MFest – 6et 7 septembre 2013, salle les quatre vents. Rouziers de Touraine (37). Le Vendredi : brennkelt, Crackhouse, Glorior Belli, Seth, The Old Dead Tree. Le samedi :Lutece, Lappalainen, Demented, Absurdity, Belenos, Pitbulls in the nursery, Kronos, Dagoba.
Visiblement le MFest a du cœur au ventre et l’envie de bien faire. L’affiche de cette année
montrait clairement son ambition en invitant une des valeurs sûres du metal français, Dagoba. Mais la foule sympathique n’était pas là exclusivement pour les marseillais, loin de là. Venue parfois de bien plus loin que la région tourangelle, puisque nous avons pu repérer des parisiens, des représentants du massif central et du grand ouest, le compteur officiel affichait plus de 500 spectateurs. Les atouts de ce jeune festival ? Une salle située dans un cadre champêtre à seulement 15 km de Tours et idéalement placé le 1er week-end encore ensoleillé de septembre, soit de quoi offrir l’opportunité de terminer votre tournée d’été des festoch’ tranquillement. Ceux qui auront goûté aux joies du camping (gratuit) auront donc pu profiter de l’affiche exclusivement française mêlant black, pagan, brutal death, metal technique et expérimental, rien que ça !
C’est sûr nous méritons de manger des scarabées velus car nous n’avons pu nous rendre sur les lieux que le samedi et se faire scarifier par un tatoueur maori alcoolisé pour n’avoir pu assister au show qu’à partir de Demented. Mais le public présent la veille assurait que les prestations du vendredi avaient été de haute tenue et tout cela dans une ambiance bon enfant très agréable.
Dès que nous entrons dans la fosse aux lions, nous sommes doucement bercés par la puissance ultra efficace de DEMENTED. On peut regretter que la salle soit encore un peu vide en ce milieu d’après-midi mais nul doute que vue l’énergie dégagée sur scène, cela va vite changer. Le groupe a connu quelques changements dans son line-up depuis sa formation en 2008 mais semble avoir pris son rythme de croisière à en croire ce que l’on entend. Ce mélange de death moderne ponctué de passages old school est savamment orchestré par une double oppressante et omniprésente. On se rend vite compte qu’on a en face de nous une des pointures du moment. Le groupe a signé il y a peu chez Klonosphère et a d’ailleurs déjà partagé l’affiche de quelques grands comme Napalm Death, Loudblast, Septic Flesh…
Setlist : Shaman, Sacrifice, Listen, On the edge, Spirit, Sign of creation
Découvrir un groupe et l’aimer dès les premières chansons est un plaisir qui ne se feint pas, ce fut le cas ce jour avec ABSURDITY. J’en entends déjà me vilipender et me clouer à la porte de leur ferme pour manque totale de culture (ceci pourra largement faire l’objet d’un autre sujet). Pourtant je dois l’avouer, je n’avais jamais entendu parler d’eux, mais dès le début du set j’ai retrouvé dans leur musique tout ce qui me fait vibrer : un brutal death aux riffs punk/hardcore rageurs et au mid-tempo sauteur. Ricardo Gomes (chanteur) a su dès les premiers instants véhiculer une force et une énergie qui a rendu la foule hystérique, le reste du groupe, tout aussi motivé et chaleureux, a su l’épauler sans défaut. Leur nouvel album D:EVOLUTION est un concentré de ce qui se fait de mieux, et ABSURDITY sait redonner, sur scène, ce qu’il peut produire en studio. A l’écoute de morceaux comme Spawn ou Concrete Brain on se dit qu’il y a du talent chez les Strasbourgeois. A ne pas rater s’ils passent près de chez vous. Si ce n’est pas le cas, procurez-vous leur album vite, VITE !
