[ Chronique ] KADAVAR – For The Dead Travel Fast ( Nuclear Blast )

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KADAVAR a connu un succès grandissant ces dernières années et son dernier opus ne nous fera certainement pas mentir… Le cinquième album du trio berlinois baptisé « For The Dead Travel Fast » tente, comme beaucoup de groupes en ce moment, de redonner vie au fantastique, à l’horreur et à l’occulte made in 70’s et 80’s. Mais, là où certains ne sont que façade ou mode, KADAVAR s’applique et va au fond des choses, n’hésitant pas à s’imprégner de lieux et d’ambiances particulières afin d’obtenir le rendu voulu ( cf. le Château de Bran sur la pochette de l’album ). Cependant ne nous arrêtons pas à la simple imagerie car c’est bel et bien de musique qu’il est question ici…

Sous couvert d’un doom rock qui tend de plus en plus vers le psyché, KADAVAR s’incarne et s’est toujours incarné dans le son de ses aînés tout en faisant appel à des images associées à l’occultisme. Avec une composition toujours aussi intelligente, contagieuse, maligne et entraînante, le groupe montre aujourd’hui un nouveau visage, une évolution de leur son vue comme une célébration de tout ce qui est diaboliquement fantasque, obscur et métamorphe, tout en restant plus heavy que jamais.

Moins frontal et brut, plus complexe que son prédécesseur « Rough Times » ( 2017 ), « For The Dead Travel Fast » est associe à un voyage à travers les méandres du temps, à un retour aux racines psychédélique du rock, sans hymnes à la paix ou à l’amour mais avec des litanies dédiées aux chimères, aux monstres millénaires ou hallucinés tels Belzébuth ou Vlad Țepeș. D’ailleurs, on le ressent d’emblée dans le son très riche et outrageusement rétro. Même si il ne fait aucun doute que l’on retrouve le style KADAVAR, la basse sonne beaucoup plus ronde et chaleureuse, les guitares sonnent encore plus profondes et infuzzées, et la rythmique ample, coronaire, résonne encore dans mon crâne au moment où j’écris ses lignes…

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On notera également une évolution dans la voix de Christoph « Lupus » Lindemann, toujours aussi nasillarde et enlevée dans les moments énergiques puis crooneuse dans les passages plus calmes. Mais cette fois-ci, on l’a comme noyée, empêtrée et lasagnée sous une tonne d’effet. Le rendu est complètement aérien, détaché et parfois presque cynique et cependant loin d’être désagréable.

Dès les premières notes de « The Devil’s Master », on pense à GHOST ( sans le côté putassier ), à THIN LIZZY, à BLACK SABBATH ou encore à UNCLE ACID AND THE DEAD BEATS, et ceci n’est pas une critique. Bien au contraire, cela en fait un album complet et hétérogène, qui offre autant d’obscurité que d’électricité, de folie. Chaque riffs, chaque leads, chaque passages évoquent le passé tout en s’ancrant dans le présent ou du moins dans une vision relativement moderne de la composition. 

KADAVAR ouvre et enrichit son jeu, monte d’un cran dans la complexité, prouvant ainsi que son univers est vaste et qu’il utilisera tout les moyens pour nous y ensorceler : de la comptine rock gothique presque accessible « Dancing With The Dead » au rythme effréné et aux soli vibrants de « Evil Forces » en passant par la ballade monotone « Saturnales »Mais le plus important c’est que ces titres collent à la peau comme des sangsues, grignotent et aspirent synapses, cervelet, neurones, jusqu’à vous faire sombrer et trôner en vous sans vergogne.

Pour moi, cet opus se vit de long en large, comme une épopée rock occulte, une comédie musicale aux allures de western transylvanien, avec ces moments dynamiques, ces respirations impavides, ces envolées et ces ballades. Après avoir parcouru, tels des hors-la-lois, les plateaux des Maramureș, le trio se porte au chevet d’un Dracula désabusé, pétri de l’humour d’un Don Quichotte, se (dé)battant ardemment contre vents et lumières dans une sombre extravagance édulcorée aux psychotropes…

 

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