[ Chronique ] DEVILDRIVER – Outlaws ‘Til The End Vol. 1 ( Napalm Records )

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Deux ans après la sortie triomphale de « Trust No One », DEVILDRIVER, la groove machine californienne, hyper-constante et ultra-réputée pour ses performances scéniques est de retour !! En effet, la bande à Dez Fafara, ex-COAL CHAMBER et chanteur emblématique de la scène métal moderne, a décidé d’abandonner quelques instants sa vie de trimardeur pour nous offrir un album complet de reprises d’outlaw country…

Personnellement, quand j’entend le mot « country », j’ai tendance à être un peu sceptique, et pour de bonnes raisons… Non mais de la country quoi ! Je m’imagine déjà dans un rassemblement de bouseux en train de sautiller au son d’un crin-crin mité, entouré d’une horde de beaufs grimés en cuir frangé, stetsons et santiags flambantes neuves. Un conciliabule de danseurs de rodéo, d’adeptes de cuites de saloon au rosé-piscine, de fanatiques de Lucky Luke aux allures de Rantanplan, de poisseux équinophobes-mangeurs de choucroute et d’aficionados de western spaghetti avec l’accent marseillais, voilà ce qu’évoque le terme « country » à mes yeux. Vous l’aurez compris, j’ai tendance à conchier ces rassemblements qui humilient, réduisent à un style vestimentaire et musical, toute une frange de la culture South en tentant de faire vivre des stéréotypes issus d’un imaginaire populaire, conservateur et populiste, infantile et ridicule. Ces gens sont sûrement des « passionnés », mais sans aucun savoir, sans aucune histoire ou légitimité, ni authenticité. Bref ils s’amusent avec une parodie nauséeuse de country et de culture américaine.

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Après je me dis que dans le milieu du metal actuel, si quelqu’un peut prouver que l’outlaw country peut être metal, c’est bien DEVILDRIVER. Et j’ai le nez fin car avec « Outlaws ‘Til The End », les Californiens, vont au-delà de la simple reprise. Ils se lancent un véritable défi en proposant une véritable ré-interprétation, une relecture métallique des plus grands airs et des codes de l’outlaw country. À ce titre, le groupe vient réaffirmer sa liberté et son féroce besoin d’individualité. Car toutes ces chansons aussi évocatrices et irrésistibles ont toutes été entièrement reconstruites pierre par pierre, solo par solo, double grosse caisse à fond, le tout agrémenté du rugissement sauvage incomparable de Dez et propulsé par le son puissant de DEVILDRIVER.

Par ailleurs, l’album s’appuie aussi sur la présence de nombreuses sommités du metal qui viennent chacun apposer leur patte sur les morceaux et rendre encore un peu plus unique l’expérience. Au programme, on a donc droit à Wednesday 13, Brock Lindow de 36 CRAZYFISTS, Burton C. Bell de FEAR FACTORY, Lee Ving de FEAR, Randy Blythe et Mark Morton de LAMB OF GOD, et enfin John Cash Jr., le fils de Johnny Cash.

L’album commence « cash » avec « Country Heroes », le sur-puissant hit de Hank 3 Williams. Une plongée immédiate dans les travées poussiéreuse d’un ranch texan, la gueule dans une bassine de Jack Daniels, une basse et une batterie lourde, des guitares heavy et la voix nasillarde de Hank couplée au cri de Dez. On est pile dans le mix country-metal sur-vitaminé que l’on nous a promis.

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Puis vient « Whiskey River », un titre à la base purement country signé Willie Nelson ! Ici, DEVILDRIVER s’approprie totalement le titre, il en prend tout le potentiel mais retravaille complètement l’instrumentation tout en gardant la mélodie. Il en résulte un titre dur et groovy, brut mais toujours aussi poétique. L’apparition de Blythe et sa gamme vocale incroyablement puissante vient encore renforcer ce sentiment d’appropriation métallique. Plus loin dans l’album, on note aussi l’excellente prestation de Wednesday 13 sur « If Drinking Don’t Kill Me »,  qui réussit, lui aussi, à s’accaparer le titre. Avec sa voix puissante, dense et intense, il en fait du pur DEVILDRIVER. De là, on pénètre de plus en plus dans les bases du genre avec tous les classiques country de Johnny Cash, Steve Earle, Johnny Paycheck, Georges Jones etc…

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L’une des meilleures cover de l’album reste celle de « Ghost Riders In The Sky » de Cash. Elle fait apparaître la voix de John Cash Jr. et ramène un cachet plus authentique. En opposition, l’utilisation de la voix de Blythe sur ce titre, en conjonction avec celle de Fafara, crée une dichotomie qui rend cette chanson à la fois distincte, unique, mais fidèle à ses origines. C’est là que l’on ressent le plus la passion et le respect qu’a DEVILDRIVER pour cette musique et pour ses légendes. Je la ressens presque comme un adoubement du groupe dans sa démarche. S’ensuit « Copperhead Road » qui met en vedette les talents vocaux de Brock Lindow et qui à toutes les allures d’un hymne populaire. Alors que le classique antimilitariste « Dads Gonna Kill Me » offre un grain plus sombre et mélancolique, plus revendicatif, grâce à la voix de Burton C. Bell. L’album finit sur un dernier « The Ride » de David Allan Coe avec Lee Ving de FEAR qui, de sa voix suave et rugueuse, nous fait paisiblement sortir de la poussière et des vire-voletants…

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Dans l’ensemble, je suis plutôt impressionné par cet album et ébahi par le travail accompli. Pour être honnête, j’étais parti avec pas mal de réticences et d’aprioris. Mais l’écoute m’a prouvé fait revenir sur mes pas car DEVILDRIVER a vraiment réussi à prendre ces chansons d’outlaw country et à les transformer en purs hymnes métalliques. Et c’est quelque chose de louable car c’est un exercice auquel le groupe n’est pas habitué. D’ailleurs personne ne l’avait jamais fait non plus ( en tout cas pas de manière aussi poussée ). L’intégralité de cet « Outlaws ‘Til The End Vol.1 » est donc une lettre d’amour à la musique country et à l’éducation musicale des musiciens, des amis et des fans de DEVILDRIVER. Avec cet album, ces grands garçons nous embarquent dans leur diligence et viennent montrer au genre le respect qu’il mérite. À ce titre, « Outlaws ‘Til The End Vol. 1 » est le mariage parfait de la légende country et du groove metal californien, un échange de coup de feu dont nos hors-la-loi du metal ressortent grandi. Le mot de la fin ?? Yippie-yi-oh ! Yippie-yi-aie !

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