Hangman’s Chair interview

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Interview de Hangman’s chair

Né en 2007 à Paris avec « (A lament for…) The Addicts », Hangman’s chair s’est fait un nom et une place au soleil en 10 ans d’efforts et quatre albums redéfinissant à chaque fois leur formule Doom Rock Stoner. Avec le dernier opus, ils ont su distiller une musique brute et belle où leur spleen parisien explose de mille éclats. Julien « Rour » Chanut guitare et Mehdi Birouk Thépegnier batterie nous parlent au Hellfest 2016 de leurs doutes et de leur passion pour leur musique fruit d’une vieille amitié.

 Le nouvel album « This is Not Supposed to be Positive » m’ait apparu supérieur au précédant « Hope//Dope//Rope »  – en étant beaucoup plus immédiat, et facile à saisir, qu’est-ce qui a changé la donne ?

 Julien Chanut (guitare) : Déjà il y a eu une grosse différence entre  « Hope//Dope//Rope » et ceux d’avant. Il y avait déjà eu un pas de franchi. Finalement ce nouvel album « This is Not… » a été super simple à composer Ce qui a changé ? Les influences peut-être sont mieux ressorties. Puis il y a eu quand même cette petite remise en question après  « Hope//Dope//Rope ».

Mehdi (batterie) : Après « Hope//Dope//Rope… » on a eu une petite période un peu noire où on ne se savait pas trop où aller, est-ce qu’on allait arrêter ou continuer. On se connaît depuis toujours, depuis qu’on est gamin, il y a donc ce côté humain qui gravite autour de notre musique. La musique était toujours là mais on se savait plus trop humainement où on en était.

Julien Chanut: Puis on s’est un peu dit qu’on allait refaire un album comme si c’était le dernier. On avait les morceaux de « This is Not… » prêts. On a décidé de les sortir malgré tout.

Mehdi : Je ne sais pas ce qui s’est passé à cette époque. On a composé et enregistré très vite « This is Not… ». Tout était déjà planifié. Du coup le fait d’avoir moins réfléchi, ça nous a ramené à quelque chose de plus claire, de plus sincère, et de simplicité. C’est peut-être cela qui ressort.

 

Il semble y avoir moins de sample sur « This is Not… ». Votre musique transpire déjà la mélancolie et le spleen, alors pourquoi user de cet artifice ?

Medhi : J’aime bien les samples, ça habille et ça nourrit la musique en lui donnant une couleur et du sel. Mais effectivement il n’y a pas peut-être pas besoin de sample.

Julien : Un album on a envie de le faire pour qu’il s’écoute du début jusqu’à la fin. Et c’est un peu pour faire des liants entre les chansons. On les place vraiment entre les titres, pas pendant. Pour que l’album soit un tout ; comme dans un film avec un début et une fin.

Medhi : Cette fois, on a peut-être en effet moins samplé et utilisé des instrumentales joués. Mais il y en aura toujours. On est toujours en quête de vieux documentaires, de vieux faits divers et de vieilles histoires. Quand quelque chose nous accroche, on le note et on le met de côté.

 

Du coup, vous vous constituez ainsi votre mythologie ‘Hangman’chair’ ?

Medhi : Oui, celle du vieux Paris, et tout ce qui est un peu terrifiant, un peu obscure, et date du début du siècle dernier. On essaye de rassembler tout ce qui fait penser à une ambiance de vieux cabaret,  par exemple.

Julien : Tout cela fait partie du concept présent dans les visuels et constitue notre identité mais si cela ne se ressent pas directement dans notre musique et nos paroles. On vient de Paris et si l’Histoire de Paris est enrichissant, on s’en sert.

Est-ce qu’on vous a déjà dit que vous étiez les nouveaux Alice in Chains ?

Julien : On nous a dit que cela pouvait sonner comme Alice in Chains.  Mais je pense qu’ils ne sont pas morts Alice in Chains, ils sont encore là, donc longue vie à eux !

 

Au jeu agaçant des comparaisons, on vous compare à quel groupe avec votre dernier album ?

Medhi : On nous a sorti plein de trucs avec ce dernier. Des trucs cool d’ailleurs ! Life of Agony, Type of Negative, toute la scène de Brooklyn 90’s dont on est fan.

Julien : Bien sûr, c’est ce que l’on écoutait quand on était gamin et qu’on écoute encore.

Medhi : On nous a sorti The Cure aussi ! il y a un semblant de Cure à ce qu’il paraît dans notre musique, et pourquoi pas ? C’est bien que chacun nous donne son retour. En fait on écoute plein de choses. On a grandi avec la scène punk-hardcore, un peu avec le grunge, et on a découvert un peu sur le tard la scène néo-folk.

Julien : Et ça reste toujours très typé année 90 parce que nous sommes nés en 1980. Dans les années 90, adolescent, c’est là que tu commences à écouter de la musique. Que ce soit de Acid Bath à Temple of The Dog, qui sont sortis début 90 ces groupes, sont ancrés en nous. Je ne rends même pas compte, mais c’est assez naturellement que je sors ces riffs issus de cette scène-là.

 

Vous rencontrez en ce moment un succès mérité qui aurait pu être plus rapide, pourquoi avez-vous tant tardé à exploser ?

Julien : Au-delà de la musique, déjà on s’est mieux entouré ce qui nous a permis une meilleure exposition.

Medhi : Il y a plusieurs paramètres. En ce moment, il semble que le sludge et peut-être même les groupes français en général soient pris un peu plus au sérieux en France et en Europe. Ça bouge et on est dans le paquet. Il est toujours très important de bien être entouré et nous on a toujours été D.I.Y, limite un peu j’en foutiste en laissant un peu la musique faire, en sortant juste un album et en se disant « qui vivra verra ». Cette fois, on s’est entouré de gens qui croient en nous.

Julien : C’est la différence avec un album comme « Hope//… » on l’a sorti sans promo et même si nous avions confiance dans la musique, on a été un peu dégouté. Alors qu’avec « This is Not Supposed to be Positive », tout le monde pourra y avoir accès et l’écouter. Maintenant on travaille différemment. Avant on oubliait parfois d’emmener le merchandising sur des concerts. C’est un travail d’être manager et de faire le merch’ et s’occuper de choses que les musiciens n’ont plus à faire.

 

Les influences doom/stoner n’étant plus apparente sur cet album, est-ce que vous revendiquez d’être un groupe de rock à part entière ?

Julien : C’est ce qu’on a revendiqué à chaque fois. Moi je dirais qu’on est toujours un groupe de hardcore comme on était quand on a commencé. Le hardcore ça correspond à beaucoup de style et c’est juste l’état d’esprit en fait qui compte.

 

Est-ce que votre public a évolué en parallèle de votre style ?

Julien : Quand tu joues à Paris, oui c’est toujours les mêmes têtes. En fait on a changé dès le premier album de chanteur, qui avait décidé de partir. Et tu as toujours des gens qui préfèrent le premier chanteur et qui le préfèreront toujours. On a quatre albums derrière nous et les nouveaux arrivants peuvent se dire qu’on a un background solide. Et tu as des gens qui nous découvrent avec ce dernier album, et nous notre chance c’est qu’on n’arrive pas de nulle part.

Discographie :

(A LAMENT FOR…] THE ADDICTS 2007

LEAVING PARIS 2010

HOPE//DOPE//ROPE 2012

This Is Not Supposed To Be Positive 2015

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