The gates aura aussi été l’un des cartons de la journée. Malgré un son assez fouillis, les suédois ont déchainé la Altar en reprenant les nombreux incontournables de l’incontournable Slaughter Of The Soul. Depuis leur reformation en 2008, ils enchainent les festivals et montrent qu’ils n’ont jamais été enterrés. Un Tomas Lindberg en très grande forme, une set-list parfaite, sans nul doute le point culminant de cette journée.
Le samedi pourrait quant à lui être qualifié de « family day ». Les deux géants Kiss et ZZ Top auront attiré tous les âges, et même de très nombreuses familles. Depuis que le Hellfest existe, il n’en aura jamais accueilli autant, allant des jeunes bambins aux vieux bikers, l’éclectisme n’est pas seulement dans la programmation ! Les ZZ Top étaient très attendus, et malgré un départ laborieux avec des titres très bluesy, les texans ont su réveiller la foule avec les singles qui les ont fait connaître, et le tout avec un son absolument (trop ?) parfait. Quant à Kiss, ils nous ont offert un show très similaire à celui de 2010, évidemment grandiose et spectaculaire, avec de nombreux effets, une tyrolienne de la régie à la scène… Bref un bon gros show à l’américaine, devant un public venu très, très, très nombreux… Du côté de la Warzone, on retrouve la même saturation. Nofx a déferlé son punk devant une foule impressionnante, saturée et compressée, à tel point qu’il était quasi infaisable d’approcher la scène, de près ou de loin. Beaucoup de personnes se sont plaintes de cette surpopulation qui a même surpris les organisateurs. Ben Barbaud a d’ailleurs eu l’honnêteté d’expliquer que l’économie même du festival justifiait une programmation comme Kiss ou ZZ Top qui, forcément, attirent énormément de monde. Ainsi, le cœur du public ne change pas, mais c’est la pluralité même du festival qui lui permet de continuer d’exister. Quoi qu’il en soit, Ben a rappelé sa volonté d’accueillir des groupes moins importants venant de tous les horizons, pourvu qu’ils soient de qualité. Bref, outre ce désagrément, la journée aura été marquée par plusieurs concerts dont le retour sur scène de The Old Dead Tree. Quel grand moment ! La joie de Manuel Munoz et sa bande était flagrante, et ils ont reçu un superbe accueil d’un public qui les attendait depuis bien longtemps. Comme annoncé, ils ont repris entièrement The Nameless Disease, depuis « We Cry As One » jusqu’au douloureux titre « The Bathroom Monologue ». Un hommage à un album qui fête ses dix ans, et à un homme parti trop tôt… L’émotion de Manuel Munoz était palpable, les larmes au yeux, certainement dans l’impossibilité de définir les 1001 sentiments qui l’ont traversé durant ces soixante minutes. L’après midi a par la suite été relativement calme, mais a repris en intensité avec les immanquables Unearth, Amorphis et autre Down. Ces derniers ont enflammé comme à leur habitude une Main Stage ou le public n’a pas hésité à répondre présent. Et encore comme d’habitude, ils ont fini par un jam de fin dantesque, cette fois ci sur le titre « Bury Me In Smoke » avec de nombreux guests, tels que Jason Newsted. Ils sont désormais des habitués du festival, à tel point qu’ils se proposeront spontanément pour remplacer Clutch le lendemain. Un grand moment de bœuf, reprenant des titres de « Nola », des reprises d’Eyehategod ou même de Crowbar. La soirée sera marquée par un Kreator qui aura eu du mal à sortir ses singles, sans doute leur moins bonne prestation depuis qu’ils viennent à Clisson, et un Morbid Angel qui aura lui aussi fait son travail sans toutefois réussir à me transcender. Une fin de soirée en demie teinte !
Enfin le dimanche sera l’occasion de voir Ihsahn une nouvelle fois (et manquer lamentablement Leprous). Un concert sympathique mais réellement difficile à pénétrer puisqu’il n’hésite pas à choisir les morceaux les plus torturés et certainement pas les plus accessibles. De son côté la Altar a accueilli Wintersun qui nous a présenté son power folk devant un public bien content de pouvoir enfin les voir en chair et en os. Et oui, Wintersun n’est pas connu pour sillonner régulièrement l’hexagone, raison de plus pour ne pas en perdre une miette, quitte à manquer Gojira qui a, apparemment, offert un show monstrueux et un wall of death déjà presque légendaire. Sur la Main Stage, Symphony X a fait également son premier passage au Hellfest. Une excellente setlist, des musiciens en forme et un son au top, très belle prestation ! Mais le concert de la journée restera très certainement celui de Volbeat qui a littéralement déclenché une tempête dans le pit (oui oui !). Un concert gigantesque comprenant un duo avec Barney de Napalm Death pour l’inattendu « Evelyn », un public furieux, une playlist parfaite et une ambiance générale unique. Et dire que lors de leur dernier passage ils jouaient au beau milieu d’un après midi et ne rassemblaient qu’une toute petite partie des festivaliers à tel point qu’il était très facile d’accéder au devant de la scène… On peut dire que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts !
