L’été est souvent signe de bonnes nouvelles : vacances, chaleur et bien sûr les festivals de musiques. Quoi de mieux que de passer trois jours à profiter de la vie entre amis, de bons concerts, d’une chaleur décente, de bières fraîches et de nourritures grasses et avec en bonus à l’Xtreme fest : la plage. Les grands festivals ont leurs avantages, mais à dire vrai les plus petits possèdent leur charme propre et c’est bien de cela qu’il sera question avec l’Xtreme Fest : un festival de trois jours à Cap Découverte, au sud de la France, avec une public approchant les 2 000 personnes !
En principe, Cap Découverte est un parc de loisirs d’été avec diverses attractions, avec un espace dédié au spectacle où se déroule le festival. Le lieu propose aussi un skate park, un mini-golf, du karting, du paintball, et cerise sur le gâteau : une plage artificielle en accès gratuit pour tous les festivaliers et à laquelle on accède après une spectaculaire descente en télésiège. Ainsi au lieu de passer la matinée et une partie de l’après-midi (le festivité commence à 16h) à dormir, on profite pleinement des abords. Et clarifions les choses : ce n’est pas une bonne idée de stagner au camping, ou devrait-on l’appeler : une succession de petits fours sous toiles. Sans oublier : le peu d’arbres, un soleil sans pitié et l’insuffisance de toilettes transformant les arbustes des environs en urinoirs improvisés. Et vu que selon la légende, il y avait une douche chaude que personne jamais ne trouva, la plupart se lavait sur une plateforme avec quatre tuyaux d’eau gelée, où la pudeur disparaissait quand chacun devait se savonner le derrière au milieu du camping. La vie, version rock’n’roll. VIVE la plage ! Qui n’a jamais entendu cette légende urbaine ? Le metalleux n’aimerait pas la plage. La plage s’est pourtant un plaisir immense quand la chaleur est aussi écrasante qu’en cet été 2017, et il n’y a rien de mieux que de plonger dans ce lac.
Les ‘t-shirts noirs de monstres’ (comme les appellent ma maman), les chaînes et les bottes militaires restèrent sur la plage, et rapidement la horde de metalleux se jeta à l’eau, se rafraîchissant et se préparant pour plusieurs jours de concerts.
Premier jour de l’Xtreme Fest
Notons une arrivée perturbée par l’insuffisance de signalisation à l’entrée du site, et celle que l’on trouvait ne menait nulle part. Après une bonne heure à tourner en rond, on trouvait l’entrée, récupérait nos bracelets, posait notre tente et étions enfin prêt pour entrer dans la zone réservée au concert. Du camping au site du festival, il y a 15 minutes de marche agréable au milieu de mûres que l’on ramasse pour le goûter ( pas d’affichage interdisant la cueillette, mais s’il vous plaît, ne m’envoyer pas en prison pour ce crime que je viens d’avouer). Devant la scène, un rhinocéros géant du plus bel effet nous accueille avec sa crête rose. Il y a deux scènes, une extérieure et l’autre dans une salle assez spacieuse avec un balcon très utile pour se reposer ou faire une sieste ( j’en ai fait plusieurs ). La scène extérieure accueille les concerts de hardcore et de punk, et à l’intérieur jouent les groupes de metal. Le vendredi commença par Guillotine : un groupe de death metal ‘très sérieux’ qui comptait non seulement dans ses membres de jeunes musiciens mais aussi une présence féminine ; et ceci est toujours une source d’inspiration pour moi. Une guitariste, une bassiste, et une chanteuse enchaînaient soli, double pédale, cris et beaucoup de headbanging. Commençait ainsi le festival, avec une démonstration de nouveaux et jeunes talents du metal. Un espoir pour le futur. Terror Shark lui commença la fête. Une seule règle : pogoter ! Celui qui ne se jetait pas dans le bouillon était dévoré ( ou dégagé sur les coins ) par le pit. Il y eut beaucoup d’énergie, des requins gonflables volants de toutes parts et jusqu’à un bodyboard sur lequel on pouvait monter afin de surfer sur la foule.
En définitive, qui aime pogoter, aimera Terror Shark, soit du hardcore et des coups de rein ! Vient alors le tour des excellents Hatesphere puis de Nostromo. On profita du confort du balcon pendant Septicflesh pour dormir un peu. Selon certains, les grecs seraient un des meilleurs groupes du moment, on trouvera certainement l’occasion d’en discuter, mais plus tard. Le meilleur groupe du vendredi fût sans aucun doute Carcass. Comment ne pas les adorer ? Papa Jeff fut énorme comme toujours, comme si les années ne pouvaient l’atteindre. Interprétant les classiques comme « Buried Dreams », « Heartwork », « Exhume To Consume », et quelques titres de leur « plus si » nouvel album « Surgical Steel ». En bonne fan, je me plaçais au premier rang, juste en face de Ben Ash durant tout le concert. S’il est certain que ce guitariste est un nouveau membre, et que la majorité du public préfère se focaliser sur Bill Steer, il faut admettre qu’Ash est un excellent musicien, et de plus un des plus beaux metalleux que l’on puisse voir… Non seulement, Carcass nous a offert un superbe concert, mais j’ai eu droit à un clin d’œil de Ben Ash et un médiator remis de main à main à la fin du show. Si ceci n’est pas de l’amour, je ne sais pas ce que c’est…
Deuxième jour de l’Xtreme Fest
Le samedi nous avons profité de la plage pour nous préparer à cette journée de concerts. Notons que la nourriture du festival était pas mal, avec de la variété et suffisamment de stands pour sustenter chacun. Les sandwiches garnis de viandes et de frites remplirent nos estomacs et nous maintinrent sur pied. Le meilleur de cette journée fût sans nul doute Ultra Vomit, qui offre en plus d’un show comique rempli de blagues efficaces, de la distorsion et de la batterie. J’oserai dire que ce fût le concert où il y eut le plus de monde, et certainement l’un des plus attendus. Et c’est bien la seule chose que je puisse dire, vu le nombre de références culturelles contenues dans leurs blagues qui échappent à mon français classifié niveau B2. Mais au-delà de la barrière de la langue, j’y ai pris plaisir… bien que tous riaient et moi non.
