VERDUN – The Eternal Drift’s Canticles (Lost Pilgrims Records/Throatruiner Records)

I01MAQ3265-TEMP [Converti]

« Chacun à son fusil ! L’ennemi nous attaque !
 Dès le soleil levant les lourds canons qu’il braque
, Par un matin d’hiver sur nous crachent la mort…
 »

Surgi en 2011 de la scène montpelliéraine, VERDUN a su se faire un nom dans le domaine de la musique lente et lourde laissant une forte impression à tous les témoins de leurs manifestations sonores. Quelques tournées européennes et des créneaux horaires d’ouverture pour des « pointures » tels qu’ELECTRIC WIZARD, EYEHATEGOD ou encore YOB lui ont permis d’affirmer son style. Aujourd’hui on a enfin le plaisir de pouvoir se prendre son premier album en plein dans les dents.

Dès les premières secondes, on est comme happé par la musique, tétanisé comme un soldat souffrant d’obusite. On est abasourdi par le tonnerre doom de la batterie, les pieds englués et le corps engourdi dans cette boue sludge, l’esprit mitraillé par les rafales hardcore de ce chant de bataille purement torturé. L’album est une procession de 55 minutes avec des compositions sombres et efficaces faites de riffs simplement pachydermiques mais très loin d’être simplistes.

Le son est aride, mystique et ténébreux. La lourdeur y est étouffante presque assourdissante. Les guitares, la batterie, la basse, tout est là pour vous écraser, vous réduire en miette. Mais sous ce déferlement de violence, on décèle un fond plus riche qui émane de ces compositions comme ces mélodies de guitares « sournoises » qui vous pénètre la caboche pour ne plus jamais vous quitter ( « Jupiter’s Coven », « Self Inflected Mutalitation » ). Un autre élément fort de VERDUN provient des voix charismatiques parfois très typée hardcore rappelant presque KICKBACK. Ces cris hallucinés couplés à des passages chantés/parlés où les voix claires lugubres s’envolent et résonnent dans l’espace vous glacent le sang… De la possession vocale pure et simple ! Et quand on sait que le chanteur a malheureusement quitté le groupe peu après l’enregistrement, on se demande si son remplaçant arrivera à transmettre autant d’émotions, en tout cas on l’espère.

VERDUN réussit à produire une musique qui révèle la part d’ombre sommeillant en chacun de nous, elle dévoile cette violence viscérale presque bestiale mais toujours garnie de (res)sentiments. On la vit comme un accouchement douloureux, une délivrance qui transcende.

Sur « The Eternal Drift’s Canticles », VERDUN n’y va en tout cas pas par quatre chemins mais simplicité et frontalité ne signifient pas baisse de qualité, bien au contraire ! Après trois années de travail assidu pour obtenir ce son, on peut assurément dire que la maîtrise est là et que le groupe nous délivre un « très joli » premier album. Même si évidemment tout n’est pas parfait, quelques petites choses de-ci de-là sont à revoir, notamment certains passages « à vide », ou encore la longueur de certaines introductions. Mais l’ambiance est là et c’est le plus important! Un album dont le groupe peut être fier, la bataille est donc gagnée mais la guerre continue…

« Du fracas des obus la forêt retentit
 et dans cette bourrasque la nature frémit. A l’assaut, braves gens ! Lame claire, on s’élance
 dans la noire fournaise, et malgré leur vaillance
 ils tombent, les gars, sous l’acier détonnant, le corps déchiqueté, les membres en bouillie…
 »

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