Vendredi 27 Octobre 2017 : Pendant que nombre d’entre vous étaient sûrement en train de s’acoquiner avec un paquet de bonbec’ ou encore train d’ajuster un lamentable déguisement de citrouille sanguinolante… De son côté, la petite bourgade bretonne de La Mézière bouillonnait d’impatience pour la tenue de la septième édition du désormais traditionnel SAMAÏN FEST…
Pour rappel, le SAMAÏN FEST tire son nom de la mythologie celtique irlandaise où le Samaïn est la fête religieuse qui célèbre le début de la saison « sombre » de l’année celtique. C’est une fête de transition – le passage d’une année à l’autre – et d’ouverture vers l’Autre Monde, celui des dieux. Le SAMAÏN FEST est également un évènement créé afin de soutenir l’école Diwan de Guipel au nord de Rennes. Les écoles Diwan sont Associatives, Laïques, Gratuites et Ouvertes à toutes et à tous depuis 1977. Elles enseignent le même programme que celui de l’éducation nationale en pratiquant la pédagogie par immersion en Breton, méthode la plus efficace pour apprendre une langue.
Mais au milieu de toutes ses préoccupations « druido-régionales », il ne faut pas oublier qu’avant tout le SAMAIN FEST est un festival de musique métal et on en s’en cachera pas : c’est bien la principale raison de notre présence ici ! Voici donc notre top 6 de cette édition :
BÖLZER : Enfin, je vais avoir l’occasion de voir ce duo de guerriers suisses… Réputé pour être une véritable tuerie en live comme sur album, le groupe a l’honneur de clôturer le festival. Et on peut le dire, il va s’en donner à coeur-joie. Pour ceux qui ne connaissent pas encore, BÖLZER c’est avant tout un son unique aux confins du métal extrême et un leader charismatique à souhait.
Une courte intro et KzR, chanteur-guitariste mais aussi marmule helvète de deux mètres déboule sur la scène torse nu, sur-tatoué et armé de sa dix cordes. Sans un mot, il fait courir ses doigts sur le manche qui commence à s’affoler, hurlant et chantant en même temps, le visage collé au micro et noyé dans ses longs cheveux de feu. Le duo sort alors son meilleur black/death, occulte et gorgé de paganisme. Les longs passages ambiants contrastent parfaitement avec les accélérations brusques et brutales. Les titres de « Hero », leur seul et unique album, sont magnifiquement exécutés et le public semble transporté par ce son « archaïque ». Tout va très vite, KzR perdu dans la fumée inonde la salle sous des flots de riffs hypnotiques. La dix cordes est triturée puissamment pendant que, MzR, son compère frappeur, appuie le propos avec force. En batteur émérite, talentueux et polyvalent, il nous montre toute l’étendue de sa technique en deux mots : « vite et fort ». La voix est, elle, « hallucinée », grave, « nergalienne », parfois criée, parfois étrangement chaude et claire, entêtante comme hypnotisante. Aussi brut de décoffrage que sur album, nos deux héros suisses intriguent toujours autant. Alors même si le son n’est pas forcément au top, on ferme les yeux, on arrive à se laisser porter par la puissance évocatrice des mélodies et par le ton étrangement « chaleureux » de la voix, juste parfait. Un très bon choix pour finir ce festival en beauté…
MARS RED SKY :
Un peu en décalage sur cette affiche, MARS RED SKY, les « rois » du stoner hexagonal, vont pourtant nous offrir un des meilleurs shows du vendredi. Auréolés par le succès d’ « Apex III » paru il y a déjà deux ans, les Bordelais n’ont plus rien à défendre mais le trio aime séduire et entraîner son public sur les chemins embrumés de son stoner psyché sinusoïdal, entre explosions et accalmies.
Alors, lorsque MARS RED SKY monte sur les planches et allume les pédales de fuzz, le décollage est immédiat. Les gros riffs nourris au doom, la marque de fabrique du groupe, font vibrer les cages thoraciques. Le trio est toujours assez statique sur scène mais heureusement, l’écran géant diffuse en continu des images tantôt psychédéliques, tantôt chimériques. Je ne m’étais jamais rendu compte à quel point leur lives sont beaucoup plus impétueux et sombres, moins énergiques que leurs albums. La qualité sonore est par ailleurs relativement bonne ( ce qui ne sera pas le cas de tous les groupes ) : la basse, reconnaissable entre mille, est saturée, écrasante et grasse. Les mélodies de guitares sont limpides et planantes. Les voix, toujours aussi cristallines, se détachent du « marasme » rythmique et hypnotisent le public. En faisant la part belle à son dernier album, ce soir MARS RED SKY réussit bien son coup, et quand les dernières notes d’ « Alien Grounds / Apex III » résonnent, le public peine à redescendre sur terre, à retrouver le monde des vivants, cette basse et vile humanité… Plus qu’un concert, MARS RED SKY nous a proposé un véritable voyage astral vers des galaxies lointaines, scintillantes et bien plus accueillantes.
