[ Chronique ] DOPETHRONE – Transcanadian Anger ( Totem Cat Records )

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Le trio montréalais de DOPETHRONE a réussi à s’imposer en une petite dizaine d’année, en cinq albums et presque sans efforts, comme le roi du sludge le plus crasseux et le plus dérangé qui soit. Toujours en quête de plus de salissures, de sang, de larmes et de rêves à briser, le groupe a décidé, en ce mois de Mai, de descendre quelques heures de son train de l’angoisse, de son wagon de queue pour hobo décharné accroc à la meth, pour nous injecter une nouvelle dose de son art dégénéré et diarrhéique. Avec un titre qui sonne comme un hommage aux patron du Trve Raw Black norvégien, DARKTHRONE et leur célèbre « Transylvanian Hunger », on se doute bien que ce nouvel album ne sera pas une balade de santé et risque encore de heurter les âmes les plus sensibles.

https://www.youtube.com/watch?v=SYfJuW282_I

Des rues coupe-gorges d’Halifax aux squats miteux de Nanaimo en passant par les pires taudis enneigés du Saskatchewan, et en à peine 36 minutes, cet express de la débauche nous mène tambour battant à travers ce que l’on fait de pire sur le continent nord-américain :

Bienvenue dans le « Transcanadian Anger » !!

8 titres crus et jouissifs qui cuiront ce qu’il vous reste encore de neurones. Le tout dans une ambiance clairement pas bucolique ni bon enfant mais plutôt forestière, avec des guitares qui tronçonnent à outrance, une basse qui bûche et ronfle comme le moteur d’un pick-up attelé, une batterie qui poutre tout ce qui bouge et un contre-maître mi-toxo, mi-enroué qui braille tout ce qu’il peut pour se faire entendre par dessus le brouhaha de scierie. Dans ce déferlement de violence, DOPETHRONE crame tout, réduit en charbon et broie tout avec une efficacité à faire pâlir les plus grands.

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Autant vous le dire les denims de chantier et les pulls camionneurs grosse maille sont de sorties, exit la dentelle ! Sans chichis, avec une approche musicale frontale, voire bas-de-plafond, le groupe balance sans relâche, une par une, ses cartouches et ça fait mal, très mal. Chaque brûlot se veut plus lourd, plus pachydermique et hypodermique que le précédent. La symbiose entre les musiciens est parfaite, elle agît comme un bloc impénétrable qui avance, coûte que coûte. Le trio donne la sensation de maîtriser encore un peu plus son sujet et donc d’élargir sa zone d’influence, reprenant marché sur marché, pas à pas. Sans surprise, à bord du « Transcanadian Anger »DOPETHRONE manie parfaitement et avec une facilité déconcertante son style. « Et c’est ça le bon effet ! », pour parler comme les fumeurs de caillou… Lorsqu’on coupe correctement du Doom ultra-calorique avec un Sludge des plus immondes, on obtient un shoot onctueux, succulent et imparable, suivi immédiatement de « l’état de grasse ». Et c’est tout à fait le sujet de cet album !

Du rythme lent, brutal et poisseux de « Wrong Sabbat », « Snort Dagger » ou « Scuzzgasm » et son solo déjanté, à des plans stoner-groovy comme sur le fabuleux « Planet Meth », sur le furieux « Tweak Jabber » ou encore au cassage de colonne en règle de « Killdozer » ( cf. la vidéo ), le groupe varie les plaisirs et ne laisse rien au hasard, tout baigne dans une mélasse faite d’huile de vidange, de chiasse et d’acide de batterie ( pour la couleur ). Je frémis presque à l’écoute du mur de son de « Miserabilist », quelle violence ! Quel déchaînement de haine !

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Après, il est vrai qu’on retrouve moins le petit côté psychédélique des précédents efforts, on est vraiment dans le sale, dans la brutalité, dans le choc type coup de pare-buffle sur l’autoroute, défoncé aux « sels de bain ». De même, les parties vocales sont comme d’habitude relativement en retrait, ce qui fait perdre en impact pur mais garanti un cachet crust.

Avec ce nouvel album, DOPETHRONE frappe encore un grand coup et confirme sa notoriété grandissante, rien n’est à jeter, la barre est haute. Il va désormais s’avérer de plus en plus compliqué d’aller plus loin dans la saleté, dans le voyage pernicieux et sadique tant « Transcanadian Anger » pervertit l’âme et souille irrémédiablement l’enveloppe corporelle. Il laisse jus de cadavre et excréments sur les bottes et bouts d’os dans les cheveux, mais plaque également un sourire jobastre sur tout les visages et provoque un sentiment de toute puissance grâce cet alliage parfait entre le groove du Stoner et la lourdeur du Sludge. On finit même par bouger la tête mécaniquement, pensant faire passer les effets secondaires mais rien n’y fait, DOPETHRONE pénètre, fait tomber sous son joug, et de la manière la plus dégueulasse.

Un dernier mot ?? « One more fix ! », un dernier…

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