[ Chronique ] PRIMORDIAL – Exile Amongst The Ruins ( Metal Blade Records ) note : Ocht/Deich

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PRIMORDIAL fait partie de ces groupes qu’il n’est plus besoin de présenter tant son aura et sa longue carrière, qui s’étend sur près de trois décennies, les a forgés, intégrés à la scène metal internationale et plus particulièrement dans le microcosme païen. Cette année marque donc le retour du clan irlandais avec un neuvième album intitulé « Exile Amongst the Ruins ». Album qui voit PRIMORDIAL se concentrer sur son essentiel, un son plus brut, plus organique mais sans pour autant compromettre l’émotion bouillonnante qui définit sa musique.

En effet, PRIMORDIAL a l’avantage de réussir à faire dépasser cette facette métallique primaire, pure et dure, de l’instrumentation dite « standard », et de la technicité qui en découle grâce à l’instrument le plus universel et naturel qui soit : la voix de son chanteur Alan « Nemtheanga » Averill. À travers cette voix unique, les Irlandais arrivent à faire transpirer les émotions, , à transcender l’auditeur, à créer une expérience multi-facettes aux racines telluriques. Je serai presque tenter de dire qu’à lui seul il définit le son PRIMORDIAL. Cette intensité, cette angoisse, cet engagement couplé à un sens inné de la tragédie avec laquelle il livre ses mots va bien au-delà du langage lui-même, il touche le cœur, l’âme et l’esprit.

Quant à la musique, elle se focalise sur la création d’atmosphères en cohérence avec la théâtralité du chant. De longs segments souvent axés sur une répétition presque litanique amènent une expérience immersive et voulue par le groupe. Le désespoir, l’évocation de paysages au climat rude, sans cesse balayés par les vents marins, les vies courageuses impitoyablement brisées, les courants d’arrachement d’une vie erratique, tout cela se retrouve alors mis en avant. « Exile Amongst The Ruins » raconte ses histoires, ses épopées quasi-mythiques et ses faits-divers qui ont fait l’Homme tel qu’il est…

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Un carillon tinte au loin alors que flotte la fragile mélodie qui introduit « Nail Their Tongues », le premier titre. Puis, sans crier gare, toute la force de PRIMORDIAL vient balayer cette douce brise en fournissant lignes de basse trapues, batterie frénétiquement lourde et riffs de guitare tumultueux, donnant par la même occasion un excellent contrecoup aux lignes vocales obsédantes de Nemtheanga. Une fin abrupte nous mène tambour battant à « To Hell or the Hangman » qui vient casser le rythme avec un kick galopant, comme un cœur qui bat et ne veut cesser de (se) battre… Captivant et empreint d’un romantisme noir, presque gothique, il raconte un fait-divers irlandais : L’histoire de Walter Lynch pendu par son propre père en 1493, condamné pour le meurtre d’un jeune noble avec en trame de fond rage, jalousie et histoire d’amour impossible avec une jeune femme répondant au doux nom d’Agnès, un véritable conte dramatique.

« Where Lie the Gods » fait, quant à lui, immédiatement redescendre la pression avec sa mélodie envoûtante. Il tisse une toile sonore onirique qui coule et s’écoule, lente mais dense, progressive mais complexe. « Exile Amongst the Ruins »,  le titre éponyme, se veut encore plus lent et plus mélancolique, avec son atmosphère marécageuse, sables mouvants qui vous aspirent dans la tourbe des temps anciens et de ses dieux tout-puissants. Là où « Stolen Years », petit OVNI, sorte de ballade rock très lente, très posée, très différente vient trancher avec ce que le groupe propose habituellement en terme d’ambiance. La tragédie est une fois de plus soulignée par les voix, elles projettent sur l’auditeur un sentiment pesant de regret, de défaite. Enfin « Last Call » vient offrir le dernier souffle, la dernière mêlée, le dernier combat. Un titre qui se déploie progressivement, éthéré et sombre presque doom, une fin qui sonne forte et intense pour un album tout aussi fort et intense.

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Globalement, « Exile Amongst the Ruins » c’est du PRIMORDIAL par excellence, un album à ne pas manquer pour les fans du groupe, il prouve que le groupe n’a rien perdu de son pouvoir, de son venin au fil des ans. PRIMORDIAL utilise toutes ses capacités et joue sur l’intensité pour provoquer la catharsis, il construit  progressivement, inlassablement ses titres, pierre par pierre, mot à mot, jusqu’à l’apogée. Cela donne à l’album une sensation pesanteur, de lourdeur mélancolique et aide le groupe à construire l’atmosphère qui colle à ses histoires, à ses réflexions. Certains trouveront sûrement ça trop long ou trop « exagéré », néanmoins « Exile Amongst the Ruins »  reste un album pénétrant et qui peut faire prendre du recul, réfléchir sur la condition humaine, sur l’Histoire, le but ultime de l’art PRIMORDIAL

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