HEXECUTOR :
Le groupe qui a conclu en beauté et en rapidité le vendredi soir. Considéré par beaucoup, comme le meilleur groupe actuel de thrash français, HEXECUTOR n’avait donc pas le droit de nous décevoir. Pour tout vous dire, HEXECUTOR pratique une musique à l’image de son nom : sans compromis. Peu importe l’heure, quand on parle de thrash, on veut des clous, du cuir, des riffs ultra-rapides, des cheveux longs, des avalanches de notes etc… Et c’est exactement ce que l’on va avoir ce soir, servi sur un plateau par le quintet rennais ! Ça joue vite ! Ça joue fort ! Ça braille ! Et c’est techniquement irréprochable. Le public pogote et slame. Le jeu de scène est là, ça secoue de la tête. On sent une grande complicité entre les membres qui adoptent toutes les postures scéniques « des professionnels du thrash ». En gros, HEXECUTOR c’est un gros kiff en live… Je n’en dirai pas plus, c’est à voir, à re-voir et à re-re-voir sans modération… « La Sorcière du Marais » !!
DEATHCODE SOCIETY :
Groupe savoyard de black symphonique duquel je suis passé à côté va réussir à me surprendre ce soir. Une super prestation où l’on retrouve tout l’univers black. Les musiciens entrent en scène encapuchonnés et affublés de masques vénitiens. La lumière est angoissante, le jeu est sombre mais uni dans la même mouvance, la même envie d’inspirer la terreur. Musicalement on a à faire à un black metal empreint de mystère, brut et exigeant. Le set est carré et implacable, l’intensité des rythmiques est ponctuée par les hurlements stridents et les mouvements désarticulés d’un chanteur charismatique et inquiétant. DEATHCODE SOCIETY emprunte clairement les éléments musicaux et esthétiques des pontes du genre ( EMPEROR ), mais le groupe mixe parfaitement le tout à son univers artistique propre, entre black metal et musique symphonique. Même si les conditions sonores ont été plus que correctes, je regrette cependant que les parties orchestrales qui sont en fait des samples se soient retrouvées très/trop en retrait dans le mix. Un groupe à suivre de près tout de même !
BELENOS :
Il est un peu plus de 22h au compteur lorsque les guerriers gaulois de BELENOS monte sur la scène du SAMAÏN. Une courte introduction et on part pour un enchaînement d’hymnes guerriers qui prennent aux tripes, qui font voyager vers d’obscures contrées et d’anciens temps, au cœur de batailles épiques et sanglantes. Vétérans mais aussi véritables fers de lance de la scène black-pagan hexagonale, le groupe défend parfaitement son bout de gras. Le son est très bon et l’interprétation rend honneur aux compositions, le public réagit très bien, headbanguant sur les passages violents ou se laissant transporter sur les moment plus mélodiques, n’hésitant pas non plus à pousser les « Ho Hoo Hooo » représentatifs de la musique de nos fiers Gaulois. Les titres les plus récents du groupe sont envoyés dans ce mélange de fureur et de transcendance, balayant la palette des émotions celtiques du revers de la main, avec bien sûr « Morfondu » en point culminant. On ne va pas se mentir, BELENOS fera une des meilleures prestations du SAMAÏN.
« Par Belenos nous sommes les Gaulois / Par Belenos nous sommes des guerriers / Nous entretenons notre force /Par le sang et par les festins «
AMBIANCE & DÉCO :
Enfin, je tiens à le préciser parce qu’on sait le dire lorsqu’on est pas content mais on oublie de le dire lorsque tout est parfait. Donc je précise que l’équipe du SAMAÏN, de la sécurité au bar en passant par la décoration ( énorme ), a abattu un boulot de dingue, le tout dans la bonne humeur et avec une joie de vivre contagieuse, je tiens donc à les remercier et les encourage à continuer de partager, de promouvoir leur culture et la musique qui nous unis…
De même j’ajoute un petit point sur la décoration qui s’est avérée très jolie et très travaillée, avec des crânes, des bougies,des os, des pieux, des tombes, des corbeaux et des lambeaux de tissus pendus dans toute la salle, le thème est respecté au-delà de toutes nos espérances… Un travail colossal pour un petit festival qui, sans nul doute, à de plus en plus des allures de « grand ». On se dit à l’année prochaine ??
Atrocia a aussi envoyé du pâté! 😮