Death Metal [7.5]
2012 @ Metal Blade
Les new-yorkais nous livrent ici le douzième album d’une discographie (presque) sans faille. Torture ne dérogera pas à la règle et se place directement dans la continuité d’un savoir faire alliant l’esprit de la vieille école à une modernité toute particulière parce qu’empreinte d’un long passé faisant foi. Ce dernier aspect est d’abord accentué par le travail de l’incontournable Erik Rutan (leader de Hate Eternal et ex-Morbid Angel, il est producteur des deux derniers albums de Cannibal Corpse, ndr) qui a développé un mixage qu’on lui connaît bien : puissant, propre, naturel et équilibré. Le quintet impressionne par sa constance. Avec ce nouveau full-length, Cannibal Corpse signe très clairement pourquoi, vingt-quatre années après, il est toujours là. L’exécution est inébranlable, affirmée et conquérante. Présenter les éléments qui ont fait la renommée du groupe ne servirait à rien, soyez sans crainte, ils sont tous au rendez vous. Un style direct. Un style écrasant. Leur recette d’un succès assourdissant ! Passons alors aux éléments clés de cet album. Les structures tout d’abord sont légèrement plus complexes. Combinées à des variations spectaculaires dans l’intensité, la fusion est parfaite. Cannibal Corpse surprend par cette alternance cinglante d’énergie. Les riffs sont d’une efficacité à tout épreuve, qu’ils soient lourds, mid-tempo ou foudroyants. Cette capacité à vous entrainer si facilement dans ce monde de brutalité guerrière est frappante. Surtout, chaque titre est plus personnel, plus distinctif, éloignant le spectre du pavé monolithique souvent craint pour le groupe.
Pourtant cet album divise. D’après certains c’est l’un des meilleurs albums de la discographie, mais pour d’autres c’est un échec cuisant. Nous ne trancherons pas sur ce point, vous savez ce qu’on dit des gouts et des couleurs. Cependant, il est très vraisemblable que le fait que les membres du groupe se soient un peu plus impliqués dans l’écriture des compositions y joue pour quelque chose. En effet, Alex Webster n’est plus l’unique instigateur des compositions : il signe cinq titres, trois pour Rob Barrett et quatre pour Pat O’Brien. On retrouve donc la patte de chacun, et le disque gagne en opulence. Venant d’un groupe qui n’a plus à faire ses preuves, l’oreille mérite d’être tendue pour cet effort de renouvellement. Si cet album ne ralliera peut-être pas les plus circonspects, il aura au moins le mérite de montrer que Cannibal Corpse gagne encore à être chroniqué, parce qu’il y a encore des choses à dire sur sa musique et que finalement le groupe sait ne pas resservir deux fois la même chose.