[ Report ] NECROS CHRISTOS + VENENUM + ASCENSION @ Ubu, Rennes, 06/02/19

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Que vois-je ? Qu’entends-je ? L’Ubu serait investi en pleine semaine, un mercredi ( jour des petits ) par une horde de Teutons diaboliques ? Et pas des moindre ! Puisque ce plateau 100% germain rassemble ce que l’on pourrait appeler la fine fleur du black allemand ( hors DER WEG EINER FREIHEIT ) avec le duo ASCENSION, VENENUM et enfin au dessus du lot NECROS CHRISTOS. Ce dernier assurant sa dernière tournée en tête d’affiche puisque le groupe a décidé de mettre fin à ses activités après 30 années de bons et loyaux services… En fidèle serviteur dédié à la cause et malgré un combat météorologique intense fait de vent glacé et de pluie battante ( rien de tel pour apprécier l’ambiance chaude d’un show ), j’ai enfilé mes plus beaux atours pour honorer la dernière apparition des légendaires NECROS CHRISTOS et de leurs acolytes.

Bonne nouvelle, je suis à l’heure, voire même en avance, ce qui ne m’est pas arrivé depuis un bon moment… J’ai donc largement le temps de me placer à bonne distance pour voir et entendre correctement dans cette foutue salle ( ce qui connaissent l’Ubu comprendront ). C’est pile poil à l’heure, dans un brouillard épais et rougeoyant qu’ASCENSION envahit l’espace scénique et sonore… Rouge qui ne quittera plus la salle tant que le groupe sera sur scène. Première constat, le son n’est pas trop mal mais pas non plus fou-fou. Les musiciens balancent leur black « occulte » avec une nonchalance involontaire dû à un manque flagrant de conviction et de charisme. La prestation est statique sur scène comme dans le public, le groupe ne ( se ) convainc pas. Ça balance du riffs en mode posé, un peu comme si on était en répét’. Le chanteur vêtu de guenilles, statique et comme endormi finit de me faire penser que le groupe vient à peine de se lever… Son chant est approximatif, déraillé et pas aux confins de la « justesse » tout comme les riffs du guitariste qui semble à la peine lui aussi. Ça manque de Ricoré pour toute l’équipe !! Un show loin des montagnes russes qu’appelle le nom du groupe. Au final, je me retrouve devant un truc plutôt ennuyeux et rouge ( ça on a compris ) alors que sur album c’est assez prometteur. Côté public, peu de personnes semblent emballées, la plupart finiront le show comme moi, à boire une bonne IPA bien fraîche accoudé au bar. Une prestation que je préfère oublier.

Place maintenant à VENENUM !! Sans introduction, le quatuor va tout de suite me mettre dans le bain. Si ASCENSION était rougeoyant, VENENUM plonge dans les abysses bleus et les abîmes verts, un endroit profond, lointain et empreint d’onirisme. Un lieu où la musique s’installe, s’empare des corps et de chaque onces d’esprit qu’elle peut agripper. Le groupe verse clairement dans un black metal différent, un truc à tendance psychédélique, poétique et cauchemardesque. Peu de mouvement, peu de chant, beaucoup de mélodies, de riffs inspirés et progressifs ( il n’y a pas que MARDUK dans la vie ). Les Allemands, masqués par leurs chevelures, semblent connectés spirituellement entre eux et cela se ressent sur scène. La prestation délivrée est sans accroc, même si une fois de plus le jeu de scène est quasi inexistant. VENENUM invoque spectres et ectoplasmes sous les yeux ébahis d’un public qui semble lui aussi aspiré dans cette Trance Of Death. Les cinquante minutes du set passeront d’ailleurs extrêmement vite et de manière plutôt agréable avec un son que j’ai trouvé bien plus audible, en tout cas beaucoup moins criard que sur ASCENSION.

Une pinte plus loin le temps de souffler un peu avant d’attaquer l’entrée, le plat principal et le dessert avec NECROS CHRISTOS !! Oui, je n’ai pas peur de le dire : tout ce qui s’est passé avent c’était l’apéritif, les amuse-bouches. Il y a toujours un peu d’émotion à voir un groupe tirer sa révérence après une carrière aussi longue et riche. C’est donc dans un calme empli de sacralité que les quatre membres du groupe investissent la scène. La performance est, comme à l’accoutumée, sobre, classe. Le son est clairement au-dessus des premières parties, on ne joue pas dans la même cour. NECROS CHRISTOS balance ce qu’il a de mieux dans ses valises : un black teinté de doom, puissant et racé. Ancrée dans un anti-christianisme primaire, sa musique est nourrie d’une forte charge émotionnelle qui se transmet immédiatement au public. 

Le chanteur, le grand Mors Dalos Ra, est planté au milieu de la scène du haut de son double mètre, la Flying V autour du cou, le regard décidé et plein de charisme. Les autres membres statiques eux aussi, mais collant tout à fait au style, délivrent chaque titres avec talent et doigté. Comme si ils étaient investis d’une mission, d’une dernière mission : un témoignage de ce qu’est de ce qu’était NECROS CHRISTOSSeul le batteur dans un style ample et fluide réveille cette atmosphère très religieuse et délétère que le groupe impose à son audience. C’est donc à grands renforts de riffs velus, lourds et de vocaux rauques que NECROS CHRISTOS va réussir à nous embarquer dans son univers. Pour la première fois de la soirée, le public va applaudir, crier et manifester son contentement. Comme si il voulait lui aussi rendre un dernier hommage à nos amis allemands.

Le groupe fait la part belle son dernier et ultime album, « DOMEDON DOXOMEDON » paru en 2018, une prestation classique, nette, intense et forcément émouvante. Au bout d’une très grosse heure, NECROS CHRISTOS se retirera en remerciant le public avec la même humilité et la même exemplarité qu’il a eu tout au long de sa carrière. Une carrière qui, à mon goût, aurait peut-être dû être moins discrète, un groupe qui aurait gagné à être mis plus en avant. Le public présent sera l’un des derniers témoins de sa grandeur. Il ne reste désormais que les miettes, les cendres et ce dernier album comme testament, ce dernier pavé solide et sincère. Bref, la soirée est finie, et dehors il pleut toujours.

 

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