Alternative Fusion [8/10]
2013 @ Klonosphere / Season of Mist
Le futur du Metal s’annonce sous le signe du mélange des genres. Alors qu’il y a encore quelques années en arrière le metalleux était très sectaire et veillait à ce que chaque style reste dans sa case, aujourd’hui la mode est à la mixité, au mélange sans vergogne de tous les styles non seulement Metal mais aussi Rock, Jazz, Electro… Tout peut servir. Les vieux n’avaient finalement pas si tord : les jeunes n’ont plus de respect pour rien ! Toujours est-il qu’il est agréable aujourd’hui de pouvoir avouer son ouverture musicale sans que l’on soit affublé de vendu ou d’autres qualificatifs tout aussi tolérants. Des groupes fleurissent ainsi dans cette idée, sans inventer réellement quelque chose de neuf, mais en jouant les chimistes à expérimenter diverses mixtures interdites ils créent de l’étonnement. Lopsided est de ces groupes. Véritables savants fous omnipotents et pluridisciplinaires qui ne s’arrêtent à aucune frontière. Leur Metal transgénique et protéiforme est un horizon de couleurs insaisissables dont chaque élément réunis ensemble forme dans sa différence un paysage naturel. Le groupe a beau être instable dans ses humeurs, tourner ses chansons dans tous les sens, oser la rupture franche dans son écriture, ne pas suivre tout le temps la même direction, cela reste quand même suffisamment accrocheur. C’est vivant comme le serait une histoire que nous verrions se dérouler sous nos yeux, avec son thème, son intrigue, ses rebondissements, ses poussées héroïques. Certains reprocheront sans doute l’approche un peu Toolienne sur quelques passages, mais à leur défense je dirais que c’est fait intelligemment et sans singerie. Lopsided, à nourrir son écriture avec tout ce qui passe devant son gosier, ressemble sans difficulté à ces Tool, Mike Patton, Melvins et consort, précurseurs en la matière du mélange des genres et de l’écriture progressive. Mais Lopsided ont surtout eu la finesse d’esprit de chercher à développer et garder leur identité. Il est vrai aussi que l’auditeur néophyte en ce genre de musique, appréciera peut être un peu plus de ressemblance entre les morceaux, mais faut garder en tête que les Lillois sont des musiciens hors-pair, plein d’idées, qui fondent un univers pièce par pièce, peut-être pas avec la régularité d’un maçon, mais avec l’œil d’un artiste. Holda’s Grace est en cela un très bon album qui mérite le détour.
