Chronique : ELECTRIC WIZARD – Wizard Bloody Wizard ( Witchfinder Records / Spinefarm Records )

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Fondé il y a près de 25 ans et guidé par la vision singulière de son leader Jus Oborn, le combo de Dorset, ELECTRIC WIZARD trône aujourd’hui au firmament du mouvement doom-métal. Considéré comme le roi, l’empereur du riff heavy sauce 70’s, le groupe est toujours resté proche de son modèle original : BLACK SABBATH ( le nom du groupe est une combinaison des titres « The Wizard » et « Electric Funeral » ). Depuis, « Le Magicien Électrique » perpétue la tradition en proposant toujours plus ou moins la même mouture sonore : un saut dans le passé, un périple fantastique alimenté par la drogue à travers un désert de films d’horreur.

Après les très médiatisés « Witchcult Today » ( 2007 ) et « Black Masses » ( 2010 ), le groupe avait vu le retour de son batteur originel, Mark Greening, en 2014 et sortait le génialissime « Time To Die », leur meilleur album depuis le classique « Dopethrone » ( 2000 ). Mais l’entente ne dura pas et Greening repartit aussi sec laissant le « Magicien » nous concocter son neuvième album : « Wizard Bloody Wizard ».

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Vu par le groupe comme un ré-invention ou tout du moins comme un retour à des sonorités plus pures, plus essentielles, cet album sonne comme un désir de créer une musique qui remonterait au blues, au rock, au heavy dépouillé de LED ZEPPELIN et de BLUE CHEER. Consciemment ou pas, ELECTRIC WIZARD sort ici son album le plus mélodique, avec une production plus « claire » et un focus très important sur les harmonies vocales. Évidemment l’album reste grandement doom et utilise toujours les mêmes trucs et astuces que par le passé. Mais le chant, qui était auparavant très en arrière, se retrouve au premier plan, faisant de « Wizard Bloody Wizard », l’album le plus accrocheur mais aussi le plus compact et le plus digeste d’ELECTRIC WIZARD à ce jour. On sent que Oborn a travaillé ses vocaux, les rendant audibles afin qu’ils jouent un rôle central sur l’album, chose que le groupe n’avait jamais abordé. Il réussit parfaitement à reprendre l’émotion des pistes, à les transcender.  De même, si l’on compare avec le dernier album en date, « Time To Die » qui était très long et très lourd, « Wizard Bloody Wizard » diffère de par son aspect plus direct et plus concis ( 6 titres pour 42 minutes ).

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Dès la première seconde de « See You In Hell », on retrouve ce riffing « nasillard », sirupeux et familier, ainsi que l’atmosphère claustrophobique devenue la marque de fabrique d’ELECTRIC WIZARD. Et en même temps, on a ici un riffing profondément dépouillé de son épaisse viscosité, plus dynamique, allégé et audible. Dans la même veine, « Necromania » accélère un peu plus le rythme et nous plonge au plus profond du son psyché-horror-vintage de l’album. Plus tard, l’ambitieuse « Hear The Sirens Scream », beaucoup plus lourde et longue, voit Oborn se livrer à ses habituelles complaintes de sorcier lascif au dessus de riffs cycliques, superposés et lancinants ; « des sirènes qui hurlent ». Enfin, « Mourning Of The Magicians » se place comme le point culminant de ce long piétinement lysergique, aussi psychédélique que solennel et funèbre. Le titre se développe lentement jusqu’à atteindre son climax sur le prévisible mais excellent refrain « I See You In Hell » faisant ainsi écho au solo de guitare tiré tout droit d’un trip sous acide. La boucle est bouclée…

En conclusion, on peut dire que nos seigneurs « mégalithiques » du doom viennent encore de produire un disque des plus solides, rempli de riffs tournoyants et hypnotiques. Sans être un chef-d’œuvre, « Wizard Bloody Wizard » plaira sans nul doute aux fidèles du groupe et du genre. En tout cas, le groupe y a réussi le pari « d’évoluer dans le passé ». De par son chant et de par ses sonorités, il en devient beaucoup plus accessible mais n’en reste pas moins angoissant, étouffant et démoniaque. Il est par ailleurs une des meilleures alternatives à la musique pré-fabriquée et pré-mâchée que les ondes hertziennes déversent lamentablement à longueur d’années.

Jus Osborn : «  J’ai lu un magazine dans l’avion la dernière fois qui disait que COLDPLAY était le grand groupe de rock du monde. C’est ça que le rock’n’roll est devenu ?! Jesus Fucking Christ !! »

 

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