Alors qu’un doux soleil printanier inonde les terrasses de Pigalle, je déambule du côté du Divan du Monde afin d’aller étancher ma soif de SÓLSTAFIR, nos fiers « cowboys » atmospheric-post-metal-shoegaze ( Atchoum !) venus tout droit du pays des êtres invisibles, j’ai nommé l’Islande.
Sur le papier, le groupe est censé jouer son dernier album « Ótta » dans son intégralité suivi d’un florilège de ses meilleurs titres. Le tout sera accompagné spécialement d’un quatuor à cordes (avec des membres de THE OCEAN et d’HEXVESSEL) et d’un pianiste en la personne de Martin Curtis-Powell (ex-MY DYING BRIDE, ex-ANATHEMA, ex-CRADLE OF FILTH). Voilà pour le topo, le reste va plus ou moins se passer d’explication tant le groupe va prendre possession de la scène et de son public…
19h50, les lumières se tamisent et un écran géant diffuse un extrait de « When the Raven Flies », un obscur film islandais des années 80 (on est à la limite du nanar ) narrant l’épopée d’un jeune viking… Ambiance! Puis SÓLSTAFIR entrent en scène et se lancent dans « Ótta »…
L’album est interprété d’une main de maître par les 9 musiciens alors que dire de plus? Et bien rien, on fait comme tout le monde, on écoute quasi religieusement ce que le groupe nous donne, les titres en ressortent grandis: «Dagmál », « Ótta », « Lágnætti », « Nàttmàl », « Miðaftann » enfin bref tous ! Il n’y a pas de réel point faible. Hormis peut-être quelques couacs ou quelques petits réajustements à faire car les musiciens n’en sont qu’à leur seconde date et n’ont répété que deux fois tous ensemble avant cette tournée… Addi (chant/guitare) en vrai leader-rockeur assure le show comme à l’accoutumée et se joue même d’un public grâce à une attitude tantôt « mutine » tantôt « enjoleuse », se permettant même quelques « blagounettes » bien placées entre les titres afin de détendre un peu cette atmosphère parfois éthérée que le groupe impose.
En tout cas, les ajouts orchestraux ne font que renforcer les émotions déjà tant présentes dans la musique des islandais, ils intensifient les nuances et donnent encore un peu plus de couleurs à la palette émotionnelle de SÓLSTAFIR (J’en viens même à me demander comment ils ont pu faire sans ?). Le public, quant à lui, est comme « choqué » et reste pantois, résigné à s’abreuvoir jusqu’à la dernière goutte de cette fièvre cathartique qui émane de la scène. On reste silencieux, contaminés par le virus SÓLSTAFIR et conscients de faire partie de la poignée d’élus ayant la chance d’assister à cet événement « extra-ordinaire » .
21h sonne et vient la fin de la première partie du show. SÓLSTAFIR quittent la scène du Divan du Monde et l’écran se remet à diffuser un extrait de cet espèce de nanar islandais (j’avoue ne pas être vraiment rentrer dans ce délire et en voyant les gens rire et sourire autour de moi, je pense ne pas être le seul à avoir été interloqué par cet « entracte » ).
Bref, un quart d’heure plus tard, le groupe revient pour y interpréter ses titres phares et autres inédits qui vont finir de conquérir les quelques poches de résistance qui parsèment encore une assemblée presque « pétrifiée » par cette musique à la frontière de la mélancolie et de l’espérance. Et lorsqu’enfin les premières notes du tube « Fjara » résonnent, c’est la délivrance, tout n’est plus que frisson, une onde chaleureuse parcourt tout d’un coup le public. Nous, moi, eux, les musiciens, que ce soit les violonistes, les guitaristes, le batteur, tout le monde est en communion et s’abandonne l’un à l’autre, « l’un dans l’autre », une rencontre. Puis notre gourou du soir, Addi, lance tout ce qu’il lui reste d’énergie dans l’incontournable « Goddess of The Ages » et finit le concert dans le public.
22h15, fin du concert, le groupe est vidé après plus de deux heures de show mais promet de venir discuter et serrer les mains de ceux qui souhaitent rester traîner un peu au bar. J’en ressors moi-même « groggy » et heureux d’avoir pu assister à ça (merci Garmonbozia !). J’avais un peu peur au départ de voir qu’il n’y avait pas de première partie de prévue mais à bien y regarder, c’était mieux ainsi car voir SÓLSTAFIR de cette manière, c’est comme aller manger la meilleure choucroute du monde, pas besoin de hors-d’œuvre lorsqu’on a un chef d’œuvre et rassurez-vous, le concert de ce soir était encore meilleur que la meilleure choucroute du monde.
Set-list :
Dagmál
Ótta
Lágnætti
Rísmal
Miðdegi
Nón
Miðaftann
Náttmál et fin du premier set
Djákninn
She Destroys Again
Necrologue
Svartir Sandar
Fjara
Goddess of the Ages