image article InMe + The Pineapple Thief

Photo par Fabien

Complexe – Bordeaux- 28/11/2012

La nuit est tombée et le froid hivernal a eu raison de ne pas nous faire attendre longtemps dehors. L’organisation prend le micro, ce soir il ne s’agit pas d’une tête d’affiche mais bien de deux, raison pour laquelle la soirée se divisera en deux shows d’une durée égale : 1h30 chacun.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette petite tournée n’a pas eu pour effet d’attirer un large public… Près de cinquante personnes auront fait le déplacement. Dommage. Les groupes ont quant à eux rencontré quelques problèmes avec leur tour-bus, c’est donc avec un grand soulagement qu’ils s’apprêtent à fouler les planches du Complexe bordelais.
Le trio, devenu quatuor en 2008, de Inme nous plonge sans attendre dans le rock alternatif qu’on leur connait. Forts de plus de seize ans d’existence, ils déversent des riffs énergiques avec enthousiasme, très souvent efficaces et d’une propreté sans conteste. Leur technique est bien maniée, au service de riffs parfois surprenants (à noter, quelques tappings et quelques slaps qui apportent de belles couleurs). Nous avons droit à deux titres extraits du nouvel album Pride intitulés respectivement « Silver Womb » et « Guardian ». L’alternance entre les phases tranchantes et atmosphériques de leur musique est très souvent saisissante. Tantôt groovy, catchy et métallisant, tantôt aérien et plus lancinant, leur rock porte pourtant toute l’ambiguïté d’un genre qui peine à s’affirmer. Un rock/métal très british qu’il faut reconnaître bien fait mais qui ne surprend pas outre mesure. En outre, la set-list est suffisamment longue pour se rendre compte que la structure des morceaux est trop souvent interchangeable. On a parfois l’impression de tourner en rond. Est-ce que ce sont les raisons pour lesquelles le public ne semble pas très réceptif ? Le devant de la scène est vide, rares sont ceux qui daignent bouger la tête et les applaudissements son timides. S’ils sont parvenus à établir une sympathique notoriété outre-manche, le résultat semble tout autre en France. Dave McPherson, le chanteur guitariste, est d’ailleurs un peu dépité… Multipliant les grandes gorgées de bière comme pour essayer oublier cette journée entière en plein set, il finit par lancer un appel désespéré au réveil général : « come on it’s a rock show ! », puis de désigner la seule personne dans le public qui bougeait un tant soit peu et dire : « only this guy understood ? ». Peine perdue ! Dommage. Il faut dire que le son n’est pas en leur faveur : pas d’une propreté absolue certes, mais surtout extrêmement fort, et la pierre bordelaise qui façonne l’acoustique du Complexe n’arrange rien. Nombreux sont ceux qui préfèrent se replier à l’arrière de la salle, et certains iront même jusqu’à la quitter. Un spectacle qui ne suscite pas l’engouement espéré mais qui fait tout de même passer un bon moment, tant bien que mal. Inme quittera finalement la scène sans trop demander son reste, saluant et remerciant rapidement un public qui sera resté majoritairement étanche à leur musique.

C’est au tour de The Pineapple Thief. Pas de doute, le public est là pour ça. C’est sans se faire prier qu’il s’approche au plus près de la scène et commence à frapper le rythme d’un seul homme. Il faut dire que les anglais fêtent leur grand retour en France : premier concert dans l’hexagone en neuf ans ! Et c’est d’ailleurs la seconde fois seulement qu’ils y viennent. Ceci explique que certains trépignent d’impatience à l’idée de voir enfin en personne les auteurs des mélodies qui ont tant fait voyager leur esprit… Voyager, oui c’est le mot. Pineapple Thief nous convie ce soir à un périple au cœur des sentiments, une croisière sur les vagues de l’émotion rafraichie par des embruns de frissons formés par le ressac d’une mer qui n’a d’huile que l’apparence. Une émotion à la fois pure et divinement modelée. Les conditions intimistes du concert rendent le dialogue et la synergie entre les artistes et leur public tout à fait palpable. Ce dernier a mis de côté sa carapace et s’abandonne complètement à cette conversation sans mots. Ce tête-à-tête sera d’ailleurs sublimé à la fin du titre « Someone here is Missing », où Bruce Soord finit par un magnifique a capella, le public demeurant pendu à ses lèvres, retenant son souffle de peur de venir troubler ce moment de plénitude.
Le son est cette fois très bien équilibré, beaucoup plus rond. La basse sur-mixée au début est rapidement corrigée par la suite. Le jeu du batteur Keith Harrison est somptueux, tout en nuances, digne reflet de l’ensemble des compositions. Tout est distillé et disséminé avec parcimonie et justesse. Les nappes de claviers et les samples offrent une belle mise en perspective du tout. La progression de chaque titre s’effectue à pas feutrés, pour verser dans un rock vif et captivant. Chaque création prend tout son sens durant ce temps d’évasion. Ce soir Pineapple Thief se fait le chantre de la poésie. Anathema et autres Steven Wilson n’ont qu’à bien se tenir, l’atmosphère est tout simplement enivrante !

Ce set se finira par un duo avec une célébrité locale du nom de Julien LOko sur le titre « I will light up your eyes ». Une belle symbiose entre ces deux voies et un joli partage pour le plus grand plaisir du public qui en aurait bien voulu plus. Les Pineapple Thief quittent la scène acclamés par des spectateurs (déjà) conquis qui auraient certainement préféré rêver encore un peu. Espérons qu’ils n’aient pas à attendre neuf autres années.

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Sly

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