La journée s’est terminée avec un Abbath malade, pour avoir apparemment mangé quelque chose qui ne passait pas. Allant et venant des toilettes à la scène, Abbath s’est débrouillé pour nous livrer un bon concert et les fans l’ont remercié en conséquence. La morale de cette histoire est que même les fils de Satan peuvent avoir la diarrhée…
Troisième jour de l’Xtreme Fest
Dernière baignade avant d’entamer l’ultime journée de ce festival. Rendez-vous à 18h30 avec Mars Red Sky pour passer un moment de détente avec le trio de stoner psyché, actuellement l’un des plus intéressants en France. Plus tard, on découvrait en live Thundermother : un groupe de filles faisant un rock and roll plutôt agréable mais très commun. Une fois, ma maman m’a dit que si tu n’avais rien d’intéressant à dire, mieux fallait ne rien dire mais alors que faire de notre honnêteté ( et de notre plaisir personnel ) ? J’ai réellement apprécié Thundermother, mais elles n’offraient rien de novateur. Elles produisent une musique ‘de salle d’attente’ ou celle que tu mets en fond lorsque tu invites des amis chez toi, cela sonne bien mais rien qui t’incite à les écouter réellement. De plus, vous ne trouvez pas que leur titre “It’s just a tease” ressemble un peu trop à “who invited you?” de The Donnas ? Après ce fût au tour de Kadavar avec leurs pantalons pattes d’éph’, leurs chemises ouvertes et leurs bottines à pointe. À cause d’un problème sur la tournée, ils sont arrivés un peu en retard et ont joué avec des instruments de prêt, mais néanmoins tout sonnait à la perfection. Ce fut une fête digne des années 70. Lindemann et sa guitare furent les rois de la soirée. J’ai dansé, tu as dansé aussi, et tout le reste du public avec nous. Puis j’ai sorti mes talons et ma mini-jupe à fleur pour entrer dans mon van et aller écouter Pennywise. Le ou la jeune rebelle que nous avons tous à l’intérieur de nous était de sortie pour être présent durant ce moment à part, où nous avons chanté avec émotion « Society », « My Own Country » et « Fuck Authority ». Même si l’énergie du groupe était moyenne, et qu’on notait que les années n’étaient pas passées sans laisser quelques dommages, nos californiens faisaient face comme il se doit et nous livrèrent leur meilleur cri : « Fuck the government”.
Le grand final, ce fut pour Max & Igor Cavalera. Nous étions tous réunis, avec beaucoup d’espoir et d’enthousiasme, pour voir cette idole, cette légende du metal, le grand et l’unique : Max Cavalera. Et il était là oui, mais plus en animateur d’événements qu’autre chose. Pourquoi ? Parce que ce n’est plus un secret pour personne, Max est cramé depuis un moment, et que sa voix n’est plus ce qu’elle était. Nous nous contenterons donc de sa présence, entre ses tentatives pour chanter et ses phrases d’encouragements “My friends come together and jump, jump, jump”. A l’inverse donc d’un Igor, qui fût lui à la hauteur. Max devrait nous laisser à nos bons souvenirs de sa grande époque. Max…On te voit fatigué. Cependant, ils ont joué les bons classiques : « Roots Bloody Roots », « Spit », « Ratamahatta », « Born Stuborn » et une bonne version de « The Ace of Spades » qui m’a fait un peu de la peine. Qu’il serait bon de pouvoir retourner dans les années 90 pour les voir. Mais c’est ce qu’il nous reste ! Ainsi, nous avons vécu l’Xtreme Fest : entre amis, chaleurs, bières, musiques, plage artificielle, tente-four, douche gelée, mûres à foison, frites grasses et tombola qu’on ne gagna jamais ( bien qu’on ait joué tous les jours ). Ainsi va le monde ! Les années passent, laissant sa trace cruelle sur Max Cavalera et laissant intacte Jeff Walker. Vivement le prochain show de Carcass !
Lien : www.xtremefest.fr/#
Tous les détails de la prochaine édition du 2 au 5 août 2018 sur leur site.
Illustration et report : Krisbet Mendoza- tout droit réservé-
