Chronique : THE BODY & FULL OF HELL – Ascending A Mountain Of Heavy Light ( Thrill Jockey ) note : Full Of Bodies

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La première collaboration des maîtres du sludge écrasant et expérimental THE BODY avec les grindeux grincheux nihilo-bruitistes de FULL OF HELL s’était concrétisée par l’excellent « One Day You Ache Like I Ache » paru l’année dernière. Le résultat en était une réelle mise en commun des efforts en vue de molester leur auditoire, ce qui plaçait ses deux entités à un niveau d’abjection sonique rarement égalée. Cette année nous avons droit à la continuité de cette collaboration avec « Ascending a Mountain of Heavy Light ».  Toutefois, la continuité de cette relation ne donne pas vraiment l’impression d’être dûe aux similitudes entre les deux groupes. Au contraire, elle chercherait plutôt à en souligner leurs différences. Et dans un sens, cela se retrouve à l’écoute. En effet, beaucoup plus abrupt que son prédecesseur, chaque piste d’ « Ascending a Mountain of Heavy Light » semble avoir été configurée pour maximiser son impact, les transitions étant quasi-inexistantes, le résultat n’en est que plus déroutant et froid.

 « Ascending a Mountain of Heavy Light » est une entente instinctive, une collaboration naturelle, non seulement parce que ce n’est pas la première fois que « le Corps » et « l’Enfer » travaillent ensemble, mais aussi grâce à la vision partagée de ces deux pionniers de la musique expérimentale extrême. Le but de ces deux entités étant l’expansion du chaos et de la musique extrême au-delà des limites socialement acceptables, comme un testament qui se ferait non seulement par ses sorties, mais aussi par leurs collaborations avec diverses autres entités musicales, de THOU à KRIEG en passant par MERZBOW.

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La base de ces enregistrements se trouve donc toujours dans cette irrémédiable affection pour « le bruit » et pour les voyages sonores dissonants aux confins l’audible et du spectre métallique élargi. « Light Penetrates » avec ses voix criantes et son saxophone grinçant en est le parfait exemple : tout est là, les instruments traditionnels mais aussi samples, synthétiseurs, boucles et programmes se retrouvent dans ce collage sonore infernal. Électro rageuse, solennelle et flippante sur « Didn’t the Night End ». Bouillasse grésillante et grouillante sur « Light Penetrates ». Battement cardiaque robotique et glacial faisant l’effet d’une presse hydraulique dans les tympans sur « Earth Is a Cage » et « The King Laid Bare ». Bogue informatique et chaos rythmique sur « Our Love Conducted With Shields Aloft », qui voit par ailleurs la participation de Brian Chippendale de LIGHTNING BOLT, cinglé parmi les cinglés. En raison des concerts joués avec LIGHTNING BOLT, dans lesquels la batterie est située devant des amplis excédant souvent les 3000 watts, le bougre souffre d’une sévère surdité partielle… Le point culminant de l’histoire ? Le titre « Master’s Story »Dylan Walker éructe et « toaste » sa haine sur une rythmique sludge-reggaeton !!

Après plusieurs écoutes, pas mal de questions se posent : Passe-t-on un bon moment ? Clairement, non ! Est-ce encore de la musique ? Pas sûr ! Est-ce génial ? Sûrement ! Est-ce qu’on adore ? Oui ! Au final, il n’y a pas grand chose à dire, ni à décortiquer ou à comprendre mais beaucoup à subir… En résumé et pour conclure : prenez une bonne dose de GHB ou de n’importe quel barbiturique avec des effets secondaires importants, trouvez un trou noir en plein effondrement gravitationnel, organisez-y une soirée afro-trap apocalyptique avec tous vos amis et tous vos ennemis, escaladez la montagne de lumière et là vous comprendrez.

 

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