Hellfest 2018 : Il est temps de révéler notre Top 12- par Sly

Comme pour l’édition 2017, c’est sous une chaleur écrasante que nous nous sommes rendus à notre pèlerinage annuel : l’incontournable Hellfest.  Ce Top 12 (subjectif bien sûr) des meilleurs concerts du Hellfest offre surtout l’opportunité d’insister sur le fait que si la programmation de ce festival s’est faite plus accessible depuis plusieurs années, elle reste exigeante et pointue.

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12 – AMENRA est un cas à part. Jouer à minuit sous la Valley le dimanche soir est à la fois  garant d’avoir un public fourbu et en même temps,  paradoxalement, beaucoup plus capable d’entrer en transe avec cette musique expérimentale et lourde que proposent les belges. Les rois de la noirceur façon post-hardcore vont engager un ballet organique d’une heure où « la messe » sera dite sous un déluge de son pachydermique et aux atmosphères anxiogènes. La vraie différence avec la figure tutélaire qu’est Neurosis pour ce genre de musique vient de l’approche tough guy du leader charismatique Colin H. Van Eeckhout. Amenra manquera toutefois d’évolutions et de variations pour fasciner autant qu’il le devrait.

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11 –DOPETHRONE fait partie de ces groupes au délire difficile à décrire car comme nous le confiera le bassiste en interview plus tard dans la journée : « Au départ, on était juste un party band ». Reste que sur scène on a le droit à une déferlante de bonne humeur typiquement québécoise et de gros son sludge si crasseux et enlevé qu’on ne peut qu’apprécier cet outrage fait à ce bon vieux rock’n’roll ! Déjanté, décontracté et probablement pas très propre sur lui, on découvre avec joie leur nouveau batteur qui aura remporté haut la main le prix du lâché de baguettes du Hellfest pour les années à venir et passées, la meilleure des recrues possibles pour ce groupe !

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10 –  BARONESS est revenu d’entre les morts avec une rage de vivre incroyable. Après un accident de tour-bus en 2012, John Baizley, leur leader chanteur guitariste, n’a cessé de remonter sur scène pour célébrer le fait d’être en vie et d’en jouir à chaque instant. L’arrivée de la jeune Gina Gleason en 2017 a aussi insufflé un nouveau souffle mélodique dans leur musique qui s’était de toute façon bien éloigné de leur sludge originel. Et l’ambiance de recueillement est encore de mise sous la Valley quand le dimanche soir Baizley et Gleason entament un set acoustique surprise. Le fait est que leur batteur n’ayant pas pu venir au festival, les musiciens se sont attelés à préparer ce moment intimiste en une journée de répétition, alors qu’on aurait plutôt cru tout soigneusement préparé tant la perfection d’interprétation est là. Il se dégagera surtout une énorme émotion, amenant des larmes sur de nombreux visages de metalleux endurcis qui savourent ce moment à part du Hellfest, comme si Baroness nous avait encore une fois ouvert son coeur blessé.

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9 –  ALICE IN CHAINS –  12 ans que ce groupe mythique n’avait pas foulé à nouveau les planches de la Mainstage. Plus le temps passe et plus on perçoit l’empreinte indélébile que ce groupe a laissé dans notre ADN. Et de la même manière que Jerry Cantrell est désormais marqué par les ans (déjà 52 ans) : il affiche un bouc blanc soigné et de nombreuses rides. Mais crânement posé derrière sa guitare, le joins à la bouche, il n’a rien à prouver à personne et le sait. Il aligne les solos de rigueur et sent que le pouls collectif de la foule géante à ses pieds est déjà conquise. De son côté, Willian DuVall nous offre une petite leçon d’aisance scénique avec un chant parfait, avec dans la voix tout ce syncrétisme que sa carrière démontre : tout en puissance grunge et feeling rock bluesy.

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8 THE GREAT OLD ONES Les français jouent à 13H30 sous la Temple le dimanche, donc pas le meilleur moment pour son exploration minutieuse du panthéon monstrueux élaboré par le génie Lovecraft.  Mais oser fréquenter les lisières du black/death avec une thématique si souvent empruntée tient déjà du défi permanent, et de toute manière la perfection de leur dernier album prouve qu’ils nous préparaient à un show digne d’un cérémonial. Tableau ésotérique aux passages belliqueux entrecoupés d’ambiances soignées, le Maître de Providence – à les voir mettre en musique son œuvre- a dû être aux anges, perdu, dans ses Contrées du rêve. Une collusion lente et introspective se crée à l’écoute de ses mélopées d’outre-monde, et combien d’entre nous auront perdu leurs santés mentales et adhéré aux cultes des Grands Anciens ? Votre serviteur en fait partie et mes derniers mots seront cette litanie : « Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl fhtagn » ! La messe est dite.

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7 – ZEAL & ARDOR jouait le dimanche sous une Valley blindée conquise par son rhythm’n’black roll metal. Surpris par cette affluence, on se dit que le black metal a de beaux jours devant lui en offrant ces dernières années l’évolution la plus intéressante de toutes les branches du metal. Même si les embardées black ne dominent pas franchement une musique essentiellement blues et gospel, la fusion proposée par Manuel Gagneux a remporté tous les suffrages grâce à sa voix d’exception et la perfection dans l’exécution. Le leader justement prend tantôt sa voix chaude de bluesman sataniste , ou celle hurlé et pleine de fureur du black pour un set sauvage, implacable et rondement mené.

