Death Metal [9.5]
2012 @ Listenable Records
Gorod est désormais en territoire conquis. N’en déplaise aux américains, il faut rendre à César ce qui est à César ! Avec ce quatrième album, les bordelais frappent avec les deux poings sur la table et nous on applaudit des deux mains. Un style affiné, enrichi, fignolé, poli et bien à eux. Parce que oui, Gorod est à lui tout seul un vent de fraicheur sur le Death Metal qui a une fâcheuse tendance à tourner en rond ces derniers temps. C’est un disque qui demande de multiples écoutes, ne serait-ce que pour apprécier les nombreux détails qui font sa richesse. Process of a New Decline avait fait l’unanimité chez les amateurs et les médias, et tout le monde se demandait alors s’il était possible de faire mieux. Il ne s’agit pas en réalité de faire mieux ou moins bien mais de rester fidèle à soit même et c’est objectivement réussi. Indéniablement, Gorod continue de faire ce qu’il sait faire : progresser. La performance réside déjà dans le fait que dès le premier album ils ont choisi d’aller directement tutoyer le haut niveau. Quand on place la barre très haute, on se fait une réserve de fans exigeants. Ces derniers attendront de vous de faire aussi bien, sinon mieux à chaque fois. La moindre erreur de parcours vous fait subir de vives critiques. En ce qui concerne nos amis du Sud Ouest, ça ne sera pas A Perfect Absolution qui les fera plonger. Bien au contraire, ils confirment qu’ils siègent sur un trône de maîtrise qu’ils n’entendent pas délaisser. Avec chaque album, c’est un nouveau challenge, ils font l’effort de se renouveler, ils vont chercher le détail qui fait mouche, et continuent d’utiliser leur incroyable technique à bon escient. Bref, l’auditeur est respecté et ça fait du bien un peu de sincérité.
Mais entrons au cœur de la machine. Quels sont donc ces éléments qui font cette fameuse identité ? C’est tout d’abord ce contrôle absolu du groove à haute vitesse. Les sections rythmiques sont toujours aussi affutées et s’enchainent parfaitement. Le groove de Gorod se nourrit des alternances binaires/ternaire, se régale de coupures nettes et incisives, se bonifie de riffs/solos jamais redondants. Par ailleurs les bordelais n’ont pas écouté que du Death: ouverture est le mot d’ordre. Les titres « Carved In The Wind » ou « Varangian Paradise » ne manqueront pas de vous convaincre que Gorod a le goût du risque. Le mélange des genres est parfaitement fondu, chaque moment d’originalité s’intègre comme les pièces d’un puzzle. En outre les envolées mélodiques qui ont fait leur réputation sont toujours là. Et le tout, toujours dans un souci d’efficacité. Pour le chant, Julien (Zubrowska) a remplacé Guillaume et a apparemment trouvé sa place. Il dispose d’une palette de possibilités vocales plus étendues, s’essayant à la voix Death, Hardcore sur « Elements And Spirit », au chant « hurlé » sur « Birds Of Sulphur », voir à la voix claire sur « The Axe Of God »! Cette large gamme est un atout pour Julien puisque Gorod aime la diversité. On ne reste donc pas sur le chant guttural rectiligne qui s’accorde parfois mal à l’environnement du moment. Ce disque est une nouvelle fois une réussite et vient conforter la place de Gorod parmi les leaders de la scène Death française. Un disque qui vous surprendra à chaque instant. Un must !