Setlist : A Taste Of.., Scorn & Ignorance, Rewind, Logical War Process, Sneaking Data, Spawn (Unreleased), Novae, Concrete brain, Soul Spirit, Death.Kult.Paranoia, D:/Evolution » [Nicolas]
Nous décidons de faire une pause sur Belenos pour respirer un peu. On nous assura que leur black metal pagan aura été des plus efficaces avec des musiciens vivant à fond leur musique. Caprice de star de la tête d’affiche du soir ou retard sur l’horaire, impossible de savoir mais il est vraiment dommage d’avoir vu les sets de Pitbulls in the nursery et Kronos raccourcis. Car ces deux formations possèdent aujourd’hui un aura quasi culte, et à juste titre, tant ils peuvent se prévaloir de nombreuses années d’activistes forcenés dédiées à la cause de l’underground français, et des galères inhérentes… En particulier pour un groupe aussi mythique et rare (et disons-le injustement méconnu du grand public) comme PITN qui vient ici défendre son unique album datant déjà de 2006. Fauché dans leur ascension par la faillite de leur label, il ne possède même plus de cd en stock sur leur stand ; même s’ils nous promettent une réédition prochaine ainsi que la sortie d’un album. Leur audacieux mélange expérimental de death technique aux influences jazz et autres variations inédites impressionne de maîtrise. Un monstre qui aurait ingurgité tout Atheist ainsi que les rythmiques syncopées de Meshuggah. Le tout prend son envol sur scène avec une redoutable efficacité. Malgré des problèmes de son sur la droite de la scène, surtout au niveau du chant, le groupe de la région parisienne va déverser sur la foule en osmose un set dément, riche et incarné par un chanteur charismatique et habité. Un régal trop court, comme on l’a dit, car l’orga se voit obliger de l’interrompre. Le chanteur cachant ses traits sous une capuche noir qu’il n’aura jamais quitté, en bon justicier masqué, hésite un instant à braver l’interdit, galvanisé par les cris de la foule qui ovationne le groupe, mais renonce en remerciant le public de l’accueil chaleureux. Pitbulls in the nursery est peut-être le meilleur groupe français du genre vu depuis longtemps sur scène. Gageons que le public ne les oubliera pas lors de leur prochaine apparition.
Kronos présente lui aussi une carrière en dent de scie. Des problèmes de line-up, trois albums en 12 ans, c’est peu et on aimerait les voir plus souvent venir tout détruire comme ils l’ont fait ce soir. D’entrée Kronos possède un atout de taille avec le batteur Kevin Foley, mercenaire de luxe officiante à l’origine dans Benighted, remplaçant leur batteur victime d’une tendinite. Ayant eu le privilège de jouer pour Sepultura sur quelques dates, Kevin aurait eu seulement deux jours pour mémoriser ces titres ultra rapides. Oui, Kronos, c’est de la vélocité à l’état pure, incarné par un chanteur carré qui ne relâche pas ses efforts un instant pour soulever le pit. Au point que l’orga doit faire appel à des renforts pour maintenir les barrières de sécurité. Kronos appartient à la grande famille du death brutal à la Decapitated aux riffs létaux couplés aux soli lumineux et à l’interprétation irréprochable ; ils méritent à l’avenir une plus grand exposition.
Arrive le cas Dagoba, la tête d’affiche. N’étant pas fan à la base de leur metal au refrain trop accrocheur pour être honnête, inutile de s’étaler sur une prestation bien plus « américaine », tout en notant que la salle se videra peu à peu avant la fin du set. De plus mon enthousiasme ne s’est pas soulevé quant au début de leur set on apprend l’interdiction de photographier, non seulement pour les reflex mais même pour les portables. Pour avoir vu en salle, des dizaines de groupes de renommés bien plus grande que Dagoba sans jamais avoir vécu cette situation, on frôle le ridicule. En cause des consignes de la boite de production sans doute ; des archaïsmes dont ils seraient bon de se passer en 2013. Dommage car leur batteur Franky aura arpenté une bonne partie de l’après-midi les lieux pour aimablement se faire prendre en photo avec ses fans (ironie de la chose ?). [Sly]
Credits photos: Sly
1 commentaire
Les commentaires sont fermés.