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6 –  NEUROSIS – Quel plaisir de terminer son samedi soir devant Neurosis !  il est aussi vrai de dire que leur post-metal atmosphérique à la poésie désenchantée et mélancolique est en live aussi grasse, lourde et éclairé de fulgurance que Neurosis est devenue trois décennies une marque déposée. Ils ont engendré trop de bâtards, de vils copieurs qui ne disent d’où ils viennent, mais qu’importe, ils ont gardé leur rage froide qui les maintient au-dessus de cette masse grouillante. Et pour preuve absolu de ce fait : ils termineront leur show par le titre ‘Through silver in Blood’ sorti en 1996, extrait d’un impérial du album du même nom, et long de 12 minutes comme une démonstration de leur puissance. Voix éraillée des chanteurs, martèlements rythmiques de guitares pachydermique en résonance avec une batterie martiale en fusion pour une explosion finale jouissive ! 

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5 –  AT THE GATES –  nous inflige la claque de la journée en matière de Death Thrash. Autre pionnier et vétéran d’un genre dont ils sont encore sur scène la quintessence incarnée. Le changement de guitariste se note peu tant Jonas Stålhammar assure l’essentiel de ses parties avec brio. Du death à l’ancienne maîtrisé de bout en bout, où le chanteur Tomas Lindberg tient le haut du pavé avec son chant hurlé si typique. Sidérant mélange de violence et de mélodie, ces suédois sont aptes à séduire n’importe quel fan de metal, petit ou grand, prêt à s’unir sous la bannière du death mélodique. Fort heureusement, ils bénéficient d’un son cent fois meilleurs que celui The Lurking Fear, groupe de raw death metal, intégrant Tomas et Jonas. On n’a qu’une hâte : les revoir au festival du Sylak en août !

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4 – MESHUGGAH  sera la claque de la fin d’après-midi du vendredi sur la Mainstage. Durant une heure, les vétérans suédois du metal progressif lancent sur le nouveau pavé de la MsII un rouleau-compresseur où la brutalité tortueuse du légendaire groupe prend tout son effet. Le pit est une furieuse marée humaine dont la houle tanguera furieusement, en bateau ivre de décibels. Le monumental décor d’acier bleu poli renforcera l’idée que nous avons embarqué à bord d’un ovni. Les emballements frénétiques que sont ‘Born of dissonance’ qui ouvrira le set et le final sur ‘Demiurge’ nous auront permis d’atteindre la transe recherchée entre excitations, joies et délivrances.

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3 –  DEADCROSS – Pour former ce groupe hors-norme, Dave Lombardo (Slayer) s’est entouré de trois furieux célèbres. Bloqué devant un Deftones bluffant, on arrive sur la dernière moitié d’un show et bien sûr en fait Deadcross faisait partie des nombreux concerts à ne rater sous aucun prétexte ce week-end. Car, oui premièrement, au chant, il y a ‘el  magnifico’ (et instable) Mike Patton, qui ce soir-là, s’en prend sauvagement au pauvre Johnny Depp, nous contant sa vision de la réunion du mythique acteur et d’un vibromasseur. Frénétique comme à son habitude, et sans retenue, Patton nous pond, entre ses délires, un hardcore aussi excitant qu’un Mr Bungle metallisé. Ses collègues ne sont pas en reste, avec à la guitare un Mike Crain (Retox) en punk revêche. Décidément l’association Lombardo et Patton fonctionnent très bien, comme nous l’avait déjà prouvé Fantômas.

 

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2 –  DEFTONES – En 2010 Deftones avait déjà prouvé qu’ils en avaient encore sous la semelle après plus de vingt de services. En 2018, ils reviennent remettre une claque à tout le monde sur la Mainstage. Nu metal, rock metal, appelez cela comme vous voulez mais voir Chino, en léger surpoids, (on ne lui jette pas la première pierre, avec le temps son public a lui aussi subi les ravages du temps…) se démener sur l’avancée de la scène, scander ses hymnes tenues en l’air par ses fans, tendre son micro au premier rang pour lancer un titre par un hurlement déchirant. Oui China n’a pas joué la star ce jours-là mais en gentleman extraordinaire, il est venu tout simplement mouiller sa chemise avec nous pour défendre sa musique et la partager avec le plus grande nombre. Le sourire aux lèvres, il nous sort notre plus grosse madeleine de proust du week-end ; et pour ceux qui comme moi n’auraient pas trop checké leurs dernières sorties, mais étaient tombé amoureux dès leur premier album, notre amour d’adolescence reste intact de perfection sur scène, aussi beau qu’au premier jour.

1 – PERFECT CIRCLE– est la plus grande surprise du festival, sans aucun doute. Nous n’attendions rien de Perfect Circle, visiblement peu inspiré depuis le premier album Mer de Noms et le départ de l’enchanteresse Paz Lechantin. Le froid saisissant de la première nuit nous avait amené à chercher refuge près du brasier installé au centre du festival, mais dès que les premiers morceaux ont retenti, la magie a opéré. En avant sur le devant de la scène, le guitariste Billy Howerdel, en chef d’orchestre, maîtrise la machinerie, et le logo du groupe en forme de lune de conte de fée nous prépare à l’envoûtement que nous allons subir pendant  plus d’une heure malgré nos réticences premières. Ce concert ne sera que remplie de moments feutrés et d’une émotion intense révélant la beauté de chaque morceaux. Le plus triste est que cette tête d’affiche du vendredi soir ne jouera que devant un public restreint. Il faut l’avouer nous étions plus que sceptiques, or l’amitié qui lie Maynard Keenan et Howerdel, ancien technicien de Fishbone, nous a offert un concert sous la forme d’une méditation hors du temps : magique, on vous dit !

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En cadeau un dernier souvenir ; on se revoit l’année prochaine en Enfer ?

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