Un regard sur les nouveautés
Cette année la Warzone était au format « open air », seule et loin, enfouie à l’autre bout du festival. Certes les amateurs du genre n’ont eu aucun mal à la trouver, mais le passage étranglé pour y entrer et la capacité d’accueil de cette zone aura du mal à être à la hauteur des grands noms qui y sont passés. Ben Barbaud a reconnu que plusieurs groupes de la Warzone ont leur place sur les Mains Stage mais que l’idée est de créer « plusieurs festivals dans le festival ». Il faut toutefois veiller à ce que chaque scène n’ait rien ou peu à envier aux autres, car si la Warzone fait jouer des groupes de prestige, elle doit aussi pouvoir contenir tous les festivaliers qui souhaitent les voir (or certains sont restés bloqués au point d’entrée pendant que d’autres ne parvenaient même pas à en sortir). Il faut reconnaître à la décharge de la Warzone que c’est tout le Hellfest qui a un peu montré ses limites en termes de capacité d’accueil pour la journée du samedi. Le concert additionnel de Down plein à craquer en était lui aussi une preuve, tout comme les concerts de Kiss ou Nofx évoqués plus haut. Difficile de pousser les murs malgré tout puisque l’édition 2013, c’est déjà 14 hectares de festival, 21 hectares de camping, et 22 hectares de parking. Voilà bien un challenge de taille pour les organisateurs puisqu’il faudra bien résoudre cette complication qui nuit au confort du festival, quitte à revoir encore la configuration et ses possibilités réelles d’accueil.
Une nouveauté étrange cette année était celui des toilettes. Impossible de mettre la main sur une pissotière digne de ce nom pour les hommes, et des queues interminables pour les filles. A coté de la restauration, une rigole a été installée dans laquelle de l’eau coule continuellement et ou le festivalier peut venir se soulager. Mais cela ne suffit pas, raison pour laquelle beaucoup de festivaliers ne prennent pas la peine de chercher des toilettes, et se laisse aller au mur le plus proche. Ben Barbaud a expliqué que le problème des toilettes était récurrent et que la réelle difficulté était celui des vidanges puisqu’on reprocherait apparemment plus l’état des toilettes que leur nombre. Il existe a fortiori peu de prestataires, mal équipés pour ce type d’évènement, et la zone d’agriculture du Hellfest mérite que l’on s’y attarde avec des pincettes.
Le Hellfest a aussi ajouté un village, avec de nombreux sponsors. Le lieu de restauration a été repensé pour se situer à un seul et même endroit, ce qui est quand même plus pratique il faut le reconnaître. Plus les années passent, et plus le choix est grand. Il n’est plus question de se limiter au kebab ou à l’américain, il aussi possible de manger chinois, des galettes bretonnes, du poisson grillé, du bœuf à la broche, etc. Côté boisson, outre la bière qui s’est écoulée pour une quantité de 135 000 litres, les viticulteurs ont eu la part belle avec un espace dédié dont l’entrée n’est autre qu’une immense porte sculptée portant l’intitulé « Kingdom Of Muscadet ». A l’intérieur de cette antre, c’est environs 10 000 litres de Muscadet qui ont coulé à flot. Mais Si ce n’était pas votre fort, le vin rouge a été lui aussi de la fête, du cidre irlandais et même un cocktail à base de vin. Enfin, si une petite soif vous a pris alors même que vous étiez loin du bar, vous avez très certainement remarqué ces « désoiffeurs » ambulants, équipés pour remplir votre gobelet ou que vous soyez !
A noter également que l’extreme market a été redessiné avec deux espaces extérieurs. Véritable temple pour le festivalier, il semble parfait chaque année mais parvient tout de même à toujours s’améliorer. Que vous soyez amateur de cuir, de guitares uniques, de vinyles rares, d’accoutrement viking faits mains, de lingerie féminine… Vous trouverez votre bonheur. Bravo pour ce bel espace qui nous ravit inlassablement.
Un regard général
Comme le disait Ben Barbaud, les scores de l’édition 2013 du Hellfest sont le signe d’une pérennisation de l’évènement et d’un rapprochement du public qui se l’approprie d’année en année. Désormais, nombreux sont ceux qui viendront quelle que soit l’affiche (pour preuve les 2 500 préventes disponibles pour 2014 ont été aisément écoulées en quelques heures). Malgré la crise et la perte de partenaires, le budget est proche du point zéro. Il faut rappeler qu’il s’agit d’un budget de 8,5 millions d’euros, autofinancé à 98%. Les organisateurs font donc un travail tout à fait formidable qu’il convient de saluer pour faire en sorte de concilier au mieux la gestion du budget, la qualité de la programmation et de l’organisation, les attentes des festivaliers, et au travers de ce prisme, la renommée internationale du Hellfest. Les organisateurs ont certes programmé de vieilles gloires comme ZZ Top, Kiss, Def Leppard, Saxons, Accept ou Twisted Sister, mais c’est aussi pour satisfaire les amateurs de Eagle twin, Red Fang, Procession, Treponem Pal et autre Buzzcoks. Le Hellfest fait de son mieux pour satisfaire le plus grand nombre. 2013 a rassemblé 170 groupes contre 118 en 2011 ce qui n’est pas anodin pour un festival qui parvient à stabiliser son budget tout comme en 2012. Le cauchemar de 2007 est bien loin, à commencer par la météo qui, si elle n’est pas non plus caniculaire comme elle a pu l’être pour certaines éditions, s’avère être clémente chaque année.
Pour l’édition 2014, l’affiche est aujourd’hui largement parue et promet encore une fois une formidable édition, certainement même une année d’accomplissement totale… Hellfest, on se voit en juin !
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