SHIBALBA – Psychostasis – Death of Khat ( Agonia Records )

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SHIBALBA, à travers « Psychostasis – Death of Khat », vient proposer une musique saturée de mysticisme oriental. Richement détaillée, multidimensionnelle, tout en couche, avec des éléments aussi bien chantants qu’ambiants. Sa musique vient s’inscrire dans une culture de transe rituelle, celle que l’on retrouve le plus fréquemment dans la tradition chamanique. Outre les nappes synthétiques contemporaines et les parties de guitare dronesques, les trois prélats de SHIBALBA utilisent os et crânes comme instruments de percussion, mais aussi cornes et bols tibétains, canons vocaux, trompettes d’os, darbukas ainsi que cloches et autres gongs de cérémonie.

C’est donc bien loin de la sphère métallique terrestre que cette triade nous mène, une épopée solitaire dans neuf mondes méditatifs expérimentaux. Il s’est alors avéré particulièrement difficile de faire une critique musicale de cet album tant celui si se veut compliqué à aborder. SHIBALBA y conduit une transe et ainsi nous détache de « Khat », notre envellope corporelle, pour nous guider dans les différentes parties du subconscient et de l’inconscient au travers des différentes doctrines orientales, de l’Egypte au Tibet.

La trio composé d’ Acherontas V. Priest ( ACHERONTAS ), Karl NE/Nachzehrer ( NÅSTROND ) et Aldra Al-Melekh, à la manière des « Anciens », va donc utiliser cette transe pour faire communiquer les esprits humains et la/sa nature. À force d’écoute, de travail sur soi et grâce aux évocations soutenues par la musique du groupe, on finit par s’adapter au rituel et finalement on s’y intègre.  En général, la transe est utilisée dans le but de libérer les charges émotionnelles enfouies dans l’inconscient.  La libération de ces inhibitions permet de donner libre cours à ces fantasmes, ces désirs ou ces rêves.

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Ce voyage spirituel commence donc par la cosmique « Phychostasis-Death of Khat », entre percussions tribales et sons ambiants. Si vous arrivez à vous en imprégner, elle vous fera quitter ce monde et votre « khat », dans un véritable rituel d’introduction, ce titre pousse lentement à la méditation et prépare à la psychostasie, la « pesée de l’âme ».

L’étape suivante nommée « Ihag Mthong » se fait avec fracas, extrêmement bruyante voire dérangeante. Elle annonce la partie hypnotique et introspective, la deuxième étape vers une plongée plus profonde où règne les côtés les plus sombres du soi. La musique s’y adapte et la chute dans les tréfonds s’intensifie jusqu’à « Aether  Ananda Aiwss » où l’on retrouve la pureté, la quintessence. Ananda  dans la culture hindoue est le bonheur éternel, réalisé par la méditation. La guitare, si douce et pleine d’espoir, est vue à ce moment de l’album comme une offrande. Elle est comme une entité supérieure qui se manifesterait afin de faire remonter l’esprit à la surface.  Vient alors « The Reanimation of Akh ». Akh étant une force spirituelle de l’Egypte ancienne. Ce thème est certainement l’un des plus doux, délicat et salvateur de l’album avec des guitares acoustiques, un beau moment de légèreté.

Puis avec « Five Points Of Desire » commence les thèmes les plus mystérieuses et sombres de l’oeuvre. Aucun instrument ne se démarque réellement Au fil des minutes, les thèmes deviennent de plus en plus obscurs et de plus en plus ambiant, ils envahissent tout le cortex cérébral et découlent entier sur votre esprit. Le sommet en étant « The Opening Of The Shadow Box », une référence à Anubis, le dieu égyptien des morts. Effroyablement sinistre, avec des percussions funèbres, ce rite de passage mécanique retranscrit parfaitement l’atmosphère chargée et menaçante. Enfin, « Svarna Khecarī Mudra », le dernier voyage, un peu moins sinistre, avec ses guitares drone qui contribuent à la création d’un environnement sombre et sur-réaliste. Mais d’autre part, après tout ce que nous avons vécu jusqu’à présent, il se veut en quelque sorte un réveil progressif de la pensée.

Pour conclure, on peut dire que la société secrète SHIBALBA, si on en a la force et l’envie, offre un véritable dépouillement de l’enveloppe physique, le « Khat ». Un voyage de la lumière à la pénombre, vers le renouveau et l’éveil, voilà comment on pourrait résumer cette expérience, mystique.

 

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