[ Chronique ] CHRCH – Light Will Consume Us All ( Neurot Recordings )

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C’est aujourd’hui chez Neurot Records que sort l’excellent album des Californiens de CHRCH… Alors quoi de mieux pour finir la semaine qu’un petit focus ?

Avec ces trois titres pour 45 minutes, « Light Will Consume Us All » voit ce quintet américain aller très loin, très haut dans le royaume des cieux et des lamentations. À la croisée des mondes, entre post-rock, sludge et doom, voire post-black, CHRCH est une mélasse stylistique sans étiquette ; un groupe éponge ( dans le bon sens du terme ) qui attrape, digère et recrache tout à sa manière.

Par exemple, le titre d’ouverture « Infinity Return » ( vingt minutes au compteur ) est une bouillasse astrale capable de vous faire traverser un désert fait d’ombres et de lumières, poursuivi par des mélopées grisâtres qui s’élèvent lentement et mutent en poussières noirâtres avant de s’abattre en pluie d’obsidiennes. Le tout vient vous heurter et grêler le sol, quadriller et hachurer les cieux avant de retomber en un silence quasi-religieux.

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De la beauté sidérale et indéfinissable au sein d’une mère protectrice et rassurante, de la solitude infinie, au chaos et à la dureté de la vie terrestre, CHRCH arrive à balayer tout le spectre des émotions humaines. Et sa chanteuse y est clairement pour beaucoup dans ce phénomène météoro-sonique. Grâce à ses voix séraphiques discrètes et ses cris les plus purs, perçants à briser cristaux et granits, elle s’empare totalement de l’atmosphère, tantôt affamée, tantôt saturée. On pense aisément à AMENRA, THOUOATHBREAKER ou JULIE CHRISTMAS. ( pas des moindres donc )

Sur « Portals », on est tout de suite happé dans le tourbillon CHRCH. Et de ces langueurs spirituelles, de ces accides où le ciel ennuie et ne charme plus, CHRCH, dans un délire anachorétique, presque apocalyptique, rase tout. D’un coup de riff lent et tempêtueux, aussi croustillant que boueux, il râcle cieux et terre, déchire la toile avant de schizophréniquement tout reconstruire. C’est un peu l’histoire de cette lueur et toute la dualité de cet album. Par ailleurs, ce n’est pas, comme on pourrait le croire, la lumière qui nous consume mais bien l’écrasante obscurité du riffing… La solarité cristalline conserve bien ses effets rédempteurs et permet, sans nul doute, à ce requiem pour la lumière de faire partie des albums qui vont faire et font la richesse du doom moderne. Bravo !

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