[ Chronique ] BIRDS IN ROW – We Already Lost The World ( Throatruiner Records / Deathwish Inc. )

image article [ Chronique ] BIRDS IN ROW - We Already Lost The World ( Throatruiner Records / Deathwish Inc. )

Après une année foisonnante, passée à dénicher les meilleurs groupes et albums de la sphère métallique, la fatigue et le besoin de vacances se faisant un peu ressentir, je ne voulais et ne pouvais néanmoins passer à côté de ce nouvel ovni des Lavallois de BIRDS IN ROW. En effet, notre ô combien mystérieux groupe de hardcore-mélo vient tout juste de sortir son nouvel album, « We Already Lost The World », chez Throatruiner Records pour la France et Deathwish Inc. pour le reste du monde.

Habitué à errer dans un no man’s land entre hardcore, punk, rock, et tous les sous-genres apparentés, le trio revient cette fois avec une substance très dynamique, plus cinématographique et mélancolique que jamais. L’écoute attentive semble révéler qu’avec ce nouvel album, le groupe s’est renforcé, s’est régénéré pour atteindre encore un nouveau pallier dans sa logorrhée émotionnelle. Concis et brut, vous ne serez pas étonné que « We Already Lost The World » se tienne en seulement 34 minutes. De ce fait, je vous le dis, aucun titre n’en ressort vraiment plus qu’un autre et c’est ça qui au final en fera toute sa force.

Car en si peu de temps et en neuf titres, BIRDS IN ROW va mettre en exergue son mélange d’influences électriques et grisantes, notamment grâce à une production très organique, dynamique et riche, signée Amaury Sauvé et Thibault Chaumont. Avec ce son typique, lourd mais aéré, chaque instrument est à sa place et réussit à briller indépendamment de la masse sonore.

BIRDS IN ROW sort ici un album rare, fait d’une matière méconnue qui peut tout aussi bien vous entraîner vers la puissance écorchée, éraillée du hardcore comme vous lancer en apesanteur, entre ciel et terre, un endroit où l’on se délecte de grooves et de mélodies évocatrices. D’emblée, c’est « We Count So We Don’t Have To Listen » et « Love Is Political » qui viennent percuter les conduits auditifs avec un hardcore chaotique et tonitruant, presque convergien. Mais c’est avec « We Vs Us » que l’on pénètre vraiment l’âme et la sensibilité plus mélodique de ce nouvel opus, une combinaison parfaite du viscéral et de l’accrocheur. Plus loin, « Remember Us Better Than We Are » ramène vers un hardcore plus pur, plus rentre-dedans, urgent et angoissant, avant de s’écouler lentement vers la paix et la nostalgie grâce au son d’une basse chaude, ronflante.

image article [ Chronique ] BIRDS IN ROW - We Already Lost The World ( Throatruiner Records / Deathwish Inc. )

S’ensuit « I Don’t Dance » qui est certainement un des titres les plus entraînants avec, encore une fois, une ligne de basse merveilleuse et lancinante ainsi qu’un refrain très puissant. L’éphémère « 15 -38 » retombe en mélodie avec un riffing très rock. Le chant y est d’ailleurs bien mis en avant, clair ou saturé, il prend à la gorge. Les hurlements sont comme des bourrasques fouettant le visage, giflant les sentiments. De même, « Fossils » est une conclusion parfaite. Véritable tord-boyaux super agressif, il finit en explosion post-hardcore, bourrée d’atmosphères planantes et de voix claires rassérénantes.

Comme vous l’aurez compris, sur « We Already Lost The World », BIRDS IN ROW a su créer une ambiance différente et unique, intimement liée à son état d’esprit et à sa volonté de rester hors des sentiers battus et des guides… Une musique qui, quoi qu’on en dise, peut fédérer dans l’émotion, une musique qui suinte la passion et l’instantané ; avec au cœur un son frais, authentique et sincère, quelque chose qui bouleverse. Bref, je m’arrête là, je ne vais pas chercher à expliquer l’inexplicable. La musique de « We Already Lost The World » se suffit à elle-même, elle est comme un tsunami d’émotion, elle parlera aux « cœurs-saignants »

Pour combattre cette fatigue qui martelait mon cerveau il y a encore quelques lignes, et pour contrer la chaleur écrasante qui s’abat sur l’hexagone, je ne saurais donc vous conseiller d’écouter, encore et encore, tout l’été, ce chef-d’œuvre d’urgence et d’intensité, ces montagnes russes multi-sensorielles et anti-conventionnelles que l’on appelle : BIRDS IN ROW.

 

Partager