Chronique : MYRKUR – Mareridt ( Relapse Records ) note : 8/10

image article Chronique : MYRKUR - Mareridt ( Relapse Records ) note : 8/10

La jeune artiste danoise, MYRKUR a, dès ces premiers pas dans le monde de la musique amplifiée, été accusée d’opportunisme et d’incapacité à produire une musique ( le black metal ) dans laquelle tout le monde avait envie de l’enfermer. Sauf qu’à bien comprendre le fonctionnement d’Amalie Brunn, on a vite pu se rendre compte qu’elle ne rentrerait pas dans le rang et que surtout elle ne faisait et ferait jamais du black metal. En effet, cette frontwoman et compositrice accomplie souhaitait juste montrer au monde sa vision de la musique. Dans ce sens son premier album, « M », paru en 2015 offrait déjà bien plus de variations et de splendeurs qu’un album de DARKTHRONE

Car, et c’est ce qui fait débat ici, en ce qui concerne le genre Black Metal, MYRKUR en est plutôt un hybride, un mélange de voix ambiantes et d’instrumentations folkloriques, quelques éclaboussures gothiques de-ci de-là et des guitares saturées post-black. En somme, toute une série de virages intéressants, de mouvements sinueux, de méandres stylistiques à couper le souffle, beaux, sombres et profonds mais tellement éloigné du black dit « de base » lui amenant donc forcément une critique acerbe de la part des puristes. C’est avec tout cela en tête que nous nous sommes plongés dans « Mareridt » et que nous avons essayé de vous livrer nos impressions à chaud sur un des albums les plus attendus de cette rentrée.

image article Chronique : MYRKUR - Mareridt ( Relapse Records ) note : 8/10

L’avis de Sly :

« Mareridt » est empreint de la délicatesse d’une femme qui aime autant la violence du black metal que la beauté païenne de l’héritage folk de son pays. S’ensuit logiquement, la production d’une musique unique. Le premier morceau retentit et remplit de la grâce de la voix d’Amalie Bruun, il vous cueille en ouverture pour vous faire entrer dans son projet unique rempli d’une brutalité et d’un raffinement incroyable. Magique comme une nuit d’orage, la musique de MYRKUR tient du miracle à plus d’un titre. La danoise, multi-instrumentiste, est une chamane, sa musique incantatoire vous fera aimer le côté black metal si cela n’est pas encore le cas. C’est simple, si vous aimez les femmes de talent, comme Pj Harvey, ou Chelsea Wolfe, vous tenez ici votre nouvel amour. Et pour ceux qui connaissent déjà cette artiste, dites-vous qu’elle s’est aventurée avec confiance vers de nouvelles frontières, à l’image du titre « The Serpent » aux refrains pop assumés. Il y a aussi le morceau « Funeral » Chelsea Wolfe apparaît pour confirmer la mue entamée par Amalie Bruun. N’hésitant pas à aller de l’avant MYRKUR transcende son héritage black metal vers quelque chose qui reste épique et une véritable quête existentielle. Emprunts de rêves, de magie et de symbolisme, la profondeur des titres questionne sur l’être humain. MYRKUR vous emmène au fond d’une forêt intérieure sombre et nouvelle. A mille lieux des standards metal, cet Ovni musical est à découvrir d’urgence.

image article Chronique : MYRKUR - Mareridt ( Relapse Records ) note : 8/10

L’avis de Julius :

Selon moi, « Mareridt » est spécial. Amalie Brunn a réussi à y développer sa vision propre, hors des préjugés et des pré-requis stylistique, ce qui lui a permis d’obtenir une musique de transgression émotionnelle que seuls de rares albums ont le pouvoir d’atteindre. Certes, elle aurait pu s’incliner devant les élitistes de tout bord, mais elle a choisi de mettre l’accent sur son chant éthéré et ses sculptures sonores folkloriques. Une musique hiémale, glaciale mais pas glaçante, tantôt capricieuse, tantôt problématique et tempêtueuse, une pluie de grêle tungstique aussi courte qu’intense. Puis d’un souffle, l’aquilon écarte les nuages et chasse au loin la foudre et les orages, ramenant l’auditeur vers les longues promenades hivernales, vers le crissement de la neige sous les pas. Les instruments résonnent de ce folklore scandinave, le regard est embué par la brume qui s’élève des paysages oniriques, tout est là pour recouvrir organes et esprits de cette légère couche de givre qui gardera intactes et pures les émotions, entre mélancolie et contemplations…

Là où « Mareridt » et « De Tre Piker » apaisent, « The Serpent » y est une bête menaçante, lourde et étouffante alors que « The Crown » redevient savoureuse, pop et presque sucrée. « Funeral » inquiète et « Ulvinde » fait ressortir ce monstre mythique absolu fait de cris sanglants et de choeurs hypnotiques. Pour conclure, je dirais que « Mareridt » est donc un album qui demande de l’attention, il est comme un portail vers un monde déchiré par la lumière et l’obscurité entre Björk, Lana Del Rey, Chelsea Wolfe et du post-black.

Partager