[ Chronique ] ABBATH – Outstrider ( Season Of Mist )

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Célèbre pour son corpse-paint, ses chutes ridicules, ses sorties pleines d’humour ou son alcoolisme latent, mais aussi pour sa voix et son riffing unique, le Norvégien Abbath est et restera à jamais un personnage central de la scène metal. En tout cas, il ne laisse pas indifférent, il agace même parfois, et donc il colle tout à fait à l’image de cette scène qui, on le sait bien, se révèle être extrêmement capricieuse.

Aujourd’hui, le multi-instrumentiste et ex-chanteur d’IMMORTAL est attendu pour son deuxième album, un peu plus de trois ans après un premier essai franchement convaincant ( cf. notre chronique ). Entre-temps, beaucoup de lives sont venus appuyer son propos et sa formation a pas mal évolué avec notamment le départ de King Ov Hell ( ex-GORGOROTH ) pour divergences musicales et, on suppose, pour divergences extra-musicales.

La question que pose la sortie d’« Outstrider » est la capacité de son principal protagoniste à dépasser le résultat de son premier essai qui semblait encore très empreint d’IMMORTAL, et ainsi se renouveler et créer sa propre entité.

Ce nouvel opus est en tout cas plus court et apparaît plus tempéré que le premier. Son illustration impressionne en dévoilant ( à l’image du premier album ) le visage d’Abbath fondu et comme enraciné dans un décor qui n’est pas sans rappeler l’univers lovecraftien. Ce qui nous amène sur la piste des textes s’éloignant peu à peu des légendes scandinaves et autres gnomes forestiers pour se concentrer sur des thèmes plus mystiques voire introspectifs.

L’incarnation musicale du quatuor n’est, elle aussi, pas en reste puisque l’album débute avec l’introduction acoustique de « Calm In Ire ( Of Hurricane ) ». Puis une plongée tête baissée dans un monde glacial, dans une bataille fantastique, sorte de fusion de NWOBHM avec des mélodies rhapsodiques, une ambiance black épique et un propos pseudo-philosophique tiré des idées noires de son créateur. Du ABBATH pur et dur en somme, l’âme immortelle soufflant son feu de glace…

« Outsrider » fait donc partie de ces albums qui s’écoutent d’une traite, sans sourciller et sans aucun ennui. Les titres s’enchaînent comme des coups de hache sur une bûche. ABBATH semble vouloir aller à l’essentiel et de la manière la plus naturelle possible. De fait, le son est sans chichi, organique et fort. L’ambiance y est aussi glaciale qu’entraînante, furieuse, complexe et intense. Quand on écoute « The Artifex », « Harvest Pire », « Land Of Kherm », « Hecate » ou « Outstrider », on voit bien qu’il n’y a pas et qu’il n’y aura pas de faiblesse ou de ventre mou. Au contraire, on retrouve dans le riffing une forte facette rock’n’roll ou heavy, tempérée par une intensité black qui tient en haleine et étrangle, étouffe l’auditeur sans discontinuité, et des breaks plus calmes qui aèrent l’oeuvre.

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L’album s’achève sur une reprise de « Pace Till Death » de BATHORY qui correspond tout à fait à l’esprit de l’album, piégeant ainsi l’auditeur entre enfer glacée et abîme givrée. De son côté, Abbath impressionne et trône fièrement, encore et toujours, grognant comme un dragon, soufflant le feu et la glace, arpentant cette saga de sa malice ténébreuse, de sa nostalgie adéquate et de ses riffs d’acier.

Avec « Outstrider »ABBATH répond à IMMORTAL de la meilleure des manières et vient confirmer qu’il faut compter avec lui, qu’il est loin d’être fini, que ses lives et ses facéties ne feront jamais d’ombre à son œuvre et qu’elles ne sont certainement pas le seul reflet de cet artiste multi-facettes.

Le Norvégien, bouillonnant encore d’idées et de riffs à faire pâlir la moitié de la scène black-thrash actuelle, signe un disque fort et prenant, taillé dans cette pierre noire qu’il conserve jalousement depuis près de trois décennies…

 

 

 

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